mercredi 28 septembre 2011

Abbas ne veut pas de négociations sans gel de la colonisation

26/09/2011
Fort d’un soutien populaire assez massif après sa demande historique d’adhésion d’un État de Palestine à l’ONU, le président palestinien Mahmoud Abbas a répété hier qu’il ne négocierait pas avec Israël sans un gel « complet » de la colonisation, devant une foule de partisans à Ramallah en Cisjordanie, venue l’acclamer à son retour de New York.
Mahmoud Abbas, 76 ans, a été reçu en « héros » hier à son arrivée. Dès son entrée dans la Mouqataa, le siège de la présidence de l’Autorité palestinienne, il s’est rendu sur un tapis rouge au tombeau de l’ancien chef historique du mouvement national palestinien, Yasser Arafat. « Nous sommes allés à l’ONU en portant vos espoirs, vos rêves, vos ambitions, vos souffrances, votre vision et votre désir pour un État palestinien indépendant », a-t-il souligné dans un discours bref, mais émouvant. « On dit qu’il y a un printemps arabe. Mais il y a aussi un printemps palestinien, ici même, un printemps du peuple et une résistance pacifique jusqu’à ce que notre but soit atteint », a promis M. Abbas.
« Le peuple veut un État palestinien », a répondu la foule. La plupart des Palestiniens veulent d’ailleurs croire à leur printemps, mais ils redoutent également un retour de flamme de la part d’Israël et des États-Unis. Selon un sondage, 78 % des Palestiniens s’attendent à des sanctions économiques et politiques israéliennes. 64 % sont persuadés que Washington fera de même. « Le retour du président Abbas dans sa patrie est le retour d’un héros, un retour qui pourrait remuer les eaux stagnantes du Proche-Orient », s’est enthousiasmé l’éditorialiste du quotidien palestinien el-Quds. Quant à l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riad Mansour, il a vu un « moment historique » dans le discours, qui n’était pas sans rappeler « le fusil et le rameau d’olivier » de Yasser Arafat devant l’Assemblée générale en 1974.
Mahmoud Abbas jouit d’un vif regain de popularité depuis qu’il a remis « la demande d’adhésion de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale » vendredi au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Les Palestiniens lui savent gré de leur avoir rendu leur fierté en tenant tête à l’administration Obama et à l’envoyé spécial du quartette Tony Blair, qui ont tenté jusqu’à la dernière minute de le dissuader de saisir le Conseil de sécurité.
Le quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, UE, ONU et Russie) a proposé vendredi aux Israéliens et aux Palestiniens de reprendre des pourparlers de paix avec l’objectif d’aboutir à un accord final fin 2012. Mais cette proposition – que doit « étudier » la direction palestinienne dans les prochains jours – ne mentionne pas explicitement de gel des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, exigé par les Palestiniens, ni ne fait clairement référence aux frontières de 1967. M. Abbas veut que toute reprise des négociations avec Israël soit basée sur les lignes du 4 juin 1967, c’est-à dire délimitant un futur État de Palestine comprenant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.

« Nous sommes dans la même ville, bon sang ! »
Côté israélien, en revanche, on se dit disposé à accepter le plan du quartette afin, comme l’a expliqué le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, de « remercier » les États-Unis pour leur soutien aux Nations unies contre la revendication palestinienne. Il a toutefois prédit hier de « graves répercussions » en cas de reconnaissance d’un État palestinien aux Nations unies. Il n’a pas précisé quelles seraient les mesures prises par Israël le cas échéant, mais il a suggéré par le passé une rupture des relations avec l’Autorité palestinienne en cas de création d’un État palestinien sans accord de paix avec Israël.
Plus tôt, son Premier ministre Benjamin Netanyahu s’était déclaré prêt sous condition à accepter le plan du quartette, soulignant que la position officielle d’Israël sur la proposition de calendrier de ce quartette sera connue dans les prochains jours. Les États-Unis ont prévenu qu’ils bloqueraient ce projet, mais Israël craint que les Palestiniens n’obtiennent un statut intermédiaire d’État non membre de l’ONU à l’Assemblée générale des Nations unies, où une simple majorité suffit. Interrogé hier aux États-Unis par la chaîne de télévision NBC, Benjamin Netanyahu a d’ailleurs de nouveau appelé les Palestiniens à reprendre les discussions « sans conditions préalables ». Il faut dire que les négociations sont au point mort depuis un an et, même si elles étaient relancées, elles auraient peu de chances d’aboutir tant les deux camps sont éloignés. M. Netanyahu a indiqué avoir abordé la question de la reprise de négociations sans conditions préalables avec le président Abbas en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. « J’ai dit à l’ONU, j’ai dit au président Abbas : “Regardez, nous sommes dans la même ville. Nous sommes dans le même bâtiment à l’ONU, bon sang ! Asseyons-nous et commençons à parler de paix.” »
Sur le plan diplomatique, le Premier ministre indien Manmohan Singh a confirmé samedi que son pays souhaitait voir un État de Palestine adhérer à l’ONU en tant que membre à part entière. Le roi Mohammad VI du Maroc a, pour sa part, félicité samedi le président palestinien Mahmoud Abbas pour son discours « historique » à l’ONU.
Enfin, sur le terrain, un colon israélien et son bébé de 18 mois ont été tués vendredi dans un accident de voiture provoqué par des pierres lancées par des Palestiniens, a annoncé hier la police israélienne. Ce jour-là, des pierres avaient été jetées contre des voitures de colons, en particulier dans cette région, alors que des heurts sporadiques opposaient des manifestants palestiniens à l’armée israélienne en plusieurs endroits de Cisjordanie avant la demande d’admission d’un État de Palestine à l’ONU. Un Palestinien avait été tué et trois autres ont été blessés au même moment près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie par des tirs de l’armée israélienne à la suite d’affrontements entre des villageois palestiniens et des colons israéliens.
(Source : agences)
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