[ 10/02/2011 - 03:04 ] |
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Palestine – CPI Après de longues années de relations bien fortes entre Hosni Moubarak et les Etats-Unis, ces derniers lui ont tourné le dos, dès que les masses ont envahi les rues du Caire. Le président égyptien s’attendait certainement à un soutien de leur part. Cependant, cet allié de longue date qui avait le droit à une aide militaire pendant des dizaines d’années a tout simplement été ignoré. Il n’est pas alors étrange qu’en "Israël" se trouvent des personnes qui pensent qu’un destin similaire attend les Israéliens. Le professeur Yossi Shain, président de la diplomatie de l’université de Tel-Aviv et professeur des relations internationales de l’université de Georgetown de Washington, dit : « Les Etats-Unis revoient leurs politiques étrangères de temps à autre ». Par exemple, ajoute-t-il, « après la guerre de six jours, la France nous a tourné le dos. Nous avons dû rapidement trouver une alternative aux armes françaises. Et cela pourrait se produire avec les Américains, dans certains domaines… Si "Israël" ne sert plus les intérêts américains, les Etats-Unis pourraient changer leur traitement et cela représente un danger ». « Il est vrai que nous ne tomberons pas tout de suite, mais notre situation sera très complexe. Et si les Etats-Unis ne nous envoyaient pas d’armes, nous aurions des difficultés à nous défendre. C’est l’arme américaine qui nous a sauvé durant la guerre de 73. Sans l’aide américaine, le chômage augmentera. Le prix du carburant aussi. La sécurité nationale et individuelle prendra un coup, car les pays arabes comprendront que nous n’aurons pas un dos solide, délaissés par les Etats-Unis. Et quand seront passées les décisions des Nations Unies, nous nous transformons en un pays isolé. Il est vrai que nous sommes bien loin de tout cela, mais nous devons mettre le doigt sur la plaie. » Il est à noter que les Etats-Unis offrent une aide annuelle de quelque 2,55 milliards de dollars, en majorité des aides militaires. De plus, ils couvrent "Israël" d’une somme de neuf milliards de dollars, lui permettant d’emprunter l’argent partout dans le monde. Et les Etats-Unis représentent un bon marché pour les produits israéliens. Ils achètent pour plus de onze milliards de dollars de produits israéliens. Et maintenant, les Etats-Unis laisse tomber leur ancien allié Moubarak. Iraient-ils jusqu’à tourner le dos à "Israël", malgré l’amitié de longue date ? L’ancien directeur du Mossad Shbetaï Chafit croit en un tel scénario. Pour lui, la direction du président Obama pousse déjà son pays vers l’isolement. L’ascension de la Chine ferait pareil. Tout cela ne présente pas de bon augure pour les relations avec "Israël". Pour sa part, le professeur Ibraham Ben Zvi, de l’université de Haïfa, qui vient de publier le livre De Truman à Obama : association et début du déclin des relations américano-israéliennes, croit en des scénarios pessimistes : « Il y a déjà des signes de décrépitude dans les rangs des Juifs des Etats-Unis. Et avec une administration froide et sans cœur, avec l’accumulation de l’indifférence, "Israël" pourrait être à découvert, toute seule. Nous n’en sommes pas encore là, mais tout peut arriver ». « Je ne crois pas que les Etats-Unis laisseront tomber "Israël". Ils entameront cependant l’application de la politique du diviser pour régner. Ils mobiliseront des forces critiquant l’Egypte et se libéreront de leur obligation politique. L’administration américaine actuelle a même commencé à ouvrir la boîte de pandore du dossier nucléaire, une affaire qui était prohibée jusqu’à maintenant. C’est une administration froide qui pourrait nous créer des problèmes. » « Il n’est pas logique, dit-il, que les aides disparaissent complètement, car le Congrès est toujours extrémiste dans son soutien à "Israël", et il n’aura pas de frappe mortelle. Néanmoins, reste la question de la légitimité. Il est vrai que nous n’envisageons pas de menaces financières et existentielles, mais un danger politique. Il se pourrait qu’ils nous imposent un accord de paix inacceptable pour "Israël", ce qui aggraverait l’isolement d’"Israël" dans le monde. Il se pourrait aussi qu’ils essayent de vider le Moyen-Orient de toute arme nucléaire. "Israël" serait mis dans un coin, sans marche de manœuvre, ce qui nous causerait un vrai problème. » Et pour Alain Benkas, ancien consul israélien à New York, la détérioration des relations entre les deux pays n’est pas d’actualité ; en revanche, il y a des signes de détérioration qui commencent à apparaître. Il remarque que l’actuelle administration américaine ne déclare pas de changement dans sa position envers "Israël", bien qu’elle puisse tourner le dos à tout moment à Benyamin Netanyahu, le premier ministre. Cette administration soutient à peine Netanyahu. Elle pourrait le pousser à partir, comme l’a auparavant fait le président Bush père avec Isaac Shamir. Et en 1999, ils ont traité ce même Netanyahu de façon à ce qu’il perde les élections au profit de Barak. Et ils ne répondraient plus à ses appels. Ils ne le rencontreraient pas à haut niveau, jusqu’à ce que le public israélien comprenne que leur premier ministre garde une relation problématique avec les Etats-Unis ; et il ne l’élirait pas. Malgré tout cela, Obama ne va pas donner un discours pour déclarer des changements essentiels de la politique de son administration envers "Israël", toujours selon Alain Benkas. Article écrit par Sara Leibovich, publié dans le journal hébreu Maariv, le 8 février 2011 Traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) |