Pierre Barbancey
L’adhésion d’Israël à l’OCDE ne peut que conforter son rôle de puissance occupante alors que des pourparlers ont repris avec les Palestiniens.
Les pourparlers indirects qui viennent de reprendre entre Israël et les Palestiniens ne pouvaient pas démarrer sous de plus mauvais auspices. Hier, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), dont le siège se trouve à Paris, a accepté l’adhésion d’Israël en son sein, alors même que les rapports économiques fournis par Tel-Aviv englobaient les activités commerciales des colonies. En clair, l’OCDE estime par cet acte que les colonies d’implantations juives en Cisjordanie font partie intégrante d’Israël malgré le droit international, malgré les multiples résolutions de l’ONU. Israël pouvait se féliciter de ce succès. Cette adhésion « constitue un succès historique vu qu’elle donne une légitimité à Israël comme pays (économiquement) avancé et éclairé », lâchait le ministre des Finances, Youval Steinitz.
Hier toujours, le ministre israélien chargé de l’Information, Youli Edelstein, a affirmé qu’Israël allait poursuivre dans les deux prochaines années la construction dans des quartiers de colonisation de Jérusalem-Est annexée. Il a confirmé que la construction de 1 600 nouveaux logements dans l’implantation de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est était toujours prévue. Si celle-ci ne commencerait pas avant deux ans, le ministre a tenu à souligner qu’il s’agissait d’un délai habituel pour la mise en œuvre d’un tel projet. Or, l’annonce en mars du feu vert à la construction à Ramat Shlomo en pleine visite du vice-président américain Joe Biden dans la région avait provoqué un tollé au sein de l’administration Obama, obligeant le gouvernement israélien à présenter ses excuses. Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts du Potomac. Pis, un porte-parole du premier ministre Benyamin Netanyahou a démenti – toujours ce lundi – qu’Israël se soit engagé à geler cet important projet immobilier comme l’avait annoncé le département d’État américain. Évoquant le projet de Ramat Shlomo, le porte-parole a promis qu’Israël s’efforcerait à l’avenir de ne pas embarrasser Washington par des annonces intempestives de plans de construction.
Une série de grandes provocations
L’organisation israélienne la Paix maintenant a publié, dimanche, un rapport dans lequel elle accuse les autorités de vouloir construire 14 logements dans le quartier arabe de Ras Al-Amud. Ce que dément le gouvernement Netanyahou. L’intégrité et la fiabilité des rapports de la Paix maintenant sont cependant telles que les proches de Mahmoud Abbas, qui sentent bien le revers que cela représente pour eux au lendemain de la reprise de pourparlers indirects, ont haussé le ton. « Nous avons officiellement protesté auprès de l’administration américaine. Nous lui avons dit que nous considérons cet acte comme une grande provocation », a expliqué le principal négociateur palestinien Saëb Erakat. Première d’une certainement longue série de « grandes provocations » en Cisjordanie alors que l’aviation israélienne menait, dans la nuit de dimanche à lundi, un raid sur la bande de Gaza.
publié par l’Humanité