Si les membres du Comité de suivi de l’initiative arabe de paix, avec ses 18 Etats, ont bien accueilli les propositions américaines de relance des négociations indirectes, la Syrie, elle, a osé le dire, « Non ».
Sa position a été bien claire dès le départ, puisque le ministre des Affaires étrangères, Walid Al-Moallem, n’a pas assisté à la réunion du comité qui décida de l’avenir de ces négociations indirectes. C’est ce qu’explique Youssef Ahmad, délégué permanent de la Syrie auprès de la Ligue arabe, qui lance : « Le comité de l’initiative arabe n’est pas habilité à assurer une couverture à la reprise des pourparlers avec Israël ». En effet, pour lui, la position syrienne en ce qui concerne le comité arabe de l’initiative de la paix, qui envisage d’assurer une couverture à la partie palestinienne pour s’engager à des pourparlers indirects avec le côté israélien, est stable, inchangée. Il a aussi indiqué à cet égard que le fait de donner cette couverture constitue « un manquement aux prérogatives et aux missions du comité et un abus de dépassement du rôle du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères ».
Effectivement, Youssef Ahmad a mis en garde contre l’octroi de cette couverture arabe aux pourparlers qui n’ont pas de « garanties solides, écrites, publiques et internationales ». Pour lui, miser sur l’engagement de l’actuelle administration américaine à une paix juste basée sur les résolutions onusiennes et les références connues, surtout le principe de la terre en échange de la paix, a prouvé son échec à ce jour. D’une autre part, il s’agit également d’« une violation de la décision émanant du récent sommet arabe de Libye ayant stipulé qu’il ne faut en aucun cas reprendre les pourparlers avant l’engagement d’Israël à complètement stopper la colonisation dans les territoires occupés, en l’occurrence Al-Qods ».
En effet, pour la Syrie, les raisons de refus sont bien définis. Le penseur palestinien Abdel-Qader Yassine explique que la Syrie a déclaré son rejet sur le plan du fond et de la forme. « Le refus de la Syrie est d’une part un refus de forme, puisqu’elle a précisé que le rôle du comité n’est pas de prendre des décisions pareilles. D’autre part, il s’agit d’un refus de fond, puisque mener ces négociations, qu’elles soient directes ou indirectes, ne mènera à rien et ne réalisera pas le moindre progrès à cette affaire ».
Yassine explique que la situation est totalement différente. « Lorsque la Syrie a accepté ce type de négociations, son intermédiaire était la Turquie qui est un pays qui penche plutôt du coté des Arabes que celui des Israéliens ». Et d’ajouter : « La situation ici est totalement à l’inverse. Ici notre intermédiaire ce sont les Etats-Unis, qui sont quasiment du côté des Israéliens ». Convaincant ? Les Etats-Unis ne sont-ils pas les principaux parrains du processus de paix ?Cela dit, les Syriens l’ont bien prévu, il ne faut pas espérer monts et merveilles de ces négociations indirectes. D’ailleurs, le chef de la diplomatie du Qatar, cheikh Hamad bin Jassem bin Jabr Al-Thani, qui préside lui-même le comité de suivi, avait indiqué que la durée du dialogue devrait être de deux mois. « Si les négociations avancent, nous les prolongerons ».
Que ce soit la Syrie ou le Qatar, ils sont peut-être pessimistes mais sans aucun doute ils sont plus réalistes que beaucoup d’autres.
Aliaa Al-Korachi
Chaïmaa Abdel-Hamid
Chaïmaa Abdel-Hamid