mercredi 12 mai 2010

Barak : L’État hébreu poursuivra sa politique « d’ambiguïté »

12/05/2010
Israël va poursuivre sa politique « d'ambiguïté » sur le nucléaire avec le soutien des États-Unis, a affirmé hier le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak. Selon des experts étrangers, Israël dispose de 100 à 300 ogives nucléaires. Mais l'État hébreu, qui n'est pas signataire du Traité de non-prolifération (TNP), n'a jamais confirmé ni démenti cette capacité, suivant la doctrine dite d'ambiguïté délibérée. « Cette politique est bonne, et il n'y a aucune raison de la changer. Sur ce sujet il y a une entente totale avec les États-Unis », a affirmé M. Barak à la radio militaire, en réponse à une question sur la politique « d'ambiguïté » menée par Israël sur le nucléaire. Cette politique constitue la position officielle israélienne depuis son adoption en 1965, date de l'inauguration de la centrale nucléaire de Dimona. Depuis plus de 40 ans, les différents gouvernements israéliens affirment ainsi que leur pays ne sera pas le « premier à introduire l'armement nucléaire au Moyen-Orient ».
En avril, le président américain Barack Obama a dit souhaiter qu'Israël rejoigne le TNP, tout en refusant de s'exprimer sur l'arsenal atomique que posséderait l'État hébreu.
Interrogé sur la possibilité que des inspecteurs de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) puissent obtenir l'autorisation de se rendre dans la centrale de Dimona, M. Barak a affirmé que « ce danger n'existe pas ». « Il n'y a pas de menace sur les arrangements traditionnels existant entre Israël et les États-Unis sur ce sujet », a-t-il dit. « J'ai rencontré il y a deux semaines le président Barack Obama et d'autres responsables américains. Tous m'ont dit que les efforts pour la dénucléarisation visaient l'Iran et la Corée du Nord », a-t-il ajouté.
L'État hébreu a conclu une « entente » en 1969 avec les États-Unis aux termes de laquelle les dirigeants israéliens s'abstiennent de toute déclaration publique sur le potentiel nucléaire de leur pays et ne procèdent à aucun test nucléaire. En échange, Washington s'est engagé à s'abstenir d'exercer des pressions sur ce dossier. Par précaution, tout le programme est en outre couvert par la censure militaire, que les médias israéliens contournent se retranchant derrière l'avis des « experts étrangers ». Aucun dirigeant israélien n'a osé jusqu'à présent briser le tabou en reconnaissant l'existence d'un arsenal nucléaire. Ces dernières années toutefois, les allusions concernant ce dossier se sont faites de plus en plus transparentes, notamment de la part de Shimon Peres, l'actuel président considéré comme le « père » du programme nucléaire israélien lancé en très étroite coopération avec la France à la fin des années 1950.