mercredi 12 mai 2010

Des pourparlers pour ne rien dire

publié le mardi 11 mai 2010
Gilles Paris

 
Personne n’attend rien des“discussions de proximité” entre les autorités israéliennes et les Palestiniens sous l’égide des Etats-Unis, à juste titre si on se fie au premier incident.
Les points de consensus sont assez rares dans l’affaire israélo-palestinienne pour être sous, ou surlignés. Il en va ainsi avec l’annonce de l’ouverture de “discussions de proximité” entre les autorités israéliennes et les Palestiniens sous l’égide des Etats-Unis, dimanche 9 mai. Personne, en effet, n’en attend rien, à juste titre si on se fie au premier incident.
Dimanche matin, en préambule du conseil des ministres, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou se félicite de cette relance , précisant qu’elle s’est faite sans préconditions :
(I would like to say two things. One, these talks are developing and are taking place without preconditions, as we requested and as we insisted upon during the past year. The second thing is that the proximity talks must quickly lead to direct talks. Peace cannot be made from a distance or by remote control, especially given that we and the Palestinians are neighbors. Over time, it is inconceivable that we will make decisions and agreements on critical issues such as security and our national interests, and theirs as well, without sitting together in the same room. Therefore, as soon as possible, the proximity talks will need to lead to direct talks in which we will continue the effort to reach the peace and security that will enable us to live alongside the Palestinians for generations.”)
Malheureusement pour M. Nétanyahou, le département d’Etat américain présente une toute autre version des choses, rappelant deux conditions prises par les protagonistes : l’engagement du président de l’Autorité palestinienne à lutter contre toute forme de provocation contre Israël et les déclarations de M. Nétanyahou en faveur d’un gel de la construction pour deux ans à Ramat Shlomo, le quartier de colonisation de Jérusalem qui avait précipité une crise entre les Etats-Unis et Israël lors de la visite du vice-président Joe Biden, en mars.
(”Both parties are taking some steps to help create an atmosphere that is conducive to successful talks, including President Abbas’ statement that he will work against incitement of any sort and Prime Minister Netanyahu’s statement that there will be no construction at the Ramat Shlomo project for two years. They are both trying to move forward in difficult circumstances and we commend them for that. We have received commitments from both sides, and we have made assurances to both sides, that are enabling us to move forward. The full scope of these discussions will remain private. As both parties know, if either takes significant actions during the proximity talks that we judge would seriously undermine trust, we will respond to hold them accountable and ensure that negotiations continue.”)
Quelques instants plus tard, comme dans un vaudeville, les Palestiniens crient à la faute israélienne.
Les uns et les autres attendent en fait que l’acte de décès des discussions de proximité soit assez rapidement dressé. Ce qui mettrait un terme à la séquence ouverte avec la nomination de George Mitchell au poste d’envoyé spécial des Etats-Unis dès l’intronisation de Barack Obama au poste de président, entraînant côté américain un changement de stratégie…et sans doute d’équipe.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"
intro : CL, Afps