mardi 16 novembre 2010

Ils ont fait tomber le rameau d’olivier

Il y a six ans, disparaissait Yasser Arafat, leader de la révolution palestinienne, honni par Israël. Mais depuis sa mort, aucun progrès n’a été réalisé dans le processus de paix.
« Un jour, ils regretteront Arafat », disait le premier ministre palestinien Ahmad Qoreï, peu avant la mort d’Abou-Ammar. Isolé dans sa Mouqataa, à Ramallah, pendant plus de deux ans, le président palestinien s’apprêtait à rendre le dernier souffle dans un hôpital militaire à Paris. Cela fait aujourd’hui six ans et les Israéliens « se bercent d’illusions s’ils croient que leurs visées se réaliseront dans l’après-Arafat », avait encore déclaré Qoreï.
Le constat de Qoreï s’avère vrai. Un constat qui prouve, malheureusement, que c’est uniquement sous Arafat que d’énormes avancées ont pu être réalisées dans le processus de paix, et depuis la disparition de cet homme « lutteur infatigable » en faveur d’un parcours politique, rien n’a été réalisé. Le conflit demeure inchangeable. L’occupation et la colonisation israéliennes des territoires palestiniens sont toujours là. Les Israéliens, soutenus à l’époque par un W. Bush hostile aux Palestiniens et à leur raïs, décident de mettre le leader palestinien sur le banc de touche, parce que simplement ils ne voient pas en lui « un partenaire » à la paix.
« J’espère qu’ils m’entendront, ceux qui croient en la paix, s’ils existent », dit le successeur d’Abou-Ammar, cherchant par ses mots un « partenaire » à la paix dans l’autre camp. Mahmoud Abbass, fatigué par l’intransigeance israélienne, ne trouve plus d’alternative que de se placer résolument dans les pas de son prédécesseur et lance un appel aux Israéliens, les exhortant à ne pas gaspiller les occasions de paix. « Je me tourne maintenant vers les Israéliens », a-t-il dit.
« Faire la paix est plus important que les colonies », lance le leader palestinien, devant plusieurs milliers de partisans, lors d’un rassemblement en Cisjordanie, marquant le sixième anniversaire de la mort d’Arafat.
Il reprend à son compte un programme façonné il y a une vingtaine d’années, réaffirmant son engagement à parvenir à un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem comme capitale, à faire respecter le droit au retour des réfugiés et à libérer tous les prisonniers palestiniens incarcérés en Israël. « La ville arabe de Jérusalem fait partie intégrante des territoires occupés en 1967 », dit-il encore, ne cachant plus les coups d’épées qu’il reçoit depuis le décès de l’homme qui a incarné toute la Palestine.
Les négociations israélo-palestiniennes ont été relancées en septembre sous l’égide de Washington, pour achopper un mois plus tard quand Israël a repris la construction de nouvelles colonies pour des juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Désespoir ou frustration, Abou-Mazen rappelle au président américain Barack Obama son engagement en faveur d’un « Etat de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël ».
« Nous considérons cette déclaration comme un engagement du président Obama, pas comme un slogan, et nous espérons que l’année prochaine, il ne nous dira pas : excusez-nous, nous ne pouvons pas », martèle-t-il, en menaçant de recourir à l’Onu et son Conseil de sécurité. Cela rappelle une scène de 1974, Arafat prend la parole devant l’Assemblée générale de l’Onu. Un discours historique : « Je viens à vous avec un rameau d’olivier dans la main gauche et une mitraillette dans la droite. Ne faites pas tomber le rameau d’olivier ».
Une position d’hier et d’aujourd’hui qui en dit long sur une volonté, jamais satisfaite, de parvenir à une paix avec Israël. Le processus de paix paraît déjà au bord de l’effondrement, après le refus d’Israël de prolonger un gel de la colonisation en Cisjordanie occupée. « Il ne faut pas se bercer d’illusions sur le fait que la paix et la sécurité viendront facilement », faisant penser au « dicton » de Qoreï sur l’après-Arafat.
Et pour revivre le « durant-Arafat », le gouvernement palestinien a approuvé un budget d’un million et demi de dollars, pour la construction d’un musée à la mémoire du dirigeant historique de la Palestine.
Samar Al-Gamal