mardi 16 novembre 2010

Gel de la colonisation : Israël étudie une proposition US

15/11/2010
De retour des États-Unis, Benjamin Netanyahu a présenté, hier, à son gouvernement une proposition américaine, pas encore finalisée, mais consistant en un nouveau gel de la colonisation en Cisjordanie contre une alliance sécuritaire renforcée.
Le gouvernement israélien examinait hier un nouveau gel de la colonisation en Cisjordanie, proposé par Washington en échange d'une alliance sécuritaire renforcée. Tout juste rentré d'une visite aux États-Unis, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté au Conseil des ministres l'initiative américaine pour relancer les pourparlers de paix. « Cette proposition n'est pas encore finale. Elle est en train d'être formulée par notre équipe (de négociateurs) et celle des Américains », a indiqué M. Netanyahu au début de la réunion. « Quand ces propositions seront complétées, je les présenterai à l'instance gouvernementale appropriée, c'est-à-dire le cabinet de sécurité », qui compte les 15 ministres les plus importants, a-t-il précisé. « De toute façon, j'insisterai pour que toute proposition réponde aux besoins sécuritaires de l'État d'Israël », a souligné le Premier ministre. Selon une source autorisée israélienne, les Américains ont demandé à Israël un nouveau gel limité de la colonisation de 90 jours en Cisjordanie - mais pas à Jérusalem-Est annexée - en échange d'une généreuse enveloppe de mesures de soutien politique et militaire. Selon la source israélienne, les États-Unis ont promis à Israël qu'à l'issue de ce nouveau gel, ils ne réclameraient pas de moratoire supplémentaire. Jusqu'à présent, M. Netanyahu avait refusé toute prorogation du gel de la colonisation, ce qui a conduit au blocage des négociations avec les Palestiniens, relancées le 2 septembre sous l'égide des États-Unis. Afin d'obtenir d'Israël un nouveau moratoire, les États-Unis se seraient engagés à imposer leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à toute résolution anti-israélienne. Washington s'opposerait aussi à toute tentative visant à empêcher Israël d'exercer son droit à l'autodéfense. Toujours de source israélienne autorisée, l'administration Obama demanderait le feu vert du Congrès pour la livraison à Israël de 20 avions de combat F-35 d'une valeur de trois milliards de dollars. Enfin, les États-Unis concluraient un accord de sécurité global d'une durée de dix ans avec Israël, parallèlement à la conclusion d'un accord de paix avec les Palestiniens, en vue de répondre à ses « besoins de sécurité ».
Ce plan devrait être approuvé à une étroite majorité par le cabinet de sécurité lorsqu'il sera bouclé, a-t-on précisé de source politique. Le vote devrait intervenir dans la semaine à venir.
Selon les commentateurs israéliens, le parti Likoud (droite) de M. Netanyahu, principal pilier de la coalition gouvernementale, ne devrait pas s'opposer à la proposition américaine. Mais plusieurs puissants alliés de M. Netanyahu, dont le chef de la diplomatie, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, et le ministre de l'Intérieur, Elie Yishaï, chef du parti religieux Shass, sont publiquement hostiles à un autre gel de la colonisation. Le conseil représentatif des 300 000 colons de Cisjordanie a estimé que « la demande de renouveler le gel est un piège dans lequel Israël ne doit pas tomber ». Le gel envisagé concernerait tous les chantiers à venir ainsi que ceux qui ont débuté le 26 septembre, à l'expiration du précédent moratoire de 10 mois.
Hier, l'ONG israélienne La Paix maintenant a fait état d'une vive accélération de la colonisation juive, rattrapant en six semaines le retard accumulé pendant les dix mois de gel limité.
Toutefois, pour reprendre les discussions avec Israël, les Palestiniens exigent un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie mais aussi à Jérusalem-Est, où ils veulent établir la capitale de leur futur État. Le nouveau gel doit être « global » et comprendre Jérusalem-Est, a encore affirmé hier à l'AFP le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina.