Jeff Gates
Personne n’aime être pris pour un imbécile. Pourtant, c’est ainsi qu’Israël traite tous ceux qui se lient d’amitié avec lui.
Les Américains pourraient maintenant apercevoir la lumière au bout du long tunnel noir - encore faut-il qu’ils regardent.
Nous sommes entrés dans ce tunnel en 1948, quand une enclave de fanatiques religieux a persuadé le Président Harry Truman de les présenter comme un « Etat » méritant reconnaissance, aide et protection.
Nous avons été prévenus de ne pas le faire.
Ces extrémistes venaient juste d’infliger aux Palestiniens un nettoyage ethnique qui rivalisait dans sa sauvagerie avec les violences fascistes des groupes ethniques durant la Deuxième Guerre mondiale. En décembre 1948, Albert Einstein et 27 autres juifs inquiets nous ont exhortés à « ne pas soutenir cette nouvelle manifestation du fascisme. »
Nous n’avons pas su tenir compte de cette mise en garde et cela nous a entraînés dans le bourbier dans lequel nous sommes aujourd’hui.
Einstein et ses collègues avaient prévu que l’objectif serait un « Etat dominateur » pour ce « parti terroriste » qui a porté Israël au-dessus de tout, à l’exception de quelques années sur les 62 depuis la décision fatidique de Truman.
L’actuelle coalition du parti Likoud se range parmi les pires dans la constance de la duplicité et de la manipulation flagrante à l’égard de son fidèle allié, le peuple américain. Par ce lien infrangible avec cette enclave de violences, les USA passent pour des coupables par association et deviennent une cible pour toutes ses victimes.
Dès le début, le mensonge fut le fondement sur lequel se construisit cette malheureuse alliance. Pour trahir, on doit être entre amis. Pour escroquer, on doit d’abord avoir créé une relation de confiance. C’est en cela que réside la base de la « relation spéciale » à travers laquelle Tel-Aviv a suivi, malgré nous, son agenda expansionniste.
Tromper ainsi sans vergogne requiert une capacité pour ce que les spécialistes de la sécurité nationale connaissent sous le nom de théorie des jeux. En 2005, le mathématicien israélien, et spécialiste de la théorie des jeux, Robert J. Aumann, a reçu le Prix Nobel d’Economie. Cofondateur du Centre pour la rationalité à l’université hébraïque, ce résident de Jérusalem a reconnu franchement, « l’ensemble de l’école de la pensée que nous avons développée ici en Israël » a fait « d’Israël l’autorité dirigeante dans ce domaine ». Il a raison.
Les stratèges israéliens déploient des modèles mathématiques pour anticiper les réactions aux provocations et aux crises organisées et orchestrées par eux. Par l’application des algorithmes de la théorie des jeux, ces réactions (et les réactions aux réactions) et les comportements deviennent prévisibles - dans une fourchette acceptable de probabilité.
Alors que l’avenir n’est jamais certain, les effets d’une provocation bien préparée deviennent « probabilistes ». Cette combinaison duplicité/expertise de la théorie des jeux fait d’Israël un partenaire dangereux et purement et simplement un imposteur, quand il est présenté comme un partenaire crédible pour la paix au Moyen-Orient.
Pour les planificateurs de guerres de la théorie des jeux, la paix n’est pas l’essentiel. Pour l’agent provocateur qui poursuit un programme voilé, l’objectif c’est la réaction attendue. Aumann exerce son métier non pas au Centre pour la moralité, la justice ou l’équité, mais au Centre pour la rationalité. La paix serait un obstacle à l’extension pour le Grand Israël, un résultat irrationnel à éviter, à tout prix.
Faire la guerre en passant par la duplicité
Du point de vue de la théorie des jeux, les violences sur les Palestiniens n’ont que peu à voir avec les Palestiniens. Du point de vue israélien, les mauvais traitements infligés relèvent tous du choix pour la meilleure façon de provoquer chez eux des réactions pouvant être anticipées - dans une plage acceptable de probabilité. Pour ceux qui se considèrent comme des Elus et au-dessus des lois, infliger de tels sévices est un droit qui leur est donné par Dieu. Se comporter autrement serait irrationnel.
Les provocations bien planifiées furent longtemps la compétence de base de Tel-Aviv. Pour un agent provocateur qualifié, une réaction attendue peut devenir une arme puissante dans son arsenal du provocateur. En réaction à des assassinats en masse sur le sol américain, même un théoricien des jeux moyennement compétent pouvait prévoir que les USA enverraient leurs militaires pour se venger de l’agression.
Avec une intelligence affectée, mais « arrêtée » autour d’un objectif programmé, un algorithme de la théorie des jeux pouvait prévoir que notre armée allait être expédiée pour envahir l’Iraq, pays qui n’avait joué aucun rôle dans l’agression. C’est en cela que réside la trahison par la théorie des jeux, une trahison ancrée au plus profond de cette relation fourbe.
Heureusement, notre appareil de sécurité nationale a compris aujourd’hui le « comment » de cette trahison non transparente. Qu’il y ait une source commune à cette trahison provoque une préoccupation endémique dans la haute hiérarchie militaire. Israël et proisraéliens ont bien été confirmés comme étant ceux qui avaient arrêté les renseignements qui nous ont lancés dans la guerre sur des prétextes fallacieux.
Ceux qui « savent », maintenant, se rendent compte que la reconnaissance par Truman de cette enclave entrait dans une supercherie qui allait s’étaler sur plusieurs décennies, et toujours en cours actuellement quand Israël cherche à nous persuader d’aller en Iran et même au Pakistan.
Personne n’aime être pris pour un imbécile. Pourtant, c’est ainsi qu’Israël traite tous ceux qui se lient d’amitié avec lui. Cela n’inclut pas seulement les autres nations mais aussi ceux de communautés plus larges qui font confiance et sont abusés pour avoir cru qu’ils partageaient une identité d’intérêts avec cette « dernière manifestation du fascisme ».
Les services de renseignements sont vite parvenus à déceler la façon de penser commune à ceux qui profitent de la bonne volonté et de la confiance des autres. Leur méfiance à l’égard des USA, désormais, se morphe en sympathie et en pitié.
Une sympathie mal placée
Ces experts en marketing de feuilletons Evil Doers (Les Malfaiteurs) sont les agents provocateurs, la source même du terrorisme dont ils prétendent devoir se protéger. Ceux qui ont besoin de protection aujourd’hui sont ceux qui continuent de croire - en dépit des faits - qu’on doive garantir à cet « Etat » le même statut qu’aux autres nations.
La lumière s’infiltre désormais dans les fissures géopolitiques où ces supercheries ont longtemps opéré dans l’ombre. La cohérence du comportement israélien au cours de ces six décennies a écarté tout respect du droit mais elle impose un choix : celui d’admettre la supercherie et de retirer à Israël son statut d’Etat-nation légitime.
Peu avant d’accorder sa reconnaissance, Harry Truman avait été assuré par le dirigeant sioniste Chaim Weizmann qu’Israël deviendrait une démocratie, et non pas ce qu’il craignait : un Etat théocratique et raciste. Nous savons maintenant que même la fondation d’Israël a constitué une supercherie pour duper les dirigeants de l’Amérique.
Israël a eu toutes les occasions de conduire ses affaires conformément au droit international et aux normes de la décence humaine, mais cette enclave extrémiste a choisi une autre voie. En tant que parrain et cible de ces extrémistes religieux, les USA ont une obligation particulière, celle de prendre l’initiative d’abroger cette reconnaissance et de verrouiller l’arsenal nucléaire, actuellement sous aucun contrôle, d’Israël.
Tarder davantage ne ferait qu’augmenter la probabilité d’une nouvelle opération d’un agent provocateur à l’échelle du 11 Septembre - sans doute ciblant une piste toujours probante pointant les « islamo-fascistes ». Avec plus de 80% du Congrès US qui tiennent à un « lien infrangible » avec Israël, les Américains sont placés devant un avenir risqué, et nous avons besoin de l’aide des autres nations pour faire pression sur nos dirigeants afin qu’ils agissent rapidement.
Nous avons été mis en garde il y a six décennies. Aujourd’hui, il est temps d’en tenir compte
* Jeff Gates est un écrivain largement apprécié, avocat, banquier d’affaires, éducateur et consultant auprès du gouvernement, d’entreprises et de syndicats dans le monde. Il est conseiller à la Commission des Finances du Sénat des Etats-Unis.
Son dernier livre : Guilt by Association - How Deception and Self-Deceit Took Amarica to War (2008).
Du même auteur :
25 avril 2010 - Criminal State - traduction : JPP