Stuart Littlewood
          Le dernier acte de piraterie d’Israël en haute mer - la saisie  d’un bateau d’aide à destination de Gaza et le kidnapping de son  équipage - met en évidence la complicité du gouvernement britannique,  qui toujours mène un combat d’arrière-garde pour le compte d’Israël,  écrit Stuart Littlewood.         
          
A gauche sur la photo : Blair, criminel de  guerre et escroc notoire, au centre le boucher Ehud Barak, ministre  israélien de la défense, et enfin Miliband, propagandiste sioniste zélé  [on notera que tous les trois sont membres de la prétendue  "Internationale socialiste"]
Le mardi 30 Juin [2009], la marine israélienne, dans un  acte flagrant de piraterie en haute mer, a agressé le navire Spirit of Humanity et enlevé six ressortissants  britanniques qui avaient pris part à un voyage d’assistance. Le petit  navire désarmé amenait une cargaison de médicaments, de jouets pour les  enfants et de matériaux de reconstruction, le tout destiné à la  population sinistrée de Gaza.
L’offensive israélienne meurtrière de 22 jours en  décembre 2008 et janvier 2009 a laissé plus de 50 000 habitations, 800  propriétés industrielles, 200 écoles, 39 mosquées et deux églises  endommagées ou détruites. Le Comité International de la Croix-Rouge  affirme que les 1,5 million de Palestiniens qui vivent à Gaza sont  « pris au piège du désespoir », incapables de reconstruire leur vie  parce qu’Israël, après avoir détruit avec jubilation la société civile  et les infrastructures, bloque tout effort pour acheminer les matériaux  nécessaires à la reconstruction.
Ceux qui étaient à bord du Spirit of  Humanity agissaient en conformité avec les engagements des bailleurs  de fonds de fournir 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction et  la réhabilitation de Gaza, et avec la demande à Israël par le président  américain Obama  de laisser passer ces fournitures.
Le navire humanitaire a appareillé à Larnaca, à Chypre,  avec un équipage de 21 militants des droits de l’homme, des travailleurs  humanitaires et des journalistes, venus de 11 pays différents, avec  parmi eux le prix Nobel Mairead Maguire et l’ancienne membre du Congrès  américain, Cynthia McKinney.
Dans les premières heures du mardi qui a suivi le  départ, des navires de guerre israéliens ont encerclé le bateau et  menacé d’ouvrir le feu si l’équipage ne rebroussait pas chemin. Quand  ils ont refusé de se laisser intimider, les Israéliens ont brouillé  leurs instruments de bord et leur récepteur GPS, le radar et les  systèmes de navigation, mettant ainsi en danger la vie de l’équipage.
Le navire avait été vérifié et avait obtenu  l’habilitation des autorités portuaires de Chypre avant son départ, et  il ne représentait aucune menace.
Richard Falk, rapporteur spécial sur les droits de  l’homme pour l’Organisation des Nations Unies, a déclaré que la saisie  du Spirit of Humanity était illégale et que le  blocus permanent de Gaza était un crime contre l’humanité. Oui, oui,  M. Falk. Mais la question est toujours la même : que fait votre  organisation paralytique et sans utilité à ce sujet ? Ou se tordre les  mains est-il tout ce qu’elle sait faire ?
Beaucoup de personnes ici, dont moi-même, ont  immédiatement écrit à David Miliband, le secrétaire britannique aux  affaires étrangères, au sujet de l’agression.
Deux jours plus tard, j’ai appelé le bureau de la  Palestine au Foreign Office à Londres. La personne a qui j’ai parlé  semblait mal à l’aise en ressortant toujours le même vieux charabia sur  « nous travaillons dur pour résoudre le problème » et « nous faisons  tout notre possible ». Il déclara que les six britanniques étaient  détenus en Israël, et que personne ne savait où exactement l’incident a  eu lieu. Toutefois, le navire était équipé d’un traceur GPS, de sorte  que le système devrait avoir une idée précise de leur position  lorsqu’ils ont été attaqués.
Le vrai problème, comme je l’ai suggéré, c’est qu’Israël  ose kidnapper des Britanniques en haute mer et n’en craint pas les  conséquences - sans doute confiants qu’il n’y en aura aucune. Je me suis  rappelé qu’Israël avait lancé des avertissements (ce qu’avait fait  aussi le Foreign Office) de ne pas voyager dans cette zone. Quelle  zone ? Il ne faut donc plus voyager dans les eaux internationales ?
Le porte-parole m’a assuré que des progrès avaient été  réalisés. Il y avait « une initiative » pour l’envoi des fournitures  humanitaires dans la bande de Gaza ; mais j’ai fait remarquer qu’l n’y  avait aucune preuve qu’Israël se soit conformé au droit international et  aux conventions de Genève. Il a aussi affirmé qu’il y avait « des  initiatives » sur l’arrêt de colonies de peuplement dans les territoires  occupés, même si j’ai fait remarquer que les Israéliens venait juste  d’approuver encore plus de constructions illégales.
Je lui ai également rappelé le pilonnage du bateau The Dignity lors d’une mission similaire, par une  vedette israélienne le 30 Décembre,  à 53 miles de la côte, et comment  les gens ici étaient encore fous de rage que rien n’ait été fait à ce  sujet. Le navire, avec 16 personnes à bord, avait été gravement  endommagé et s’était traîné jusqu’à un port libanais où il s’est mis en  sécurité. Pour autant que je sache, il n’y a jamais eu d’offre  d’indemnisation ni aucune demande de Londres. Comme d’habitude,  quelqu’un d’autre a dû payer la note des destructions effrénées  d’Israël.
Le Dignity avait une cargaison de  3,5 tonnes de fournitures médicales, l’essentiel étant fourni par le  gouvernement de Chypre, avec un capitaine britannique et un second grec.  Il transportait 14 passagers,  dont l’un était Cynthia McKinney. Il y  avait aussi deux chirurgiens et un médecin palestinien. Un de mes amis  était parmi eux et m’a envoyé ce récit de l’attaque à donner froid dans  le dos ...
« A 4 heures 55 heures le 30 Décembre, des projecteurs  sont apparus à l’arrière du bateau. Il y avait deux navires de guerre  israéliens. Ils sont arrivés à toute vitesse, et sont restés à côté de  nous. Ces bateaux peuvent faire plus de 45 noeuds, transporter dix  tonnes de carburant et des systèmes d’armements sophistiqués dont des  missiles Hellfire [missiles téléguidés de fabrication américaine]. Des  balles traçantes ont été tirées vers le ciel, formant des ellipses, puis  des fusées éclairantes. A 5 heures 30 environ, une canonnière orientait  son projecteur sur le côté gauche du Dignity.  Soudain il y eut un fracas terrible à l’avant, puis un autre presque  simultanément, et encore un autre sur le côté gauche ... Il y a eu une  forte inclinaison et il a semblé que le bateau était en pleine  décomposition. Il faisait noir, la force du vent était de 4 à 5 et il y  avait une mer de 10 pieds. Le capitaine criait : ’nous avons été  enfoncés’. »
« On craignait que le bateau ne coule. Il a envoyé un  signal de détresse Mayday, mais il n’y avait pas de  réponse. Cynthia McKinney et Caoimhe Butterly ne savaient pas nager ;  les gilets de sauvetage ont été rapidement distribués à tous. La coque  prenait d’eau, mais les pompes étaient au travail. Les premiers mots  d’un commandant de l’une des canonnières nous sont parvenus par la  radio. Ce fut d’abord une accusation selon laquelle l’équipage du navire  était impliqué avec des terroristes et qu’il était subversif. Puis vint  la menace de tirer. Le capitaine interdisait de se rendre dans la bande  de Gaza ou plus au sud, à El-Arish en Egypte. Il a ordonné de retourner  à Larnaca - environ 160 miles, même si le bateau avait été gravement  endommagé, et les Israéliens ne savaient pas si il y avait suffisamment  de carburant, ce qui n’était pas le cas. Il a pris un cap au nord et le  bateau est resté flottant dans une mer plus calme. »
« Un membre de l’équipage a négocié avec les autorités  libanaises l’accès à un port sécurisé à Sour (Tyr), où se pressait une  foule en liesse sur les quais. Un navire de la FINUL est sorti pour nous  escorter et les canonnières israéliennes, qui nous suivaient, sont  reparties. »
« Y avait-il eu intention meurtrière ? Une canonnière  est sortie de la nuit noire, sans feux de position et juste avec un  projecteur, indiquant notre coque bâbord comme cible aux autres bateaux.  Elle s’est approchée à environ 30 degrés sur la gauche du Dignity et à toute vitesse. L’intention de couler le Dignity et donc de noyer son équipage était claire. Si  la coque avait été en GRP (plastique renforcé de verre), elle aurait  éclaté et le bateau aurait coulé comme une pierre à 53 miles nautiques  au large de Haïfa. Heureusement, la coque était construite en  contreplaqué pour la mer avec des renforcemenst en bois et elle a tenu  ... »
L’équipage du Spirit of Humanity a  été relâché, sauf une écossaise très résolue, Theresa McDermott. Elle a  été plus tard emprisonnée dans la prison de Ramleh. Lorsque le consulat  britannique en Israël a été contacté pour aider à localiser Teresa, le  personnel a refusé de d’aider à la trouver en disant qu’il ne pouvait  pas fournir d’aide à une citoyenne du Royaume-Uni à moins que,  personnellement, elle ne l’ait demandé. Teresa a été libérée après six  jours, son « crime » étant probablement d’être membre de la Campagne  internationale de solidarité comme l’était Rachel Corrie avant elle.
Ma question écrite à M. Miliband était tout simplement  celle-ci :
Pourquoi le gouvernement de Sa Majesté n’a-t-il pas  fourni une escorte pour le navire Spirit of Humanity,  afin de le protéger des actes tout à fait illégaux de piraterie et de  menaces à la vie [de l’équipage] venant de la marine israélienne ? Il y a  eu des incidents répétés de harcèlement, de dommages infligés, de vol  et d’agression armée en haute mer ou dans les eaux palestiniennes contre  des navires désarmés par la marine israélienne.
Le gouvernement britannique a promis haut et fort que la  Royal Navy allait aider à faire cesser « la contrebande » d’armes pour  la résistance de Gaza, mais elle ne protègera pas les pêcheurs de Gaza  d’être attaqués par des maraudeurs israéliens alors que ces gens tentent  de gagner leur vie. Et évidemment, le gouvernement ne prendra pas la  peine de protéger son propre peuple alors que celui-ci s’active à des  ations légitimes.
Mais, bien sûr, ils ont rapidement fait beaucoup de  bruit lorsque l’Iran a capturé 15 marins britanniques il y a deux ans  s’étant prétendument égarés dans les eaux iraniennes.
Pour prix de nos péchés nous sommes maintenant aux  prises avec un secrétaire au Foreign Office qui appelle à la libération  du membre d’un équipage de tank, Gilad Shalit, mais pas à la libération  de 11 000 civils palestiniens - dont des femmes et des enfants - qui  croupissent dans les geôles israéliennes. Il permet même à l’ambassadeur  britannique de se transformer en larbin de la communauté juive dans  cette campagne à sens unique.
Le 25 Juin Miliband, a déclaré :
« Aujourd’hui, c’est le troisième anniversaire de  l’enlèvement de Gilad Shalit. Les deux ministres britanniques et  l’ambassadeur britannique en Israël ont eu des contacts répétés avec la  famille de Gilad et ont souligné notre soutien à la libération immédiate  de Gilad. En Septembre dernier, l’ambassadeur a aidé à livrer au CICR  [Comité international de la Croix-Rouge] plus de 2000 cartes du Nouvel  An juif pour Gilad dans le cadre d’une campagne organisée par la  communauté juive du Royaume-Uni. Je renouvelle l’appel du Royaume-Uni au  Hamas pour sa libération immédiate, inconditionnelle et en bonne santé.  Nous partageons la consternation de la famille Shalit suite au refus du  Hamas de permettre au CICR l’accès à Gilad. »
Il est honteux que son désarroi ne s’étende pas aux 11  000 familles palestiniennes.
Les Britanniques découvrent la vérité sur l’absence de  tout respect de la loi par Israël. En l’absence d’une action ferme du  gouvernement britannique, ils adoptent des mesures de représailles sous  la forme d’un boycott, qui a poussé M. Miliband à pleurnicher que « le  gouvernement était consterné que des motions appelant au boycott  d’Israël soient en cours de discussion dans les congrès syndicaux et  conférences syndicales cet été ». Il insiste sur le fait que les  boycotts « entravent les possibilités de coopération et de dialogue et  ne servent qu’à polariser le débat encore plus. Le boycott ne ferait que  rendre plus difficile la conclusion d’une paix que les Palestiniens et  les Israéliens méritent et souhaitent ».
M. Miliband n’a appris aucune des leçons des 61  dernières années. Et notre premier ministre en gestation, David Cameron  (un sioniste et, comme Brown et Blair, un patron du Fonds National  Juif), n’est pas différent. Il a déclaré : « Je pense qu’il y a autre  chose que nous devons faire, c’est dire à nos universitaires dans ce  pays que les boycotts d’Israël sont tout à fait inacceptables, et je  pense que nous avons aussi besoin de le dire aux syndicats. »
Aujourd’hui, vous devez soigneusement faire votre chemin  à travers une véritable course d’obstacles pro-sionistes - les élus et  leurs comparses israéliens qui hantent tous les coins et recoins dans  les coulisses du pouvoir et dominent les organes clés de la défense  britannique. Ces porteurs de drapeaux israéliens semblent trop heureux  que les Israéliens nous urinent dessus - comme sur le reste du monde -  et ils les récompensent par encore plus de commerce et de coopération  scientifique.
 
 * Stuart Littlewodd a  écrit le livre "Radio Free Palestine" , qui décrit les souffrances des  Palestiniens sous occupation.
 
 
