Par Jeanine JALKH | 29/04/2010
Depuis l'annonce faite par le responsable israélien des renseignements de l'armée, Yossi Baidatz, sur une éventuelle livraison par la Syrie au Hezbollah de missiles Scud, la tension est montée d'un cran, braquant ainsi l'attention internationale en direction de ce qui pourrait être une véritable menace dirigée contre l'État hébreu. Claironné par tous les médias nationaux et internationaux, la nouvelle, qu'elle soit fondée ou non, aura en tous les cas permi à Israël de lancer, une nouvelle fois, une mise en garde contre un éventuel renforcement de l'arsenal du Hezbollah, dans la perspective d'une confrontation avec l'État hébreu. Depuis, les analyses sur une nouvelle guerre dans la région vont bon train.
Certes, le Liban officiel s'est empressé de démentir ces « allégations », notamment par la bouche du Premier ministre, Saad Hariri, et du ministre de la Défense, Élias Murr, face à un mutisme total de la part du parti chiite, dont la tactique est précisément de laisser planer le flou sur ses capacités militaires. Du côté américain, la réaction n'a pas tardé à venir, à la différence près que l'Administration US a fait montre au départ d'une position relativement nuancée, soulignant avec prudence que « si ces informations venaient à se révéler vraies (...), nous ferons en sorte que la Syrie revienne sur une initiative incendiaire et provocatrice ». Sur un ton plus corsé, le secrétaire d'État adjoint américain en charge du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, a indiqué qu'il s'agit d'« un développement très dangereux », soulignant qu'« il nous faudra étudier tout ce qu'il est en notre mesure de faire pour renverser l'ordre des choses ». Il a cependant précisé que l'administration américaine s'efforce toujours de confirmer l'authenticité de ces informations. Interrogé hier, le coordinateur spécial des Nations unies au Liban, Michael Williams, s'est abstenu de « donner un jugement sur la question », affirmant qu'il « n'en sait rien », ce qui signifierait que ni les États-Unis ni les Nationsn unies ne semblent avoir obtenu des preuves concrètes sur la livraison des ces missiles au parti chiite.
Quoi qu'il en soit, les « accusations » d'Israël auraient servi à relancer le débat sur une éventuelle confrontation avec le Hezbollah, qui risquerait d'être globale cette fois-ci, la Syrie et l'Iran ayant fait comprendre clairement, lors du sommet tripartite à Damas, qu'ils ne resteront pas les bras croisés en cas de guerre.
C'est ce qui fera dire d'ailleurs à un expert des relations iraniennes que depuis ce sommet,- qu'il qualifie de « front de dissuasion » -, la région est devant une nouvelle équation géostratégique, une sorte d'« équilibre de la terreur » qui remet en cause l'ensemble des considérations politiques et militaires dans la région.
Bien que certains analystes aient préconisé de ne pas prendre à la légère les nouvelles menaces israéliennes, au Liban, des observateurs tendent plutôt à minimiser l'impact de cette nouvelle escalade verbale, et continuent de croire que la situation n'est propice, ni militairement ni politiquement, à une guerre dont personne ne peut encore imaginer l'étendue, ni les conséquences. Le coordinateur des Nations unies a également écarté la possibilité d'une guerre, soulignant que « les enjeux et les pertes sont trop importants pour toutes les parties ».
Selon une source universitaire, les mises en garde d'Israël contre un renforcement des capacités militaires du parti chiite s'expliqueraient d'ailleurs par une tentative de la part de l'État hébreu de dévier l'attention de l'opinion internationale au moment où devait avoir lieu le sommet des grandes puissances nucléaires aux États-Unis, et dont Israël s'était éclipsé. Pour cette source, le message d'Israël était on ne peut plus clair : « Nous sommes menacés par le Hezbollah. » Un constat qui devait entraîner, selon lui, du côté américain, un regain de sympathie pour un partenaire avec lequel les États-Unis étaient relativement en froid depuis leur divergence sur la question des implantations. Cet « appel au secours » de la part de l'État hébreu pourrait également préluder à « une éventuelle transaction en matière d'armes qu'Israël escompterait conclure avec les Américains en avançant l'argument de la supériorité militaire du parti chiite », précise une source militaire autorisée.
De l'avis de Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient (qui rejoint d'ailleurs d'autres analystes), les mises en garde d'Israël et des États-Unis contre un renforcement des capacités militaires du Hezbollah s'expliquent par les impasses sur le dossier nucléaire iranien et le processus de paix israélo-palestinien. Les allégations relatives à l'obtention par le parti chiite de Scud pourraient faire partie d'un plan d'attaque contre ce mouvement en cas d'échec des négociations avec l'Iran.
« Si début 2011, les sanctions (contre l'Iran) n'ont mené à rien, la situation deviendra très différente », affirme à l'AFP M. Salem.
« L'histoire des missiles est sortie de nulle part. Personne n'a de preuve à ce sujet, mais il est clair qu'Israël prépare un dossier pour l'utiliser s'il veut se lancer dans une guerre », ajoute-t-il.
Selon lui, le seul moyen de contenir l'Iran, si les négociations n'aboutissent pas, est de frapper ses alliés dans la région. « Et le plus important allié actuellement, c'est le Hezbollah », note-t-il.
La question des missiles est aussi, selon d'autres observateurs, un moyen pour Israël de mettre aux oubliettes le processus de paix déjà moribond avec les Palestiniens, tout en accélérant la colonisation, notamment à Jérusalem-Est.
« L'affaire des Scud permet (aux Israéliens) de repousser encore plus loin les négociations de paix (et faire face) aux timides pressions américaines » pour cesser la colonisation, affirme Franck Mermier, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris et ancien directeur de l'Institut français du Proche-Orient (IFPO) à Beyrouth.
Conçus et produits à l'origine par les Soviétiques, les missiles Scud mesurent en général 11 mètres de long, certains diront 12, pour une portée de 300 à 500 km. Ces missiles ont toutefois une marge d'erreur de près de 500 mètres, et « manquent par conséquent de précision », explique un expert militaire qui croit savoir que le parti chiite n'est pas nécessairement intéressé par l'acquisition des ces fusées dont on dit qu'elles contiennent par ailleurs une substance liquide rapidement périssable.
Qui plus est, poursuit l'expert, il faut au moins trois quart d'heure de préparation avant de lancer ces missiles, d'où le risque qu'ils soient immédiatement repérés par l'armée israélienne, ce qui ne convient pas du tout à une guérilla telle que le Hezbollah, dit-il.
Autant d'arguments qui laissent croire que l'acquisition des Scud par le parti chiite semble être de l'ordre de la manœuvre bien plus que d'une réalité concrète. Mais là encore, personne ne pourra dire exactement ce qu'il en est, faute de preuves concrètes, comme c'est souvent le cas dans ce type de situation.
Certes, le Liban officiel s'est empressé de démentir ces « allégations », notamment par la bouche du Premier ministre, Saad Hariri, et du ministre de la Défense, Élias Murr, face à un mutisme total de la part du parti chiite, dont la tactique est précisément de laisser planer le flou sur ses capacités militaires. Du côté américain, la réaction n'a pas tardé à venir, à la différence près que l'Administration US a fait montre au départ d'une position relativement nuancée, soulignant avec prudence que « si ces informations venaient à se révéler vraies (...), nous ferons en sorte que la Syrie revienne sur une initiative incendiaire et provocatrice ». Sur un ton plus corsé, le secrétaire d'État adjoint américain en charge du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, a indiqué qu'il s'agit d'« un développement très dangereux », soulignant qu'« il nous faudra étudier tout ce qu'il est en notre mesure de faire pour renverser l'ordre des choses ». Il a cependant précisé que l'administration américaine s'efforce toujours de confirmer l'authenticité de ces informations. Interrogé hier, le coordinateur spécial des Nations unies au Liban, Michael Williams, s'est abstenu de « donner un jugement sur la question », affirmant qu'il « n'en sait rien », ce qui signifierait que ni les États-Unis ni les Nationsn unies ne semblent avoir obtenu des preuves concrètes sur la livraison des ces missiles au parti chiite.
Quoi qu'il en soit, les « accusations » d'Israël auraient servi à relancer le débat sur une éventuelle confrontation avec le Hezbollah, qui risquerait d'être globale cette fois-ci, la Syrie et l'Iran ayant fait comprendre clairement, lors du sommet tripartite à Damas, qu'ils ne resteront pas les bras croisés en cas de guerre.
C'est ce qui fera dire d'ailleurs à un expert des relations iraniennes que depuis ce sommet,- qu'il qualifie de « front de dissuasion » -, la région est devant une nouvelle équation géostratégique, une sorte d'« équilibre de la terreur » qui remet en cause l'ensemble des considérations politiques et militaires dans la région.
Bien que certains analystes aient préconisé de ne pas prendre à la légère les nouvelles menaces israéliennes, au Liban, des observateurs tendent plutôt à minimiser l'impact de cette nouvelle escalade verbale, et continuent de croire que la situation n'est propice, ni militairement ni politiquement, à une guerre dont personne ne peut encore imaginer l'étendue, ni les conséquences. Le coordinateur des Nations unies a également écarté la possibilité d'une guerre, soulignant que « les enjeux et les pertes sont trop importants pour toutes les parties ».
Selon une source universitaire, les mises en garde d'Israël contre un renforcement des capacités militaires du parti chiite s'expliqueraient d'ailleurs par une tentative de la part de l'État hébreu de dévier l'attention de l'opinion internationale au moment où devait avoir lieu le sommet des grandes puissances nucléaires aux États-Unis, et dont Israël s'était éclipsé. Pour cette source, le message d'Israël était on ne peut plus clair : « Nous sommes menacés par le Hezbollah. » Un constat qui devait entraîner, selon lui, du côté américain, un regain de sympathie pour un partenaire avec lequel les États-Unis étaient relativement en froid depuis leur divergence sur la question des implantations. Cet « appel au secours » de la part de l'État hébreu pourrait également préluder à « une éventuelle transaction en matière d'armes qu'Israël escompterait conclure avec les Américains en avançant l'argument de la supériorité militaire du parti chiite », précise une source militaire autorisée.
De l'avis de Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient (qui rejoint d'ailleurs d'autres analystes), les mises en garde d'Israël et des États-Unis contre un renforcement des capacités militaires du Hezbollah s'expliquent par les impasses sur le dossier nucléaire iranien et le processus de paix israélo-palestinien. Les allégations relatives à l'obtention par le parti chiite de Scud pourraient faire partie d'un plan d'attaque contre ce mouvement en cas d'échec des négociations avec l'Iran.
« Si début 2011, les sanctions (contre l'Iran) n'ont mené à rien, la situation deviendra très différente », affirme à l'AFP M. Salem.
« L'histoire des missiles est sortie de nulle part. Personne n'a de preuve à ce sujet, mais il est clair qu'Israël prépare un dossier pour l'utiliser s'il veut se lancer dans une guerre », ajoute-t-il.
Selon lui, le seul moyen de contenir l'Iran, si les négociations n'aboutissent pas, est de frapper ses alliés dans la région. « Et le plus important allié actuellement, c'est le Hezbollah », note-t-il.
La question des missiles est aussi, selon d'autres observateurs, un moyen pour Israël de mettre aux oubliettes le processus de paix déjà moribond avec les Palestiniens, tout en accélérant la colonisation, notamment à Jérusalem-Est.
« L'affaire des Scud permet (aux Israéliens) de repousser encore plus loin les négociations de paix (et faire face) aux timides pressions américaines » pour cesser la colonisation, affirme Franck Mermier, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris et ancien directeur de l'Institut français du Proche-Orient (IFPO) à Beyrouth.
Conçus et produits à l'origine par les Soviétiques, les missiles Scud mesurent en général 11 mètres de long, certains diront 12, pour une portée de 300 à 500 km. Ces missiles ont toutefois une marge d'erreur de près de 500 mètres, et « manquent par conséquent de précision », explique un expert militaire qui croit savoir que le parti chiite n'est pas nécessairement intéressé par l'acquisition des ces fusées dont on dit qu'elles contiennent par ailleurs une substance liquide rapidement périssable.
Qui plus est, poursuit l'expert, il faut au moins trois quart d'heure de préparation avant de lancer ces missiles, d'où le risque qu'ils soient immédiatement repérés par l'armée israélienne, ce qui ne convient pas du tout à une guérilla telle que le Hezbollah, dit-il.
Autant d'arguments qui laissent croire que l'acquisition des Scud par le parti chiite semble être de l'ordre de la manœuvre bien plus que d'une réalité concrète. Mais là encore, personne ne pourra dire exactement ce qu'il en est, faute de preuves concrètes, comme c'est souvent le cas dans ce type de situation.