jeudi 20 janvier 2011

Moyen Orient : Pascoe s'inquiète du manque de progrès

19 janvier 2011
Dans un exposé mercredi devant le Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, B. Lynn Pascoe, s'est dit sérieusement préoccupé par « le manque de progrès dans la recherche d'une solution négociée » entre Israéliens et Palestiniens.
« La paix et un Etat palestinien ne peuvent plus être reportés », a-t-il dit devant les Etats membres du Conseil.

Il a indiqué que le Quatuor sur le Moyen Orient (Union Européenne, ONU, Etats-Unis, Russie) se retrouverait à Munich, en Allemagne, le 5 février prochain, afin de soutenir les efforts diplomatiques visant à parvenir à un accord-cadre israélo-palestinien sur le statut final. Soulignant qu'il ne restait que 8 à 9 mois avant la fin des deux ans prévus à cet effet, il a estimé que « la viabilité du processus politique et la crédibilité du Quatuor étaient en jeu ».

B. Lynn Pascoe a rappelé que ces derniers mois, « un nombre croissant de pays d'Amérique Latine ont reconnu un Etat palestinien basé sur les frontières de 1967 ». « Au cours de sa visite dans les Territoires occupés mardi, le Président Medvedev a également réitéré le soutien de la Fédération de Russie au droit inaliénable des Palestiniens à disposer d'un Etat indépendant, ayant pour capitale Jérusalem-Est », a-t-il ajouté.

Soulignant que depuis le 26 septembre, date de la fin du moratoire sur le gel de la colonisation israélienne, « l'accroissement des activités de construction de colonies s'était poursuivi, avec le lancement de la construction de 2000 unités en Cisjordanie », le chef des affaires politiques de l'ONU a déclaré que « l'extension des colonies mine la confiance et porte préjudice aux discussions sur le statut final ».

B. Lynn Pascoe a indiqué que « les efforts de l'Autorité palestinienne se poursuivaient selon son calendrier de construction d'un Etat », notamment par la promotion de la sécurité et de la stabilité. « Nous pensons qu'Israël peut et doit faire plus pour permettre à l'Autorité palestinienne d'améliorer encore la sécurité et les conditions économiques, en levant les restrictions de circulation » existantes en Cisjordanie.

Le responsable onusien a précisé que l'ONU avait enregistré ces derniers mois 486 opérations des forces israéliennes en Cisjordanie, ajoutant que 87 Palestiniens avaient été blessés et 251 arrêtés. « Si nous reconnaissons les préoccupations sécuritaires qu'Israël soulève, nous pensons qu'elles affaiblissent sérieusement l'Autorité palestinienne alors que l'objectif stratégique devrait être l'opposé », a-t-il estimé. « Plus préoccupant encore a été la mort de quatre Palestiniens dans des incidents distincts, qui justifient des enquêtes transparentes d'Israël », a-t-il poursuivi.

S'agissant de la situation dans la bande de Gaza, B. Lynn Pascoe a indiqué que l'ONU restait « extrêmement préoccupée », notamment par « le récent regain de tension » qui s'est traduit par « 31 tirs de roquettes et 47 de mortiers par des militants palestiniens » tandis qu'Israël a procédé à « 11 incursions et 26 frappes aériennes ».

« Nous condamnons les tirs sans distinction contre des zones habitées par des civils israéliens », a-t-il déclaré devant le Conseil de sécurité, avant de souligner toutefois que « l'autorité de fait du Hamas dans la bande de Gaza a récemment pris publiquement l'engagement de maintenir le calme ».

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a réaffirmé que « l'objectif fondamental de l'ONU continue d'être de revitaliser l'économie de Gaza et de chercher à obtenir la fin de la politique de blocus d'Israël ». Le niveau des importations et des exportations « reste significativement en deçà des niveaux de 2007 », a-t-il regretté, rappelant que l'augmentation rapide des volumes des exportations autorisées à sortir de la bande de Gaza reste « une priorité centrale ».

Il a enfin réitéré les préoccupations persistantes de l'ONU quant à la détention par le Hamas du sergent israélien Gilad Shalit, enlevé en juin 2006, demandant « une nouvelle fois sa libération » et « un accès humanitaire sans délai ».

Par ailleurs, devant le Conseil de sécurité, B. Lynn Pascoe a regretté le manque de progrès dans les efforts visant à promouvoir la paix entre Israël et la Syrie, « malgré les efforts diplomatiques déployés, notamment ceux des envoyés de la France et des Etats-Unis ». « Alors que la situation dans le Golan syrien occupé est restée stable en dépit des activités de colonisation israélienne, la résolution du conflit entre les deux pays est cruciale pour la stabilité régionale », a-t-il rappelé.

Abordant enfin les derniers développements au Liban et notamment « la démission le 12 janvier de dix ministres de l'opposition et d'un ministre appartenant au camp du président Sleiman, entrainant la chute du gouvernement d'union nationale en place », B. Lynn Pascoe a indiqué que des consultations internes étaient prévues le 24 janvier. « Préserver la stabilité du Liban est essentiel pour les Libanais eux-mêmes, mais aussi critique pour le sort d'une région qui a besoin par-dessus tout de progrès vers la paix », a-t-il conclu.
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