jeudi 20 janvier 2011

Avigdor Lieberman se défend d’être un McCarthy israélien

publié le mardi 18 janvier 2011
Douglas Hamilton, Reuters

 
Certains dirigeants israéliens l’ont déjà damné, le comparant au sénateur américain Joe McCarthy, fameux instigateur de la chasse aux sorcières des ennemis communistes de l’Amérique dans les années 1950.
Mais Avigdor Lieberman, leader de l’ultra-droite et chef de la diplomatie israéliennes, se pare du drapeau national et tient son cap, quels que soient ses différends publics avec Benjamin Netanyahu.
Vendredi, il a encore allongé la liste de ses adversaires déclarés en accusant, dans les colonnes du quotidien Yedioth Aharonoth, les pacifistes israéliens de vouloir "détruire la seule démocratie au Moyen-Orient" et de "déformer" la réalité et de "diaboliser" l’Etat juif.
Les ONG et divers mouvements de défense des droits de l’homme du pays seraient, selon lui, systématiquement hostiles à Israël. "La justice ne pourrait-elle pas être de notre côté, ne serait-ce qu’une fois ?", s’est-il interrogé.
Des milliers de militants de la gauche et des droits de l’homme israéliens se sont rassemblés samedi à Tel Aviv pour condamner l’initiative parlementaire de Lieberman de réclamer une commission d’enquête sur le financement des mouvements pacifistes israéliens.
Ce meeting était "en faveur des droits de l’homme et de la démocratie et contre le racisme et le McCarthysme", a déclaré Hagaï Elard, porte-parole de l’Association pour les droits civiques.
PARTI CHARNIÈRE
Des députés de droite, dont Danny Danon, initiateur du projet d’enquête parlementaire, et Michael Ben Ari, assurent que ces pacifistes sont instrumentalisés et financés par des pays étrangers qui souhaitent la destruction de l’Etat d’Israël.
Tzipi Livni, la dirigeante du parti d’opposition centriste Kadima, estime pour sa part que Lieberman n’est qu’une source d’embarras pour Israël, d’autant que, selon elle, Netanyahu, lui laisserait la bride sur le cou.
Lieberman dirige Yisraël Beïtenu (Israël est notre maison), un parti ultranationaliste qui détient à la Knesset 15 sièges indispensables à Netanyahu pour disposer d’une majorité de travail parlementaire.
Ce rôle charnière du parti de Lieberman explique les "dérapages" verbaux de son leader, dont ses propos devant l’Onu voulant que la paix au Proche-Orient ne soit qu’une lointaine perspective et son exigence que les candidats à la citoyenneté israélienne fassent serment de loyauté envers l’Etat juif.
Lieberman, qui habite dans une colonie juive de Cisjordanie occupée et ne cache pas que vouloir plaire aux ennemis d’Israël serait vain, semble jouir et profiter d’une totale liberté de parole au sein du gouvernement de Netanyahu.
Si ses propos controversés sont parfois rectifiés par le Premier ministre israélien, celui-ci ne les a jamais désavoués ouvertement, une clémence attribuée généralement au rôle clé joué par Yisraël Beïtenu à la Knesset.
"DES ISRAÉLIENS POUR ATTAQUER DES JUIFS"
Selon certains analystes, les outrances verbales de Lieberman ont fait jusqu’à présent les affaires de Netanyahu, chef du Likoud, qui, par comparaison, fait donc figure de modéré à la tête du gouvernement israélien.
Mais les attaques du trublion du gouvernement contre les membres du Likoud, qui s’opposent à une commission d’enquête parlementaire sur le financement "extérieur" des mouvements pacifistes israéliens, lui ont cette fois valu un "recadrage" du Premier ministre.
"Le Likoud n’est pas la dictature d’un secteur de l’opinion", a-t-il affirmé en présence de son ministre des Affaires étrangères, faisant allusion à son électorat essentiellement russophone.
L’ancien ministre Yossi Sarid juge, dans les colonnes du quotidien de gauche Haaretz, que les idées agitées par Lieberman sont "repoussantes" et que l’immigré moldave "a peut-être quitté l’Union soviétique" mais que celle-ci "ne l’a pas quitté".
Lieberman se plaint d’être caricaturé. "On me compare au sénateur McCarthy, on me traite de fasciste ou de stalinien", note-t-il dans le Yedioth Aharonoth, en accusant Netanyahu d’avoir donné le feu vert à toutes ces flèches lancées contre lui.
Ces attaques, de la part des ’gauchistes’ de l’entourage du Premier ministre, lui font penser "aux antisémites qui trouvent toujours des Israéliens pour les aider à attaquer des Juifs".
Marc Delteil pour le service français, édité par Henri-Pierre André
relayé par Yahoo