jeudi 20 janvier 2011

Israël brouille les cartes

Israël se dit inquiet des événements qui se sont déroulés en Tunisie brandissant l’argument d’une montée de l’islamisme qui peut faire tache d’huile au Moyen-Orient. « La région où nous vivons est instable, chacun peut le constater aujourd’hui, et nous le voyons dans divers endroits du Proche-Orient élargi », a déclaré dimanche aux journalistes le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, en allusion au soulèvement du peuple tunisien. Une fois de plus, l’Etat hébreu veut brouiller les cartes. D’une part, il y a des allusions à un risque islamiste dans un mouvement de revendication sociale et économique, et d’autre part, il y a une tentative de faire oublier que le point focal de la tension dans cette région est justement Israël, qui fait tout pour poursuivre son occupation des territoires palestiniens. En plus, Netanyahu veut en profiter pour poursuivre sa politique de tergiversation en ce qui concerne le processus de paix. « Il y a une leçon claire que nous devons tirer de tout cela, à savoir que nous devons coller aux principes de paix et de sécurité dans tout accord que nous serons amenés à conclure », a ajouté le chef du Likoud. Et puis, le voici qui abat ses cartes. « Les gouvernements changent et nous ignorons ce qui se passera demain. Nous ne pouvons pas signer un accord de paix aveuglément, car nous ignorons si cet accord sera honoré », poursuit-il. On le voit bien, il y a toutes sortes de prétextes pour ne pas avancer dans le processus de paix. Et qu’est-ce qu’a honoré Israël jusqu’à présent dans ce contexte ? L’argument israélien, on le voit bien, est cousu de fil blanc. On sait d’ailleurs bien qu’Israël a voulu toujours se faire prévaloir d’être une oasis de démocratie dans la région et d’imputer à l’autocratie des régimes arabes l’absence de progrès dans le processus de paix. Maintenant, il dit le contraire et regrette un changement voulu par un peuple arabe, à l’exemple de certaines puissances occidentales ayant soutenu le régime tunisien avant de le laisser tomber à la dernière seconde.
En plus, s’exprimant à la radio militaire, le ministre israélien du Développement régional, Sylvan Shalom, originaire d’ailleurs de Tunisie, a pour sa part souligné qu’il y a aujourd’hui une grande crainte que les mouvements islamistes qui, jusqu’à maintenant étaient hors la loi, ne reviennent en force en Tunisie. Tous les arguments sont bons pour châtier le peuple palestinien, telle est la profession de foi israélienne .