Liban - 30-04-2010 |
Ce fut une rencontre politique et juridique franco-libanaise exceptionnelle ce jeudi 29 avril, à l’hôtel al-Safir à Beirut, pour le lancement de la campagne internationale pour la libération du prisonnier libanais George Ibrahim Abdallah, injustement détenu depuis 26 ans, dans les prisons françaises. Ont participé à cette rencontre l’avocat de George, le militant français Jacques Vergès, et l’ancien ministre français des affaires étrangères, Roland Dumas, ainsi qu'un responsable du parti NPA, Alain Pojolat, ainsi qu’un grand nombre de personnalités libanaises, palestiniennes et internationales : parmi celles-ci, le représentant du général Michel Aoun, George Nakhlé, le représentant du président du conseil des députés, Muhammad Khawaja, les anciens ministres Bishara Merhej et Issam Nu’man, le militant Anis Naccache, directeur du centre de recherches Aman, le membre du bureau politique du Hezbollah, Ahmad Milli, les deux prisonniers libérés Samir Kintar et Anwar Yassine.
Sit-in devant l'ambassade de France à Beyrouth aujourdhui pour exiger la libération de George Ibrahim Abdallah (photo french.moqawama.org)
C’est par le message vocal envoyé par le prisonnier George Abdallah de sa prison française que la conférence a débuté :
« Chers amis, camarades, frères et sœurs, les murs honnis et les mesures prises m’empêchent d’être en liaison directe avec vous, mais les hommages à la fermeté derrière les barreaux arrivent toujours aux résistants, quelles que soient les conditions difficiles, et quelles que soient les distances.
Mes hommages les plus chaleureux et mes sincères remerciements à votre mouvement solidaire. Votre rencontre aujourd’hui me fait chaud au cœur et me donne confiance dans la victoire, puisque chacun de vous porte un aspect de cette résistance qui, lorsque tous ces aspects se rencontrent et agissent de concert, ce qui est en effet le cas, constituent la réponse historique à tous les effets de l’attaque impérialiste actuelle. Un rang uni derrière le fusil de la résistance, et un affrontement ferme de tous ceux qui mettent en doute sa légitimité. Vous savez tous que le but direct des forces impérialistes, d’Israël et de leurs collaborateurs dans la région est précisément le fusil de la résistance, la décision de résister et de respecter sa légitimité, mais aussi tout ce qui met en avant le rôle créatif de l’unité des masses et de leurs avant-gardes combattantes. Vous savez et vous voyez que celui qui vise le fusil de la résistance vise aussi et en même temps, l’unité du mouvement des masses et agit par tous les moyens pour briser tous les liens d’unité du peuple et de ses masses opprimées, plus particulièrement. Ceci est clair au Liban, en Palestine et en Irak. Le fusil de la résistance a fermement tenu, au Liban, il a libéré la terre et a recouvré la souveraineté. Quelle fut l’attitude des impérialistes ? Elle a été et est toujours occupée à fomenter des troubles et des complots contre la résistance et les hommes de la résistance, au nom de la terre et de souveraineté. C’est leur voie et leur nature. La riposte naturelle à ceux-là consiste à activer le mouvement des masses, en mettant en avant leurs revendications. Elle consiste aussi à s’accrocher au fusil de la résistance et à la décision de résister. La riposte naturelle consiste à affirmer encore plus l’unité du sort qui lie les Libanais aux Palestiniens. Isoler le peuple palestinien et les masses palestiniennes n’a entraîné que des catastrophes à tous.
Ce qui se déroule aujourd’hui en Palestine, la colonisation, la répression, les préparatifs à une autre Nakba, ne concerne pas le peuple palestinien seul, mais nous concernent tous, non pas par solidarité fraternelle ou sympathie, seulement, mais parce que cela nous concerne tous, et au même degré, car la confrontation qui se prépare définira l’avenir de toutes les entités de la région, le Liban étant l’une d’elles. Vivent dans l’illusion ceux qui pensent pouvoir vivre en sécurité et s’épanouir sur les ruines du peuple palestinien et des masses palestiniennes, ils vivent dans l’illusion ceux qui pensent que l’insistance de Netanyahu et de Lieberman et de leurs semblables à propos de la judéité d’Israël n’est qu’un mot d’ordre insignifiant ayant juste un rôle raciste. Evidemment, la réponse naturelle et nécessaire aujourd’hui consiste à s’accrocher pour imposer, par tous les moyens, le droit au retour, base et fondement de la question palestinienne. S’accrocher à l’unité du peuple palestinien et réclamer aux forces responsables de mettre fin à l’état de division, cette division entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, qui est une catastrophe. Les flambeaux de la liberté sont les citadelles de la dignité, nos prisonniers et prisonnières, à la ferme détermination, ont matérialisé, par leur mouvement, l’unité et les mécanismes de la confrontation avec l’ennemi.
Pouvons-nous, dans ces conditions, ne pas prendre en compte la position de la Turquie, qui affirme actuellement sa solidarité avec notre cause première, alors qu’elle était un des piliers de l’Etat sioniste dans la région ? Pouvons-nous négliger l’importance de l’alliance syro-iranienne pour faire face à l’impérialisme ? Au moment où les forces impérialistes essaient de profiter de toute occasion pour se ruer sur nos peuples, soutenues par les forces de la réaction dans la région, la fermeté des révolutionnaires est la condition existentielle pour rassembler autour d’eux une solidarité révolutionnaire, et surtout une condition vitale pour la solidarité avec eux-mêmes, en tant que militants prisonniers. En cette période, les convictions anti-impérialistes et anticapitalistes sont devenues des accusations suffisantes, et des preuves criminelles, devant les tribunaux européens, et notamment lorsque cela se rapporte aux militants du Moyen-Orient. Après avoir été condamnés aux peines les plus lourdes, les militants révolutionnaires sont détenus toute leur vie tant qu’ils ne se repentent pas ou ne s’agenouillent pas. Il ne s’agit pas seulement d’un fanatisme ou d’une vengeance de la part de ceux qui sont responsables de l’appareil de l’Etat, mais ces pratiques sont plutôt un reflet de la logique générale d’une justice qui est au service du système impérialiste en crise, qui porte sa propre vision envers les révolutionnaires de nos peuples. Le mot d’ordre de la bourgeoisie actuelle, c’est la soumission volontaire et le regret, pour obtenir la liberté, leur mot d’ordre ne faisant que dévoiler la prostitution de la justice bourgeoise. En cette période de crise, je suis de plus en plus certain que cette justice n’est en fait composée que de mesures administratives soumises, en fin de compte, au rapport de forces entre les forces de la révolution solidaires autour des révolutionnaires emprisonnés d’une part, et entre les forces de la réaction voulant les garder en prison et les soumettre à toutes formes de chantage.
A bas les projets impérialistes et leurs valets dans la région, et la victoire aux masses résistantes de notre peuple. Hommage et gloire à tous nos martyrs. Ensemble vers la victoire. Avec mes chaleureuses salutations. Georges Abdallah. »
Messages de Marwan Barghouty et d’Ahmad Saadate
De sa prison de Haddarim, en Palestine occupée, Marwan Barghouty a salué la conférence, en son nom et au nom de ses frères prisonniers, et a exprimé sa solidarité avec le militant George Abdallah, affirmant qu’ils réclament du gouvernement français la libération immédiate de George et leur solidarité avec sa juste cause, pour laquelle il s’est longtemps sacrifié en résistant à l’occupation sioniste des terres libanaises et palestiniennes.
Pour sa part, le représentant du FPLP au Liban, Marwan Abdel Al a lu un message du secrétaire général du FPLP, le prisonnier Ahmad Saadate, qui se trouve actuellement en isolement dans la prison Ramon, en Palestine occupée, disant : « Les partisans de la liberté dans le monde sont solidaires avec la juste cause de George et réclament des autorités françaises sa libération immédiate. Le train de l’histoire va de l’avant et l’histoire de l’oppression impérialiste et coloniale ne reviendra pas, quels que soient leurs noms et quelle que soit leur puissance et leur domination des peuples opprimés. »
L’avocat militant Jacques Vergès
L’avocat qui a défendu Abdallah dès son arrestation, Jacques Vergès, a exprimé sa joie de se retrouver au Liban en se rappelant la première visite qu’il a faite au pays, lorsqu’il était envoyé par le gouvernement algérien pour défendre le prisonnier Hijazi, combattant palestinien, en Palestine occupée, et qu’il en fut alors expulsé vers le Liban.
Il a accusé de mensonge la ministre française de la justice, Michelle Alliot-Marie qui a déclaré, lors de sa récente visite au Liban, que George Abdallah est un criminel. « Car le procureur général ne cesse de dire qu’il faut enfermer George Abdallah à cause de ses opinions et de sa position nationale. Par cette attitude, le gouvernement français proclame clairement qu’il est hostile à la résistance palestinienne et libanaise. » « Je ressens de la honte, a-t-il poursuivi, parce que la France du général de Gaulle est devenue un terrain pour Israël. Il est honteux que la France du général de Gaulle soit soumise à l’administration américaine. Il y a une lettre, en possession de mon ami Roland Dumas, signée par la ministre américaine des affaires étrangères, Condoliza Rice, qui réclame le maintien de la détention de George Abdallah. C’est le style du maître qui ordonne son valet… George n’est qu’un combattant de la liberté qui fait face à l’occupation. C’est un homme intelligent, fermement attaché à ses opinions et positions. Il lui suffit de renier ses convictions pour être libéré. Mais le maintien de George Abdallah en détention est un cancer sur la face de la France, et nous nous battons pour que les dirigeants français soient dignes de leur peuple. »
Maître Vergès a demandé à l’assemblée de faire un effort pour que le Liban officiel réclame la libération de George Abdallah, prenant exemple sur l’Iran : « Dans cette salle se trouve parmi vous un ami, le militant Anis Naccache, que le gouvernement iranien a pu libérer des prisons françaises. Vous direz probablement que l’Iran est un pays puissant et qu’il a des intérêts, mais le Liban est puissant, aussi, la France a des intérêts au Liban et il suffit que les autorités libanaises réclament la libération de George Abdallah en proposant de lui ouvrir les portes. »
Quant à l’ancien ministre français des affaires étrangères, Roland Dumas, il a affirmé que toutes les conditions sont réunies pour la libération de George Abdallah, sauf celle de son reniement à sa cause. « Son dossier ne montre qu’une seule chose : c’est un grand militant, » a-t-il affirmé, espérant revenir au Liban pour saluer George Abdallah dans son pays.
Pour le député Nawwar Sahili, du bloc de la fidélité à la résistance, George Abdallah est un symbole de la résistance, et « nous sommes certains que George Abdallah sera bientôt libéré. »
Abu Imad Rifa’i, représentant du mouvement du Jihad islamique au Liban, a salué en George Abdallah le représentant de cette jeunesse arabe qui a consacré sa vie à la cause palestinienne et la juste cause de la nation. Il a réclamé sa libération immédiate des prisons françaises, en insistant sur la nécessité, pour les autorités françaises, de se débarrasser des pressions sionistes et américaines à propos de cette cause.
Quant à Alain Pojolat, responsable au NPA, il a déclaré que son parti s’engageait à la libération immédiate de George Abdallah et qu’il était prêt à faire partie de la campagne internationale pour sa libération, et de coopérer avec toutes les organisations et partis libanais et arabes pour ce faire.
La déclaration de Beirut
Après de nombreuses interventions de personnalités politiques et religieuses, ainsi que des militants de la cause des prisonniers (Muhammad Safa et sheikh Atallah Hammoud), qui ont réclamé qu’un effort soit fait auprès des officiels libanais pour les placer face à leurs responsabilités et auprès des autorités françaises, rappelant que le Liban n’était plus un pays sous mandat français, la déclaration de Beirut, au nom des participants, a été lue et approuvée.
« Déclaration de Beirut (29 avril 2010)
Nous, les participants à la conférence de lancement de la campagne internationale, juridique et civile, pour la libération du prisonnier libanais détenu dans les prisons françaises, George Ibrahim Abdallah, conférence tenue à Beirut le 29 avril 2010, avec la participation de personnalités arabes et internationales, politiques et juridiques, intellectuelles et académiques, nous proclamons ce qui suit :
« Premièrement : Nous sommes fiers du grand militant George Abdallah, qui a passé plus de 26 ans détenu dans les prisons françaises, et dont le maintien de la détention est arbitraire, contraire aux lois internationales, et une violation des règlements de la juridiction française. Est-ce que le pouvoir judiciaire français, qui s’inspire des principes de la révolution française, veut appliquer la justice ou se venger ?
Deuxièmement : L’assemblée considère que la non libération de George Abdallah, bien qu’il réponde aux conditions exigées pour sa libération, depuis 1999, est une décision politique dont le gouvernement français assume les responsabilités tant sur le plan juridique que moral. L’assemblée réunie réclame que le pouvoir judiciaire français prouve son indépendance et son refus des pressions américaines et israéliennes. L’assemblée renouvelle sa demande aux autorités françaises de libérer immédiatement George Abdallah.
Troisièmement : les gouvernements libanais successifs (hormis le dernier gouvernement du président Salim El-Hoss) ont négligé la cause de George Abdallah, et ce manquement intentionnel ne peut être compris que comme un comportement considérant que les autorités françaises exercent un mandat sur le Liban. C’est pourquoi nous appelons les autorités libanaises à une intervention sérieuse auprès des autorités françaises et exiger la libération immédiate de George Abdallah. Au cas où les autorités françaises ne suivent pas, nous appelons à une proposition de résolution devant la commission des droits de l’homme de l’ONU, dénonçant le maintien de sa détention arbitraire.
Quatrièmement : La campagne internationale pour la libération de George Abdallah sera le creuset rassemblant les différents comités ou les initiatives libanaises, arabes et internationales qui tendent à la libération de George Abdallah. Cette campagne se poursuivra de manière ascendante, au Liban et en France, prenant différentes formes, rassemblements ou manifestations, et la campagne empêchera que cette cause soit négligée par les agendas politiques libanais ou français.
Cinquièmement : l’assemblée réunie appelle les organisations non gouvernementales concernées par les droits de l’homme, les partis, les syndicats et les médias, à examiner la situation juridique de George Abdallah, et notamment le procès inique auquel il a été soumis, et les pressions exercées sur le pouvoir judiciaire français pour empêcher sa libération, et notamment en 1999, à signer la pétition exigeant sa libération, et à écrire à ce propos au gouvernement français et à l’Union européenne. »
Pour plus d’informations
- Liban : (961) 3350956 – (961) 3378194
- http://www.georgesabdallah.com (site en arabe, en construction pour les versions en anglais et en français)
- Libérons George, site en français.
Ici pour entendre le message vocal de George Abdallah.
En espérant que cette campagne se poursuive, que les initiatives se multiplient, qu’elles soient officielles ou populaires, jusqu’au retour de George Abdallah dans son pays, qui attend le retour d’un héros.
Au moment où se déroulait cette conférence, consacrée à George Abdallah, les personnalités présentes avaient également à l’esprit la lourde condamnation récente prise par le pouvoir judiciaire égyptien à l’encontre du combattant exemplaire Sami Shihab (Muhammad Mansour, de son vrai nom) et de ses frères, accusés d’avoir soutenu la résistance du peuple palestinien à Gaza.
En effet, le tribunal exceptionnel égyptien a condamné Sami Shihab à 15 ans de prison ferme, alors qu’il a condamné Muhammad Qabalan et d’autres militants à la perpétuité, rien que parce qu’ils ont décidé d’apporter une aide concrète à la résistance palestinienne. Aujourd’hui, parler de résistance et d’aide à la résistance devient un crime dans l’Egypte soumise aux Etats-Unis et à Israël de Hosni Moubarak. Alors qu’il n’y a rien de plus naturel que d’affirmer et d’agir pour soutenir nos frères en Palestine, dans toute la Palestine occupée, alors qu’il s’agit du premier devoir des peuples arabes et musulmans, avant d’être celui des peuples libres dans le monde, le soutien à la résistance est devenu un acte criminel.
Nous sommes certains que Sami Shihab et ses frères ne resteront pas longtemps en prison. Sayyid Hassan Nasrullah l’a d’ailleurs affirmé, répondant à une station télévisée koweitienne : « Cette affaire est politique, et nous la règlerons au moyen des voies politiques. » Suite à la condamnation de ces nobles militants, héros de la nation arabe, sayyid Nasrullah a témoigné sa solidarité avec leurs familles en leur promettant de faire ce qu’il faut pour mettre fin à cette honteuse condamnation.
George Abdallah, Sami Shihab, Yahya Skaf, Samir Kintar, Anwar Yassin, et surtout hajj Imad Mughnieh et des milliers de soldats inconnus, martyrs, blessés ou sur le terrain, le Liban a de quoi être fier de sa participation à la lutte pour libérer la Palestine.
Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13780&type=analyse&lesujet=R%E9sistances
« Chers amis, camarades, frères et sœurs, les murs honnis et les mesures prises m’empêchent d’être en liaison directe avec vous, mais les hommages à la fermeté derrière les barreaux arrivent toujours aux résistants, quelles que soient les conditions difficiles, et quelles que soient les distances.
Mes hommages les plus chaleureux et mes sincères remerciements à votre mouvement solidaire. Votre rencontre aujourd’hui me fait chaud au cœur et me donne confiance dans la victoire, puisque chacun de vous porte un aspect de cette résistance qui, lorsque tous ces aspects se rencontrent et agissent de concert, ce qui est en effet le cas, constituent la réponse historique à tous les effets de l’attaque impérialiste actuelle. Un rang uni derrière le fusil de la résistance, et un affrontement ferme de tous ceux qui mettent en doute sa légitimité. Vous savez tous que le but direct des forces impérialistes, d’Israël et de leurs collaborateurs dans la région est précisément le fusil de la résistance, la décision de résister et de respecter sa légitimité, mais aussi tout ce qui met en avant le rôle créatif de l’unité des masses et de leurs avant-gardes combattantes. Vous savez et vous voyez que celui qui vise le fusil de la résistance vise aussi et en même temps, l’unité du mouvement des masses et agit par tous les moyens pour briser tous les liens d’unité du peuple et de ses masses opprimées, plus particulièrement. Ceci est clair au Liban, en Palestine et en Irak. Le fusil de la résistance a fermement tenu, au Liban, il a libéré la terre et a recouvré la souveraineté. Quelle fut l’attitude des impérialistes ? Elle a été et est toujours occupée à fomenter des troubles et des complots contre la résistance et les hommes de la résistance, au nom de la terre et de souveraineté. C’est leur voie et leur nature. La riposte naturelle à ceux-là consiste à activer le mouvement des masses, en mettant en avant leurs revendications. Elle consiste aussi à s’accrocher au fusil de la résistance et à la décision de résister. La riposte naturelle consiste à affirmer encore plus l’unité du sort qui lie les Libanais aux Palestiniens. Isoler le peuple palestinien et les masses palestiniennes n’a entraîné que des catastrophes à tous.
Ce qui se déroule aujourd’hui en Palestine, la colonisation, la répression, les préparatifs à une autre Nakba, ne concerne pas le peuple palestinien seul, mais nous concernent tous, non pas par solidarité fraternelle ou sympathie, seulement, mais parce que cela nous concerne tous, et au même degré, car la confrontation qui se prépare définira l’avenir de toutes les entités de la région, le Liban étant l’une d’elles. Vivent dans l’illusion ceux qui pensent pouvoir vivre en sécurité et s’épanouir sur les ruines du peuple palestinien et des masses palestiniennes, ils vivent dans l’illusion ceux qui pensent que l’insistance de Netanyahu et de Lieberman et de leurs semblables à propos de la judéité d’Israël n’est qu’un mot d’ordre insignifiant ayant juste un rôle raciste. Evidemment, la réponse naturelle et nécessaire aujourd’hui consiste à s’accrocher pour imposer, par tous les moyens, le droit au retour, base et fondement de la question palestinienne. S’accrocher à l’unité du peuple palestinien et réclamer aux forces responsables de mettre fin à l’état de division, cette division entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, qui est une catastrophe. Les flambeaux de la liberté sont les citadelles de la dignité, nos prisonniers et prisonnières, à la ferme détermination, ont matérialisé, par leur mouvement, l’unité et les mécanismes de la confrontation avec l’ennemi.
Pouvons-nous, dans ces conditions, ne pas prendre en compte la position de la Turquie, qui affirme actuellement sa solidarité avec notre cause première, alors qu’elle était un des piliers de l’Etat sioniste dans la région ? Pouvons-nous négliger l’importance de l’alliance syro-iranienne pour faire face à l’impérialisme ? Au moment où les forces impérialistes essaient de profiter de toute occasion pour se ruer sur nos peuples, soutenues par les forces de la réaction dans la région, la fermeté des révolutionnaires est la condition existentielle pour rassembler autour d’eux une solidarité révolutionnaire, et surtout une condition vitale pour la solidarité avec eux-mêmes, en tant que militants prisonniers. En cette période, les convictions anti-impérialistes et anticapitalistes sont devenues des accusations suffisantes, et des preuves criminelles, devant les tribunaux européens, et notamment lorsque cela se rapporte aux militants du Moyen-Orient. Après avoir été condamnés aux peines les plus lourdes, les militants révolutionnaires sont détenus toute leur vie tant qu’ils ne se repentent pas ou ne s’agenouillent pas. Il ne s’agit pas seulement d’un fanatisme ou d’une vengeance de la part de ceux qui sont responsables de l’appareil de l’Etat, mais ces pratiques sont plutôt un reflet de la logique générale d’une justice qui est au service du système impérialiste en crise, qui porte sa propre vision envers les révolutionnaires de nos peuples. Le mot d’ordre de la bourgeoisie actuelle, c’est la soumission volontaire et le regret, pour obtenir la liberté, leur mot d’ordre ne faisant que dévoiler la prostitution de la justice bourgeoise. En cette période de crise, je suis de plus en plus certain que cette justice n’est en fait composée que de mesures administratives soumises, en fin de compte, au rapport de forces entre les forces de la révolution solidaires autour des révolutionnaires emprisonnés d’une part, et entre les forces de la réaction voulant les garder en prison et les soumettre à toutes formes de chantage.
A bas les projets impérialistes et leurs valets dans la région, et la victoire aux masses résistantes de notre peuple. Hommage et gloire à tous nos martyrs. Ensemble vers la victoire. Avec mes chaleureuses salutations. Georges Abdallah. »
Messages de Marwan Barghouty et d’Ahmad Saadate
De sa prison de Haddarim, en Palestine occupée, Marwan Barghouty a salué la conférence, en son nom et au nom de ses frères prisonniers, et a exprimé sa solidarité avec le militant George Abdallah, affirmant qu’ils réclament du gouvernement français la libération immédiate de George et leur solidarité avec sa juste cause, pour laquelle il s’est longtemps sacrifié en résistant à l’occupation sioniste des terres libanaises et palestiniennes.
Pour sa part, le représentant du FPLP au Liban, Marwan Abdel Al a lu un message du secrétaire général du FPLP, le prisonnier Ahmad Saadate, qui se trouve actuellement en isolement dans la prison Ramon, en Palestine occupée, disant : « Les partisans de la liberté dans le monde sont solidaires avec la juste cause de George et réclament des autorités françaises sa libération immédiate. Le train de l’histoire va de l’avant et l’histoire de l’oppression impérialiste et coloniale ne reviendra pas, quels que soient leurs noms et quelle que soit leur puissance et leur domination des peuples opprimés. »
L’avocat militant Jacques Vergès
L’avocat qui a défendu Abdallah dès son arrestation, Jacques Vergès, a exprimé sa joie de se retrouver au Liban en se rappelant la première visite qu’il a faite au pays, lorsqu’il était envoyé par le gouvernement algérien pour défendre le prisonnier Hijazi, combattant palestinien, en Palestine occupée, et qu’il en fut alors expulsé vers le Liban.
Il a accusé de mensonge la ministre française de la justice, Michelle Alliot-Marie qui a déclaré, lors de sa récente visite au Liban, que George Abdallah est un criminel. « Car le procureur général ne cesse de dire qu’il faut enfermer George Abdallah à cause de ses opinions et de sa position nationale. Par cette attitude, le gouvernement français proclame clairement qu’il est hostile à la résistance palestinienne et libanaise. » « Je ressens de la honte, a-t-il poursuivi, parce que la France du général de Gaulle est devenue un terrain pour Israël. Il est honteux que la France du général de Gaulle soit soumise à l’administration américaine. Il y a une lettre, en possession de mon ami Roland Dumas, signée par la ministre américaine des affaires étrangères, Condoliza Rice, qui réclame le maintien de la détention de George Abdallah. C’est le style du maître qui ordonne son valet… George n’est qu’un combattant de la liberté qui fait face à l’occupation. C’est un homme intelligent, fermement attaché à ses opinions et positions. Il lui suffit de renier ses convictions pour être libéré. Mais le maintien de George Abdallah en détention est un cancer sur la face de la France, et nous nous battons pour que les dirigeants français soient dignes de leur peuple. »
Maître Vergès a demandé à l’assemblée de faire un effort pour que le Liban officiel réclame la libération de George Abdallah, prenant exemple sur l’Iran : « Dans cette salle se trouve parmi vous un ami, le militant Anis Naccache, que le gouvernement iranien a pu libérer des prisons françaises. Vous direz probablement que l’Iran est un pays puissant et qu’il a des intérêts, mais le Liban est puissant, aussi, la France a des intérêts au Liban et il suffit que les autorités libanaises réclament la libération de George Abdallah en proposant de lui ouvrir les portes. »
Quant à l’ancien ministre français des affaires étrangères, Roland Dumas, il a affirmé que toutes les conditions sont réunies pour la libération de George Abdallah, sauf celle de son reniement à sa cause. « Son dossier ne montre qu’une seule chose : c’est un grand militant, » a-t-il affirmé, espérant revenir au Liban pour saluer George Abdallah dans son pays.
Pour le député Nawwar Sahili, du bloc de la fidélité à la résistance, George Abdallah est un symbole de la résistance, et « nous sommes certains que George Abdallah sera bientôt libéré. »
Abu Imad Rifa’i, représentant du mouvement du Jihad islamique au Liban, a salué en George Abdallah le représentant de cette jeunesse arabe qui a consacré sa vie à la cause palestinienne et la juste cause de la nation. Il a réclamé sa libération immédiate des prisons françaises, en insistant sur la nécessité, pour les autorités françaises, de se débarrasser des pressions sionistes et américaines à propos de cette cause.
Quant à Alain Pojolat, responsable au NPA, il a déclaré que son parti s’engageait à la libération immédiate de George Abdallah et qu’il était prêt à faire partie de la campagne internationale pour sa libération, et de coopérer avec toutes les organisations et partis libanais et arabes pour ce faire.
La déclaration de Beirut
Après de nombreuses interventions de personnalités politiques et religieuses, ainsi que des militants de la cause des prisonniers (Muhammad Safa et sheikh Atallah Hammoud), qui ont réclamé qu’un effort soit fait auprès des officiels libanais pour les placer face à leurs responsabilités et auprès des autorités françaises, rappelant que le Liban n’était plus un pays sous mandat français, la déclaration de Beirut, au nom des participants, a été lue et approuvée.
« Déclaration de Beirut (29 avril 2010)
Nous, les participants à la conférence de lancement de la campagne internationale, juridique et civile, pour la libération du prisonnier libanais détenu dans les prisons françaises, George Ibrahim Abdallah, conférence tenue à Beirut le 29 avril 2010, avec la participation de personnalités arabes et internationales, politiques et juridiques, intellectuelles et académiques, nous proclamons ce qui suit :
« Premièrement : Nous sommes fiers du grand militant George Abdallah, qui a passé plus de 26 ans détenu dans les prisons françaises, et dont le maintien de la détention est arbitraire, contraire aux lois internationales, et une violation des règlements de la juridiction française. Est-ce que le pouvoir judiciaire français, qui s’inspire des principes de la révolution française, veut appliquer la justice ou se venger ?
Deuxièmement : L’assemblée considère que la non libération de George Abdallah, bien qu’il réponde aux conditions exigées pour sa libération, depuis 1999, est une décision politique dont le gouvernement français assume les responsabilités tant sur le plan juridique que moral. L’assemblée réunie réclame que le pouvoir judiciaire français prouve son indépendance et son refus des pressions américaines et israéliennes. L’assemblée renouvelle sa demande aux autorités françaises de libérer immédiatement George Abdallah.
Troisièmement : les gouvernements libanais successifs (hormis le dernier gouvernement du président Salim El-Hoss) ont négligé la cause de George Abdallah, et ce manquement intentionnel ne peut être compris que comme un comportement considérant que les autorités françaises exercent un mandat sur le Liban. C’est pourquoi nous appelons les autorités libanaises à une intervention sérieuse auprès des autorités françaises et exiger la libération immédiate de George Abdallah. Au cas où les autorités françaises ne suivent pas, nous appelons à une proposition de résolution devant la commission des droits de l’homme de l’ONU, dénonçant le maintien de sa détention arbitraire.
Quatrièmement : La campagne internationale pour la libération de George Abdallah sera le creuset rassemblant les différents comités ou les initiatives libanaises, arabes et internationales qui tendent à la libération de George Abdallah. Cette campagne se poursuivra de manière ascendante, au Liban et en France, prenant différentes formes, rassemblements ou manifestations, et la campagne empêchera que cette cause soit négligée par les agendas politiques libanais ou français.
Cinquièmement : l’assemblée réunie appelle les organisations non gouvernementales concernées par les droits de l’homme, les partis, les syndicats et les médias, à examiner la situation juridique de George Abdallah, et notamment le procès inique auquel il a été soumis, et les pressions exercées sur le pouvoir judiciaire français pour empêcher sa libération, et notamment en 1999, à signer la pétition exigeant sa libération, et à écrire à ce propos au gouvernement français et à l’Union européenne. »
Pour plus d’informations
- Liban : (961) 3350956 – (961) 3378194
- http://www.georgesabdallah.com (site en arabe, en construction pour les versions en anglais et en français)
- Libérons George, site en français.
Ici pour entendre le message vocal de George Abdallah.
En espérant que cette campagne se poursuive, que les initiatives se multiplient, qu’elles soient officielles ou populaires, jusqu’au retour de George Abdallah dans son pays, qui attend le retour d’un héros.
Au moment où se déroulait cette conférence, consacrée à George Abdallah, les personnalités présentes avaient également à l’esprit la lourde condamnation récente prise par le pouvoir judiciaire égyptien à l’encontre du combattant exemplaire Sami Shihab (Muhammad Mansour, de son vrai nom) et de ses frères, accusés d’avoir soutenu la résistance du peuple palestinien à Gaza.
En effet, le tribunal exceptionnel égyptien a condamné Sami Shihab à 15 ans de prison ferme, alors qu’il a condamné Muhammad Qabalan et d’autres militants à la perpétuité, rien que parce qu’ils ont décidé d’apporter une aide concrète à la résistance palestinienne. Aujourd’hui, parler de résistance et d’aide à la résistance devient un crime dans l’Egypte soumise aux Etats-Unis et à Israël de Hosni Moubarak. Alors qu’il n’y a rien de plus naturel que d’affirmer et d’agir pour soutenir nos frères en Palestine, dans toute la Palestine occupée, alors qu’il s’agit du premier devoir des peuples arabes et musulmans, avant d’être celui des peuples libres dans le monde, le soutien à la résistance est devenu un acte criminel.
Nous sommes certains que Sami Shihab et ses frères ne resteront pas longtemps en prison. Sayyid Hassan Nasrullah l’a d’ailleurs affirmé, répondant à une station télévisée koweitienne : « Cette affaire est politique, et nous la règlerons au moyen des voies politiques. » Suite à la condamnation de ces nobles militants, héros de la nation arabe, sayyid Nasrullah a témoigné sa solidarité avec leurs familles en leur promettant de faire ce qu’il faut pour mettre fin à cette honteuse condamnation.
George Abdallah, Sami Shihab, Yahya Skaf, Samir Kintar, Anwar Yassin, et surtout hajj Imad Mughnieh et des milliers de soldats inconnus, martyrs, blessés ou sur le terrain, le Liban a de quoi être fier de sa participation à la lutte pour libérer la Palestine.
Centre d'Information sur la Résistance en Palestine