lundi 14 février 2011

Gaza espère la fin du blocus et de la division palestinienne

13 février 2011
Adel Zaanoun
Agence France-Presse
Gaza
Avec la chute d'Hosni Moubarak et l'avènement d'un nouveau régime en Égypte, les Palestiniens de la bande de Gaza attendent la fin du blocus du territoire et de la division interpalestinienne, selon des analystes palestiniens.
Dès l'annonce du départ forcé du président égyptien vendredi, les Gazaouis et le mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans ce territoire limitrophe de la péninsule égyptienne du Sinaï, y ont vu la perspective d'une levée du blocus.
Le chef du gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyeh a estimé que «l'Égypte écrit une nouvelle page de l'Histoire de la nation et que le siège de Gaza commence à vaciller». Sitôt connue la démission de M. Moubarak, des scènes de liesse se sont déroulées à travers tout le territoire.
Sous blocus israélien depuis 2006, la bande de Gaza est dépendante du bon vouloir des autorités du Caire à sa frontière sud avec l'Égypte.
Ainsi, le poste-frontière de Rafah est fréquemment fermé, comme depuis le début de la crise égyptienne, en raison de tensions récurrentes entre le Hamas et le pouvoir égyptien.
Toutefois, Naji Charab, professeur de science politique à l'Université Al-Azhar de Gaza, croit désormais à un «changement possible dans la relation».
Cette relation «prendra une dimension de sécurité avec la sécurisation des frontières avec l'Égypte, humanitaire avec une plus grande liberté de mouvement au terminal frontalier de Rafah et économique pour l'entrée de marchandises à Gaza», indique-t-il.
Il recommande néanmoins au «Hamas de limiter ses attentes», relevant ainsi que «l'Égypte ne peut pas renoncer à des traités de paix avec Israël ou revenir à la guerre».
«Le nouveau régime égyptien ne laissera pas la division se poursuivre au point que le Hamas devienne une force indépendante à Gaza, ce qui lui attirerait la colère d'Israël et de la communauté internationale», souligne Naji Charab.
Selon lui, «l'Égypte reste préoccupée par le développement du Hamas et ses contacts avec les Frères musulmans, c'est pourquoi elle s'efforcera de mettre fin à la division» interpalestinienne.
Le régime Moubarak avait déjà tenté une médiation entre l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas et le Hamas, auquel il avait imputé l'échec de ses efforts de réconciliation, qui aboutirait à un desserrement de l'emprise exclusive du mouvement islamiste sur Gaza.
Walid al-Moudallal, professeur de science politique à l'Université islamique de Gaza, considère pour sa part que la nouvelle donne est «positive» pour le Hamas et la cause palestinienne.
Il s'attend à un «rapprochement» du Caire avec le Hamas parce que «les Egyptiens se sentent coupables de l'étranglement de la cause palestinienne» sous Moubarak, assure-t-il.
«Le régime Moubarak faisait partie du problème de la division parce qu'il prenait parti pour le président Mahmoud Abbas», ajoute-t-il.
L'analyste estime en outre que l'émergence après des décennies de répression des Frères musulmans égyptiens, dont le Hamas est issu, «sert la légitimité du Hamas» et que la confrérie obtiendra une «place importante si elle participe aux prochaines élections en Égypte».
Mais pour Samir Awad, professeur de relations internationales à l'Université de Bir Zeit, près de Ramallah (Cisjordanie), le changement en Égypte «sera dans l'intérêt de la cause palestinienne en général, et non du Hamas ou du Fatah», le mouvement de M. Abbas.
«La transformation démocratique en Égypte sera dans l'intérêt des Palestiniens, en termes de levée du siège de Gaza et du renouvellement de relations fortes entre l'Autorité et l'Égypte», affirme-t-il.