vendredi 5 novembre 2010

La guerre de Salam Fayyad

03.11.10 | 03h00
Depuis 1948, les Palestiniens ont mené face aux Israéliens, pratiquement tous les types de guerre, et celle des symboles n’est certainement pas la moins importante en ce sens qu’il faille chaque fois aller au-delà de ce que permettent les armes.
De son vivant, et sans même en abuser, le leader palestinien aimait bien marquer ses déplacements de et vers, les territoires palestiniens passés à l’autonomie, par le recours à tous les symboles de la souveraineté. Revue des troupes, hymne national... Et d’ailleurs, Israël s’y est rapidement attaqué en détruisant l’hélicoptère qui l’aidait à quitter les territoires occupés et la piste d’atterrissage de Ghaza. Ou encore en l’enfermant dans la Mouqataâ à Ramallah jusqu’à sa mort. Pour éviter que ne retentisse plus jamais Biladi, alors que ce chant incarne le sentiment le plus profond de chaque Palestinien qui n’a jamais pu être étouffé de quelque manière que ce soit.
Il est faux de croire qu’ainsi, la question palestinienne allait sombrer dans l’oubli. Arafat est mort, mais la cause qu’il défendait n’a jamais quitté les devants de l’actualité. D’autres Palestiniens ont pris la relève, et eux aussi se heurtent aux mêmes obstacles israéliens, se disant que rien n’est insurmontable.
Il en est ainsi du Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, qui a promis, hier, qu’El Qods-Est serait la capitale d’un Etat palestinien, lors de l’inauguration d’une école rénovée aux abords de la ville, après qu’Israël lui eu signifié qu’il serait interdit d’accès pour inaugurer une route voisine. «Cette zone fait partie d’El Qods et (le secteur oriental de) El Qods est un territoire palestinien occupé depuis 1967.» C’est presque si le dirigeant palestinien était considéré uniquement comme un homme de dossier et par conséquent éloigné de la politique, mais il a prouvé qu’un Palestinien ne pouvait pas ne pas en faire. Une question d’existence qu’il faut rappeler partout et en toutes circonstances.
Pour Salam Fayyad, c’est tout un programme, alors même que l’Autorité palestinienne, supposée depuis 1994, préparer l’avènement d’un Etat palestinien, refuse désormais de servir d’alibi. Et ce qu’il a fait hier n’est rien d’autre qu’un acte de résistance, lui que certains voulaient le voir éloigné de la politique, confiné dans ses registres, à compter les sous et en demander quand il en manque, comme c’est très souvent le cas. Il sait que ce ne serait rien d’autre qu’un acte de trahison. Bien sûr que cela n’est jamais dit directement, mais certains discours tendant à distinguer de bons et de mauvais Palestiniens ne trompent pas.
M. Fayyad a donc rappelé ce que le droit et non pas Israël reconnaît aux Palestiniens. Pas besoin de gesticuler, ou de s’enfermer dans des logiques aussi absurdes les unes que les autres, visant à reconnaître quelque droit aux Palestiniens, encore que cela est considéré comme un sacrifice consenti par Israël. C’est le militant Salam Fayyad qui l’a ainsi affirmé.
Mohammed Larbi
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