mercredi 4 août 2010

Le « non » du Hamas

On s’y attendait bien. Presque rien de choquant ni de surprenant dans la réaction du Hamas suite à la déclaration de la Ligue arabe qui a relancé les négociations directes entre Palestiniens et Israéliens. Les dirigeants du mouvement ont indiqué qu’ils refuseront tous les appels à la reprise des négociations entre l’Autorité Nationale Palestinienne (ANP) et Israël.
Les dirigeants du Hamas n’ont pas caché leur mécontentement et ont annoncé leur prise de position quelques heures avant la réunion du comité de suivi de l’Initiative de paix arabe au Caire qui s’était tenue justement pour discuter de la proposition américaine de relancer les négociations directes. « Donner à l’ANP toute autorisation de reprendre les négociations avec Israël serait une transgression grave », a déclaré Sami Abou-Zurhi, porte-parole du Hamas, lors d’une conférence de presse.
En effet, pour le Hamas il n’y a rien de logique dans la reprise de négociations qui n’ont jamais réalisé la moindre avancée. Les négociations directes entre Palestiniens et Israéliens se sont arrêtées en décembre 2008, au moment où l’armée israélienne a lancé son offensive de grande ampleur contre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas. « Nous demandons au comité arabe de retirer l’autorisation précédente donnée à l’ANP pour les négociations avec Israël », a d’ailleurs ajouté Abou-Zuhri. Pour lui, il n’y a plus lieu pour ces négociations et la priorité doit être uniquement donnée à la reconstruction de la bande de Gaza et le dévoilement des crimes de l’occupation israélienne, plutôt que de discuter de la manière de négocier avec Israël.
Rejet des pressions
Leur appel est d’ailleurs bien clair à cet égard. Le Hamas demande aux parties à la réconciliation palestinienne de ne pas répondre aux pressions américaines. Les Etats-Unis et Israël ont demandé au président palestinien, Mahmoud Abbass, de reprendre les négociations directes avant même la fin des négociations rapprochées indirectes de quatre mois entre Palestiniens et Israéliens qui ont débuté en mai. Khaled Mechaal, leader du Hamas à Damas, a lancé lors d’une réunion avec le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, pour discuter des affaires régionales avec les officiels syriens et palestiniens : « Le Hamas est prêt à franchir tous les obstacles qui entravent la réconciliation » tout en soulignant que son organisation veut remplir sa mission le plus vite possible mais sans négociation avec Israël.
Cela dit, ce mouvement islamiste avait aussi rejeté la lettre du président américain Barack Obama envoyée à son homologue palestinien Mahmoud Abbass, la qualifiant de « lettre de menace ». En effet, en juin, Obama a envoyé une lettre à Abbass pour lui dire que les relations américano-palestiniennes seraient affectées s’il refuse les négociations directes avec Israël. « Cette lettre est très décevante », a déclaré Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, tout en ajoutant : « Elle révèle les politiques pro-israéliennes de M. Obama ».
Des accusations que l’Autorité palestinienne a même rejetées, en niant toute intention américaine de faire des menaces. C’est ce qu’a tenu à souligner le négociateur palestinien Saëb Erakat qui affirme que « la lettre ne comprend pas de menaces ou d’avertissements. (...) M. Obama a expliqué que son rôle serait moindre si nous ne prenons pas en compte ses recommandations de commencer des négociations directes ».
La position du Hamas n’est peut-être pas nouvelle. Ce mouvement n’a jamais été pour des négociations avec les Israéliens. Mais ce rejet ne dépasse pas le fait d’être une simple prise de position qui n’a jamais été tenue en considération. Ceci en raison des différends qui existent entre les deux camps. En effet, Amr Moussa a tenu à souligner que le Hamas et le Fatah devraient endosser ensemble la responsabilité de l’avortement de la réconciliation, faisant ainsi référence à la nécessité d’actes pratiques nécessaires pour assurer le succès de cette mission de réconciliation interpalestinienne. Ce qui permettrait de donner plus de poids aux Palestiniens dans d’éventuelles négociations. Quant au comité arabe, il a approuvé de toute façon ces pourparlers. Il reste maintenant à savoir lequel de ces deux camp a raison .
Chaimaa Abdel-Hamid