mercredi 4 août 2010

Le comité de suivi arabe, un alibi pour les modérés

Cette instance de la Ligue arabe qui a prôné, en toute surprise, le retour aux négociations directes, constitue une couverture pour l’Autorité palestinienne et les Etats dits pragmatiques.
« Il a dépassé ses pouvoirs ... Il a même dépassé les pouvoirs du Conseil ministériel de la Ligue arabe ... Il a dépassé toutes les institutions palestiniennes ... ».
 Des accusations diverses qui ont été pointées vers le comité de suivi arabe dépendant de la Ligue arabe qui a donné l’aval pour le retour à des négociations directes. C’est lui qui a donné auparavant son feu vert pour des négociations indirectes, et sans aucune raison, voire aucun progrès dans ce dossier, il donne une autre fois son feu vert pour faire passer cette fois-ci des négociations directes. Une situation jugée ambiguë et précipitée d’un comité qui ne possède pas parmi ses attributs de prendre de telle position. Mais quel est le rôle essentiel de ce comité ? Son nom l’explique bien. Intitulé le comité de suivi de l’initiative de paix arabe, ce comité a vu le jour en 2002, suite au lancement de l’initiative de paix arabe durant le sommet de Beyrouth. En fait, la décision de former ce comité a été prise par la Ligue arabe suite à des critiques internationales selon lesquelles le plan de paix arabe a été décidé sans le présenter au monde. Il serait alors unilatéral. Alors, la mission de ce comité, affichée lors de sa création, a été de mobiliser et d’activer cette initiative arabe de paix, et ceci à travers des tournées du comité pour faire une propagande de cette initiative auprès de l’opinion internationale et même celle israélienne. En ce temps, les déclarations des responsables de la Ligue arabe assuraient que ce comité n’a le pouvoir ni de prendre des décisions, ni de constituer une référence pour l’Autorité palestinienne, ni pour le processus de paix. 13 pays ont été alors choisis parmi les pays de la Ligue arabe pour former ce comité : Qatar, qui est le président actuel du comité, Egypte, Syrie, Jordanie, Liban, Palestine, Tunisie, Algérie, Maroc, Bahreïn, Arabie saoudite, Yémen et Soudan, en plus du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.
8 ans sont passés depuis sa création, et selon les analystes, le bilan est totalement négatif.
Pour Emad Gad, le comité a échoué durant toute cette période à accomplir son rôle pour lequel il a été créé : « Oui, il a préservé l’initiative arabe, mais seulement en tant qu’un document, mais il n’a pas joué un rôle concret pour la promouvoir. Cette initiative a connu alors jusqu’à présent une négligence internationale, et même régionale ». Des rares tournées et des réunions qui avaient pour titre de soutenir l’initiative, mais sans la moindre efficacité.
Mohamad Abdel-Salam, politologue au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, partage ce même point de vue, en ajoutant que « le monde arabe a espéré, lors de la création de ce comité, de mettre en valeur la formule de 2+1+1. C’est-à-dire d’être un pôle actif à côté de la Palestine alors qu’Israël est avec les Etats-Unis. Et de jouer un rôle efficace dans les négociations comme celui du comité 5+1 de l’Iran ou le comité des 5 pour la Corée concernant les négociations sur le dossier nucléaire ». « Ce qui s’est passé est que le comité est resté toujours inactif et n’avait même pas enregistré le moindre pas », dit Abdel-Salam.
Si le comité n’a pas accompli sa mission, il a bien joué un autre. C’est lui qui, aujourd’hui, fournit une couverture arabe pour les choix de l’Autorité palestinienne soumise à des pressions américaines. Il lève ainsi l’embarras où se trouve Abou-Mazen. « Ce comité représente un secours pour le président de l’Autorité palestinienne en plein conflit avec le Hamas. Celui-ci dit à chaque fois qu’il ne va pas prendre de telle position sans l’acceptation du comité de suivi arabe. Et le comité se regroupe pour lui donner son aval. Une fois pour des négociations indirectes et une autre pour des négociations directes ».
Non seulement c’est pour fournir une couverture pour Abbass, mais aussi pour les pays de l’axe modéré, aussi sous pression américaine, et qui font partie eux aussi de ce comité, comme l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite.
Selon Gad, le choix des membres de ce comité était de tenir compte que son centre de gravité soit les pays dits modérés. Le seul membre opposant c’est la Syrie, qui représente l’axe du non pour la politique américaine .
Aliaa Al-Korachi