mercredi 4 août 2010

Archives : La Charte du Likoud ne reconnaît pas la Palestine

Frank Barat (via ISM)
publié le mardi 3 août 2010.
Lundi 9 février 2009
(extrait)
[...]
Quel motif réel Israël et la communauté internationale ont-ils pu donner pour ne pas reconnaître le Hamas ?
La raison invoquée est la non-reconnaissance d’Israël et l’existence d’une Charte appelant à la destruction de l’État hébreu.
Les politiciens autant que les grands médias ont reconnu cette réalité sans plus de questions. Mais quel Israël le Hamas doit-il reconnaître ? Israël n’a pas clairement défini ses frontières. Le Hamas doit-il reconnaître Israel dans ses frontières de 1948 ? de 1967 ? ou de 2009 avec son mur synonyme d’apartheid, ses colonies (les colonies ont augmenté de 60% en 2008, l’année même de la conférence sur le « processus de paix » d’Annapolis, chiffre publié par Peace Now), ses citoyens arabes de deuxième rang et avec un Jérusalem-Est annexé ?
Tout observateur avisé ferait remarquer que le Hamas (à travers Haniyeh et Meshal) a plus d’une fois, fait connaître sa volonté de reconnaître Israël selon les frontières de 1967. L’information n’est pas secrète : ces déclarations ont été reprises par le Guardian, le Washington Post et bien d’autres publications, attestant de l’alignement du Hamas sur la volonté répandue parmi la communauté internationale : une solution à deux États.
Pourtant, un obstacle s’impose encore et toujours : le problème de la Charte du Hamas. Quelles que soient les propositions avancées par Meshal ou Haniyeh, la Charte revient sempiternellement les hanter.
Mais qu’en est-il de la Charte du Likoud ? Netanyahu est à la tête d’un parti de droite et sur le point de remporter les élections. Aussi, il est intéressant de regarder quelles idées il défend.
Dans la section « Paix et Sécurité » du programme du Likoud, document récent puisque édité en 1999, on peut lire : « la Paix est l’objectif premier d’Israël. Le Likoud souhaite renforcer les accords de paix existants avec les États arabes et s’efforcer de parvenir à des accords de paix avec l’ensemble des pays frontaliers d’Israël afin de trouver une solution de paix au conflit israélo-palestinien. »
Mais lorsque sont évoquées les colonies, voici ce qui est dit : « Les communautés juives de Judée, de Samarie et de Gaza sont une concrétisation des valeurs sionistes. L’implantation est l’expression du droit irréfutable du peuple juif à disposer de la terre d’Israël et constitue un atout important dans la défense des intérêts premiers de l’État d’Israël. Le Likoud s’attachera à renforcer et à développer ces communautés et s’opposera à leur démantèlement. »
Annihilant ainsi le moindre espoir d’une solution à deux Etats.
Au sujet d’un État Palestinien : « Le gouvernement israélien rejette fermement la création d’un État arabo-palestinien à l’ouest du Jourdain. Les Palestiniens peuvent vivre librement dans un contexte d’autonomie mais pas en tant qu’Etat indépendant et souverain. Ainsi, par exemple, dans le cadre des affaires étrangères, des questions de sécurité, d’immigration et d’écologie, leurs activités doivent être limitées par les impératifs liés à l’existence d’Israël, à sa sécurité et aux besoins de la nation. »
Annihilant ainsi tout espoir d’envisager un État palestinien souverain.
Sur la question de Jérusalem : « Jérusalem est la capitale éternelle et indivisible de l’État d’Israël et seulement de l’État d’Israël. Le gouvernement rejettera fermement tout proposition palestinienne envisageant la division de Jérusalem, en particulier le projet présenté à la Knesset par des factions arabes et soutenu par de nombreux membres du Parti Travailliste et du Meretz. »
Annihilant ainsi toute chance de négociations de paix puisque Jérusalem-est en tant que capitale d’un futur État palestinien n’est absolument pas négociable pour tout Palestinien.
En résumé, la Charte du Likoud ne reconnaît pas l’existence de la Palestine et réfute toute idée d’un État palestinien souverain.
Ce qui devrait logiquement suivre ne devrait donc être une surprise pour personne : la non-reconnaissance du Likoud par la communauté internationale et l’instauration d’un blocus a l’encontre d’Israël.
Frank Barat
A propos de l’auteur :
Frank Barat est un militant pour la paix. Installé à Londres, il publie des articles pour Counterpunch, Zmag, The Palestine Chronicle et d’autres sites internet et publications. Il a réalisé récemment « Life under occupation », documentaire sur la vie à Naplouse, dans les territoires occupés. Son livre d’entretiens avec Noam Chomsky et Ilan Pappé, intitulé « Le Champ du Possible » est paru récemment.
http://www.saphirnews.com/La-Charte-du-Likoud-ne-reconnait-pas-la-Palestine_a9812.html
Charte du Likoud, sur le site de la Knesset :http://www.knesset.gov.il/elections/knesset15/elikud_m.htm
Elle dit :
« Les communautés juives de Judée, Samarie et Gaza sont la réalisation des valeurs sionistes. La colonisation de cette terre est l’expression claire du droit inaliénable du peuple juif à la Terre d’Israël et constitue un atout important dans la défense des intérêts vitaux de l’Etat d’Israël. Le Likoud poursuivra le renforcement et le développement de ces communautés, et empêchera leur déracinement. » (...)
Le gouvernement israélien rejette catégoriquement l’établissement d’un Etat arabe palestinien à l’ouest du Jourdain.
La Judée et la Samarie sont la Cisjordanie.
Le Likoud va vraisemblablement remporter les élections de février (2009) en Israël. Son chef, Benjamin Netanyahu, promet d’étendre les colonies sionistes en Cisjordanie, position qui viole la loi internationale, la feuille de route et les autres plans de paix.

LA PLATEFORME DU LIKOUD

Ci-dessous des extraits du chapitre “Paix et Sécurité” de la plateforme du Parti Likoud.
Les fondements de la paix
La paix est l’objectif premier de l’Etat d’Israël. Le Likoud renforcera les accords de paix antérieurs avec les Etats arabes et s’efforcera de conclure des accords de paix avec tous les voisins d’Israël, dans le but de parvenir à une solution globale du conflit arabo-israélien.
Le Likoud cherchera à parvenir à la paix et à des frontières permanentes dans le cadre des traités de paix entre Israël et ses voisins, et cherchera une coopération avec eux au niveau pratique. Les accords de paix comprendront des relations diplomatiques totales, des frontières ouvertes à la libre circulation, la coopération économique et l’établissement de projets conjoints dans les champs de la science, de la technologie, du tourisme et de l’industrie.
L’engagement des Etats arabes envers la paix sera mesuré à l’aune de leurs efforts pour empêcher les activités hostiles des organisations terroristes sur leur territoire et le démantèlement de l’infrastructure de ces organisations. Ceci inclut la fermeture de leurs quartiers généraux et la prévention de guerres économiques et politiques et de tout acte hostile pendant les négociations.
LES PALESTINIENS
Déclaration d’un Etat
Une déclaration palestinienne unilatérale de l’établissement d’un Etat palestinien constituera une violation fondamentale et substantielle des accords avec l’Etat d’Israël et le sabordage des accords d’Oslo et de Wye. Le gouvernement adoptera les mesures immédiates draconiennes dans l’éventualité d’une telle déclaration.
Colonies
Les communautés juives en Judée, Samarie et Gaza sont la réalisation des valeurs sionistes. La colonisation de cette terre est l’expression claire du droit inaliénable du peuple juif à la Terre d’Israël et constitue un atout important dans la défense des intérêts vitaux de l’Etat d’Israël. Le Likud poursuivra le renforcement et le développement de ces communautés, et empêchera leur déracinement
La partition du Néguev
Israël rejette sur le champ les idées soulevées par les dirigeants du Parti Travailliste concernant l’abandon de parties du Néguev aux Palestiniens. Dans la pratique, ce projet signifierait que la « Ligne Verte » ne serait plus considérée comme une « Ligne Rouge », ce qui nous rapprocherait du plan de partition de 1947 puisque il ouvrirait la porte au principe que le sort de la Galilée, du Triangle et d’autres partis à l’intérieur d’Israël serait négociable. Le Likoud affirme que de telles propositions de la direction du Parti Travailliste peuvent littéralement provoquer la dislocation de l’Etat d’Israël.
Les Accords d’Oslo et de Wye River
Le Gouvernement d’Israël sauvegardera les intérêts vitaux de l’Etat dans les négociations avec l’Autorité Palestinienne. Ayant établi et méticuleusement adhéré au principe de réciprocité dans les négociations et d’application des accords, y compris le Mémorandum de Wye River, le gouvernement continuera à conditionner leur mise en oeuvre à la réalisation des engagements palestiniens. Le gouvernement continuera à exiger l’accomplissement des obligations palestiniennes suivantes :
- Guerre contre le terrorisme
L’autorité Palestinienne doit lancer une guerre systématique contre les organisations terroristes et leurs infrastructures. L’AP doit non seulement intensifier ses efforts pour empêcher les attaques, mais aussi agir avec détermination pour empêcher des actes terroristes potentiels en démantelant l’infrastructure terroriste qui s’est développée et s’est élargie dans les zones de l’AP depuis les Accords d’Oslo.
- Fin de l’incitation
Mettre fin à l’incitation contre Israël dans les médias palestiniens, le système éducatif et toutes les autres institutions palestiniennes et changer le mode anti-Israël habituel des médias et du système éducatif palestinien pour la reconnaissance d’Israël et le développement de relations de voisinages pacifiques et bonnes entre Juifs et Arabes.
- Collecte des armes
La confiscation des armes illégales détenues par les civils palestiniens et le retrait des armes des forces de l’AP autres que celles permises selon les accords concernant les secteurs extérieurs au territoire de l’AP.
- Réduire la taille de la police de l’AP
La taille de la police de l’AP doit être réduite au niveau permis selon l’accord.
Le statut permanent
Les objectifs globaux pour le statut final avec les Palestiniens sont : mettre fin au conflit entre Israël et les Palestiniens sur la base d’un accord stable et durable et remplacer la confrontation par un bon voisinage et la coopération, tout en sauvegardant les intérêts vitaux d’Israël comme Etat juif sioniste sécurisé et prospère.
Le gouvernement Likoud honorera tous les accords internationaux signés par ces prédécesseurs et s’efforcera de parvenir à un accord de statut final avec les Palestiniens. Le dialogue et les négociations politiques sont les seules manières de parvenir à un accord de statut final.
L’accord de statut permanent minimisera les dangers sécuritaires implicites dans les Accords d’Oslo. Le premier de ces dangers est la présence et l’expansion possible des forces sécuritaires palestiniennes à courte portée des centres israéliens de population, des bureaux du gouvernement, des structures d’urgence et des zones d’entraînement des Forces Israéliennes de Défense.
L’accord de statut permanent sera basé sur les principes suivants :
Autonomie
Le Gouvernement d’Israël rejette catégoriquement l’établissement d’un Etat arabe palestinien à l’ouest du Jourdain.
Les Palestiniens peuvent gérer librement leurs vies dans le cadre de l’autonomie, mais non en tant qu’Etat indépendant et souverain. Ainsi, par exemple, en matière d’affaires étrangères, sécurité, immigration et écologie, leurs activités doivent être limitées aux impératifs de l’existence, de la sécurité et des besoins nationaux d’Israël.
Jérusalem
Jérusalem est la capitale éternelle et unie de l’Etat d’Israël et seulement celle d’Israël. Le gouvernement rejettera catégoriquement les propositions palestiniennes de partage de Jérusalem, y compris le projet de diviser la ville présenté à la Knesset par les factions arabes et soutenu par de nombreux membres du Parti Travailliste et du Meretz. Le gouvernement rejette fermement les tentatives de sources diverses dans le monde, certaines d’origine antisémite, de remettre en question le statut de Jérusalem comme capitale d’Israël, et les 3000 années de lien spécial entre le peuple juif et sa capitale. Pour s’en assurer, le gouvernement poursuivra les décisions fermes qu’il a adoptées jusqu’à aujourd’hui :
- aucune activité diplomatique ne sera autorisée à la Maison d’Orient. Le gouvernement a mis fin au flot de visites des chefs d’Etat et des ministres à la Maison d’Orient, amorcée sous le gouvernement de gauche.
- la présence de la police israélienne à Jérusalem Est sera accrue. Ceci en plus de nouveaux postes de police et de renforcements dans les quartiers.
Le gouvernement Likoud agira avec vigueur pour continuer la résidence juif et renforcer la souveraineté israélienne dans les quartiers est de la ville, tout en amplifiant les améliorations des conditions de vie et de sécurité des résidents arabes. En dépit des protestations de la gauche, le gouvernement Likoud a constamment approuvé la continuation de la présence juive à l’intérieur de la Vieille Ville et dans la « Cité de David ».
Le Jourdain comme frontière permanente
La Vallée du Jourdain et les territoires qui la dominent seront sous souveraineté israélienne. Le Jourdain sera la frontière orientale permanente de l’Etat d’Israël. Le Royaume de Jordanie est un partenaire souhaité dans l’accord de statut permanent entre Israël et les Palestiniens sur des sujets sur lesquels il faudra convenir.
Zones de sécurité
Le gouvernement a réussi à réduire de façon significative l’extension du territoire que les Palestiniens espéraient recevoir par l’accord intérimaire. Le gouvernement insistera sur le fait que les zones de sécurité essentielles à la défense d’Israël, dont la zone de sécurité occidentale et les colonies juives, demeureront sous autorité israélienne.
Le Golan
Se basant sur la proposition du gouvernement dirigé par le Likoud, la 10ème session de la Knesset a promulgué la loi étendant la juridiction et l’administration israéliennes sur les Hauteurs du Golan, établissant ainsi la souveraineté israélienne sur ce secteur. Le gouvernement continuera à renforcer la colonisation juive sur le Golan.
Liban
Israël agira pour faire appliquer la résolution 425 du Conseil de Sécurité des Nations Unies de retirer les Forces Israéliennes de Défense du Liban, tout en garantissant des accords sécuritaires appropriés de manière à défendre ses citoyens au nord du pays et à garantir la sécurité des membres de l’armée du sud Liban. Israël s’abstiendra de toute démarche imprudente qui pourrait déplacer la ligne de front du sud Liban au nord de la Galilée.
Syrie
Israël continuera à chercher le renouvellement des négociations de paix avec la Syrie sans conditions préalables.
Traduction : MR pour ISM
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=11112&type=analyse&lesujet=Sionisme
Frank Barat (via ISM)