K. Selim
Le Quotidien d’Oran
Trois jours après leur agression en haute mer, les Israéliens maintiennent un véritable blocus de l’information sur le nombre exact de victimes et leurs nationalités.
Manifestation à Istambul, 2 juin 2010 - Les pays occidentaux vont-ils se voir "dépossédés" de la question palestinienne qu’ils ont délibérément laissée pourrir pendant des décennies ? Le temps est-il venu d’une solution imposée par le Proche-Orient lui-même ? - Photo : AP
Mais au fil des libérations des otages détenus par Israël, les circonstances de l’assaut criminel de ses troupes « d’élite » se confirment. Les Israéliens ont fait usage de leurs armes avant même de prendre pied sur les navires. Les militants, immédiatement brutalisés, se sont défendus avec des moyens de fortune, des bâtons et des chaises essentiellement.
Au fil des libérations d’otages et des témoignages, les scénarios péniblement mis au point par les officines sionistes et complaisamment répercutés par les médias occidentaux se délitent complètement. Ils ne convainquent même pas ceux qui sont chargés de les relayer.
Dans la stupeur générale encore palpable et les demi-condamnations bégayantes des défenseurs occidentaux des droits de l’homme, seule la voix de la Turquie est clairement perceptible. Il s’agit, selon tous les juristes et experts indépendants, d’une situation extrêmement grave, sans précédent, où des navires chargés d’aide humanitaire et transportant des militants pacifistes ont été très violemment arraisonnés dans les eaux internationales. Les assaillants ont tué des individus désarmés, saisi des navires et ont pris en otage les personnes à bord, les frappant pour certains et les plaçant tous en détention.
Les Turcs, par la voie de leur Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères, réaffirment leur exigence d’une commission d’enquête internationale, appuyés en cela par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
L’affaire jette une lumière crue sur les mœurs israéliennes et les méthodes criminelles auxquelles ils ont systématiquement recours dans le quotidien de l’occupation et du blocus de Ghaza. De ce point de vue, l’objectif des humanitaires consistait précisément à fracturer le siège imposé à un million et demi de Palestiniens. Le message destiné à l’opinion mondiale et aux dirigeants occidentaux a été parfaitement transmis. Beaucoup de voix s’élèvent pour exiger la fin de ce blocus. Les Turcs conditionnent la reprise de relations normalisées avec Israël à la levée de ce blocus. Les réactions d’une grande dignité, mais très fermes, des responsables turcs sont à la hauteur de la crise internationale provoquée par les terroristes israéliens.
La leçon turque aux régimes arabes « modérés » est rude. La Turquie démocratique, membre important de l’OTAN et allié traditionnel des Etats-Unis, démontre un degré d’autonomie auquel sont loin de prétendre ceux qui aspirent à jouer les rôles de leaders du monde arabe. Dans le paysage sinistre de la capitulation, la réouverture du point de passage de Rafah est un minimum qui doit absolument être maintenu. La position turque le démontre, l’alignement aveugle sur les Américains est une voie sans issue.
Faut-il attendre de ces régimes qu’ils fassent pression sur les Occidentaux, et sur le quartet en particulier, pour la levée immédiate et sans conditions du siège de Ghaza ? Ce qui est sûr est que la défaite politique israélo-américaine en Méditerranée orientale sanctionne avec une égale sévérité l’échec des « modérés ».
Retour des 32 Algériens kidnappés par les troupes israéliennes
M. Aziza
Les trente-deux ressortissants algériens, libérés par Israël, après l’attaque « de la flottille de la liberté » partie avec l’espoir de forcer le blocus imposé au territoire palestinien de Ghaza, étaient attendus hier soir à l’aéroport d’international d’Alger, a indiqué hier le ministre des Affaires étrangères.
S’adressant à la presse en marge de l’inauguration de la 43ème édition de la Foire internationale d’Alger, Mourad Medelci a déclaré « vous pouvez vous assurer qu’ils (ressortissants algériens) sont en bonne santé (à l’exception) de l’un d’entre eux qui a été légèrement blessé à l’oeil ». « Nous nous sommes mobilisés pour parvenir à ce résultat grâce aux contacts avec des pays amis de la région comme l’Egypte, la Turquie et la Jordanie », a-t-il ajouté. Le nouveau ministre de la Communication, M. Nacer Mehal, a précisé pour sa part que « l’arrivée des ressortissants algériens à l’aéroport Houari Boumediene aura lieu ce soir vers 22h00".
Un avion spécial de la compagnie Air Algérie, avec toute une délégation à son bord, s’est d’ailleurs envolé hier pour la capitale jordanienne afin de ramener les ressortissants algériens libérés. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, M. Halim Benatallah, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), M. Bouguerra Soltani, quatre médecins, dont deux psychologues, des membres des groupes parlementaires des partis de l’Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) et du groupe parlementaire des Indépendants ainsi que des journalistes font partie de cette délégation.
Le président de l’association algérienne des secours humanitaires, Hariti Abdelaziz que nous avons interrogé hier dans la matinée, nous avait assuré que « les ressortissants sont en bonne santé. On compte un seul blessé, un député qui a une blessure légère à l’œil ».
Le président de la cellule a saisi l’occasion de l’annonce de cette bonne nouvelle de libération des ressortissants algériens, pour lancer un appel aux Algériens afin de réserver à la délégation en retour de Jordanie un accueil populaire. « On est sûr que les autorités algériennes comptent leur réserver un accueil officiel mais on aimerait bien qu’il soit aussi populaire ».
Notre interlocuteur a tenu à souligner que « il est vrai que les aides n’ont pas pu parvenir aux habitants de Ghaza, en raison de l’attaque, mais le message est arrivé et les Egyptiens ont vite ouvert le passage de Rafah ». En ajoutant : « Des voix se sont élevées partout dans le monde pour appeler à la levée du blocus sur Ghaza ».
Les trente-deux algériens arrêtés par Israël, après l’attaque criminelle contre la flottille de la liberté, dans les eaux internationales, ont été libérés mercredi à 4h00 du matin.
Cette libération a été faite avec l’aide déployée par des gouvernements de certains pays amis (la Jordanie, la Turquie et l’Egypte), selon le ministère des Affaires étrangères.
Après l’attaque, l’Algérie avait appelé à la libération immédiate et sans condition de ses ressortissants détenus illégalement par Israël, et ce, conformément à la déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies du 31 mai 2010. La délégation algérienne de la flottille humanitaire compte parmi ses rangs des députés, des journalistes, des médecins et des militants du mouvement associatif.
3 juin 2010 - Le Quotidien d’Oran - Vous pouvez consulter cet article à :
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