jeudi 5 novembre 2009

Gaza : les États arabes insistent à l’ONU pour obtenir des enquêtes

05/11/2009
Une boutique palestinienne de souvenirs propose des écharpes au nom du juge sud-africain Richard Goldstone.                                                                                                                Marco Longari/AFP
Une boutique palestinienne de souvenirs propose des écharpes au nom du juge sud-africain Richard Goldstone. Marco Longari/AFP
Israël mène une campagne diplomatique tous azimuts contre le rapport.
Les pays arabes et non alignés ont demandé hier à l'ONU de soutenir leur demande qu'Israël et les Palestiniens ouvrent des enquêtes sérieuses sur les violations du droit international commises lors du conflit de Gaza à l'hiver dernier.
Au moins 43 orateurs devaient s'exprimer, lors d'un débat à l'Assemblée générale, sur le rapport controversé de la commission Goldstone, qui accuse les deux parties de « crimes de guerre » et de « possibles crimes contre l'humanité » lors de l'offensive militaire israélienne à Gaza en décembre-janvier. À l'issue du débat, qui selon l'observateur de la Palestine Riad Mansour se prolongera jusqu'à aujourd'hui, l'Assemblée devrait adopter un projet de résolution déposé par le groupe arabe avec le soutien des non-alignés, qui « approuve » le rapport du juge sud-africain Richard Goldstone.
Ce rapport recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye si Israël et le Hamas, qui contrôle Gaza, n'effectuent pas dans les six mois des enquêtes crédibles sur la manière dont le conflit a été mené. Le projet de résolution déposé à l'ONU demande à Israël et aux Palestiniens d'ouvrir dans les trois mois des enquêtes « indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux » sur les « graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dont fait état le rapport ». Il exprime la volonté de l'Assemblée de faire le point au bout de trois mois sur l'application de la résolution, « en se réservant la possibilité de saisir d'autres organes pertinents de l'ONU, dont le Conseil de sécurité ».
Ce texte devrait trouver facilement une majorité parmi les 192 États membres de l'Assemblée, selon les diplomates. Les États-Unis devraient voter contre, tandis que la majorité des membres de l'UE devraient soit s'abstenir, soit voter la résolution. Les résolutions de l'Assemblée générale n'ont pas le caractère contraignant de celles du Conseil de sécurité mais n'en ont pas moins un certain poids moral, car elles représentent les vues de la majorité des États du monde.
Plaidant au nom des non-alignés pour l'adoption de la résolution, l'ambassadeur d'Égypte, Maged Abdel Aziz, a estimé « impératif que l'Assemblée générale démontre sans équivoque son engagement pour les droits de l'homme et la protection des civils, tant du côté palestinien que du côté israélien ».
M. Mansour a souligné l'une des conclusions du rapport Goldstone selon laquelle l'offensive militaire israélienne à Gaza avait été « préparée dans toutes ses phases de manière délibérément disproportionnée » et « visait à punir, humilier et terroriser la population civile ».
Israël, qui avait lancé une offensive en réponse à des tirs de roquettes sur son territoire à partir de Gaza par les militants palestiniens, rejette le rapport comme étant « inique, saugrenu et unilatéral ». L'État hébreu, qui mène une campagne diplomatique tous azimuts contre le rapport, craint qu'il finisse devant le Conseil de sécurité puis la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui pourrait engager des poursuites contre ses hauts responsables militaires ou politiques.
Son ambassadrice, Gabriela Shalev, a de nouveau rejeté le rapport Goldstone qui, selon elle, dénie à Israël le droit de se défendre contre le terrorisme. Elle a également critiqué le bien-fondé du débat à l'Assemblée générale de l'ONU, où existe historiquement une large majorité propalestinienne. « Plutôt que d'affronter le terrorisme, l'Assemblée générale a de nouveau choisi d'ignorer la réalité (...) ; cet organe lance une nouvelle campagne contre la victime du terrorisme, le peuple d'Israël », a-t-elle déclaré.