jeudi 5 novembre 2009

Les colonies sont un terreau fertile pour le terrorisme

jeudi 5 novembre 2009 - 06h:19

Gideon Levy
Ha’aretz

La parade des bien-pensants s’est ébranlée dimanche soir. Ils ont décrit Yaakov Teitel comme un « élément étranger », une « pomme pourrie » et une « épine sauvage ». Même s’il a agi seul, s’il a parlé et halluciné en anglais, même s’il est mentalement perturbé comme l’a prétendu son avocat, cela ne change rien au fait que ce Jack l’Eventreur venant de la colonie cisjordanienne de Shvout Rachel - contrairement à son prédécesseur londonien - a agi sur un terreau des plus fertiles.

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L’organisation juive Mishmeret Yesha entraîne ses membres à combattre les Palestiniens qui se révoltent contre la spoliation de leurs terres par les colons. Mishmeret Yesha ne reconnaît aucun droit aux Palestiniens. Sur cette image, des membres de l’organisation terroriste s’entraînent dans une école de la colonie d’Yitzhar.

Oui, les colonies et en particulier les avant-postes illégaux où Teitel vivait et avait ses armes, de même que la colonie kahaniste de Kfar Tapuah où il a fait ses débuts, ce sont vraiment des endroits pour de dangereux fêlés comme lui. C’est leur refuge, là où ils peuvent cacher des armes sans être embêtés et partir pour des expéditions haineuses et meurtrières sans être vus.

Ce n’est pas une coïncidence : jamais un terroriste ou un tueur n’est sorti de La Paix Maintenant, de Gush Shalom ou de Yesh Gvoul. Par contre, avec l’aide de dieu, nous avons déjà vu deux terroristes assassins issus de Shvout Rachel. Jamais un gauchiste n’a appelé à la mort de quelqu’un qui n’était pas d’accord avec lui - c’est quelque chose que nous devons toujours nous rappeler quand nous parlons de gauche et de droite.

Bien sûr, nous devons prendre nos distances de tout le groupe des colons qui ne cessent de répandre ces métastases. Quand une colonie est issue d’une faute, le péché de la terre volée, le fusil reste au repos pendant le premier acte, l’acte de confiscation illégale de la terre. Mais vous pouvez être sûr qu’il y aura toujours quelqu’un pour presser la détente durant l’acte final.

N’importe qui n’est pas un Teitel, et il est clair que tout colon n’est pas un tueur. Mais aucune équipe d’investigation spéciale n’a été constituée quand une expédition meurtrière s’est mise en route il y a quelques semaines, laissant une oliveraie rasée. L’erreur fatale de Teitel fut de se tourner vers d’autres juifs. S’il s’était contenté d’actes meurtriers contre la population palestinienne, jamais il n’aurait été pris.

Teitel avait une vision du monde organisée, panoramique. Mort aux arabes, aux homosexuels, aux chrétiens, aux gauchistes et aux juifs messianiques. Tous étaient des « sodomites » impurifiables. Teitel a mis à prix leur tête à chacun, tout comme l’ont fait d’autres de ses amis colons. La différence est que les autres mettaient à prix la tête des seuls Palestiniens, si bien que personne ne se préoccupait de les arrêter. Teitel était tout aussi « déséquilibré » que ses compagnons. Et du reste, est-ce qu’un terroriste palestinien a jamais été déclaré « déséquilibré » ? Le Shin Beth a-t-il jamais utilisé l’expression « a agi seul » pour justifier des folies meurtrières ininterrompues et non résolues pendant toute une décennie, commises par un Palestinien solitaire ?

Aujourd’hui chacun hoche la tête. Les colons prétendront « ne rien avoir à faire avec tout cela », ils lèveront les yeux au ciel et clameront bien vite de rudes et creuses dénonciations. Le Shin Beth et la police brandiront le drapeau de la victoire pour montrer qu’ils ne lésinent pas avec les colons, et la Belle au bois dormant qu’est la gauche continuera à se draper de complaisance. Mais il y a d’autres Teitel qui se baladent dans ce pays d’occupation et de négligence, et aussi longtemps qu’ils ne porteront pas la main sur d’autres juifs, personne ne leur demandera des comptes - et même cela pourrait bien changer.

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2 novembre 2009 - Haaretz - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : Marie Meert