mardi 10 novembre 2009

Paysans palestiniens en Cisjordanie : La bénédiction de l’huile d’olive

publié le dimanche 8 novembre 2009

el Watan
L’huile d’olive « équitable » au secours des paysans palestiniens qui doivent faire face aux interdits des colons israéliens.

Nasser Abou Farha a trouvé un bon moyen d’aider les paysans palestiniens de Cisjordanie : le commerce équitable qui lui permet d’exporter de l’huile d’olive « made in Palestine ». Et de faire ainsi payer au prix fort, mais politiquement correct, le coût de l’occupation israélienne. « Les gens achètent (cette huile) parce qu’elle vient de Palestine, et aussi parce qu’elle a un impact social sur le terrain », se félicite le directeur de la société Canaan, une des premières à obtenir la certification « commerce équitable » en Cisjordanie. « Ce qui ne gâte rien, l’huile est bonne », plaisante-t-il. Depuis sa création en 2004, la société Canaan —spécialisée dans la production d’huile d’olive, de tomates séchées, d’amandes, de miel et de savon (à base d’huile d’olive)— est devenue une coopérative qui emploie plus de 1700 paysans palestiniens du nord de la Cisjordanie. Ils sont mieux payés que les prix du marché ne l’autoriseraient.

« Le commerce équitable a toujours offert un prix plus élevé, pour être en conformité avec les spécifications internationales, ce qui est bon pour les prix et bon pour les paysans », souligne Samer Al Ahmad, directeur d’une ONG palestinienne de soutien aux fermiers de Cisjordanie. Ce surcoût est compensé par les consommateurs en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, qui se considèrent comme « socialement responsables ». Une bouteille de 375 ml d’huile d’olive de Canaan se vend 16 dollars (11 euros) aux Etats-Unis, soit quatre fois le prix pratiqué en Cisjordanie. L’objectif du commerce équitable est habituellement d’aider les petits producteurs du tiers-monde à faire face à la concurrence des gros exploitants. Dans le cas de Canaan, il s’agit d’abord d’aider les paysans palestiniens « à travailleur la terre, à ne pas l’abandonner pour aller travailler dans les usines ou sur les chantiers israéliens », explique Nasser Abou Farha. Beaucoup de cultivateurs de la région de Jénine ont, en effet, vu leurs revenus fondre après la construct ion par Israël en 2004 d’une « barrière antiterroriste » — un « mur de l’apartheid », disent les Palestiniens — qui, une fois achevée, empiétera sur près de 10% de la Cisjordanie, selon l’ONU.

Dans le village d’Anin, les paysans doivent se soumettre chaque jour à un contrôle militaire pour franchir la clôture qui les sépare de leurs champs. Pendant la cueillette des olives, à l’automne, le point de passage est ouvert une heure le matin et une heure l’après-midi. Le reste de l’année, les horaires sont encore plus serrés. D’autres ne peuvent plus cultiver leurs oliveraies à cause de certains colons israéliens qui les empêchent de s’y rendre, souvent en usant de la force, quand ils n’arrachent pas ou ne brûlent pas simplement les arbres.

publié par El Watan, 3 novembre 2009

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