mardi 10 novembre 2009

Abbas serait-il prêt à affronter la réalité ?

dimanche 8 novembre 2009 - 15h:57

Khalid Amayreh

Mahmoud Abbas, le chef contesté de l’Autorité palestinienne, a finalement mais tardivement admis que le soi-disant processus de paix avec Israël avait complètement échoué et que le peuple palestinien aura à trouver une solution de rechange.

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Tout un symbole ... Les supplétifs palestiniens entraînés, financés et contrôlés par Israël, les Etst-Unis et l’Union Européennes, "manifestent" les armes à la main à Al Khalil] [Hebron] le 7 novembre pour demander à Abbas de revenir sur sa décision de prendre sa retraite [tout sauf méritée]...

Dans un discours prononcé jeudi soir à Ramallah, M. Abbas, a accusé à juste titre Israël de l’échec complet du processus politique, en disant que l’Autorité palestinienne [AP]avait réalisé « tous ses engagements et toutes ses obligations », tandis qu’Israël continue à voler la terre palestinienne et à construire des colonies juives.

Le dirigeant du Fatah, âgé de 74 ans, a dit aussi avoir décidé de ne pas briguer un deuxième mandat comme président de l’AP, faisant référence à l’échec des pourparlers de paix avec Israël et au refus israélien de mettre fin à l’occupation qui a commencé en 1967.

Comme principales raisons de sa décision, il a cité l’adoption par l’Amérique du rejectionnisme israélien, en particulier en ce qui concerne l’expansion des colonies juives, et les efforts jusqu’ici infructueux de réconciliation nationale entre le Fatah et le Hamas.

En bref, M. Abbas a accusé tout le monde pour son échec, sauf lui-même.

En effet, dès la création de sa « présidence » !!!! Abbas a cherché à apaiser les Israéliens et les Américains avec des moyens qui ont sérieusement affaibli la dignité nationale palestinienne, faisant que notre ennemi et son protecteur d’outre-mer ont considéré la direction de l’AP comme une entité collaboratrice.

Abbas et ses cohortes ont permis à un général américain de former et de « bâtir » des « forces nationales » palestiniennes, conformément à une doctrine manifeste de trahison en vertu de laquelle la lutte palestinienne contre l’occupation israélienne est considérée comme « un acte de terreur. »

Keith Dayton a inculqué à nos fils la croyance empoisonnée qu’Israël était l’ami et le Hamas l’ennemi.

Finalement, les Américains ont cajolé et encouragé certains ambitieux et arrivistes parmi les dirigeants du Fatah pour tenter un coup d’État militaire contre le gouvernement démocratiquement élu à Gaza, ce qui a mené à une situation de confrontation permanente entre le Fatah et le Hamas.

Mais au lieu de chercher une véritable réconciliation avec le Hamas, l’équipe d’Abbas s’est obstinée à forger une alliance de fer avec l’armée d’occupation israélienne contre la résistance palestinienne, principalement dans le but d’obtenir un certificat de bonne conduite de la part des Israéliens et des Américains.

Nous nous souvenons tous de la rencontre entre les généraux traîtres infâmes d’Abbas et les commandants de l’armée israélienne à Beit El, près de Ramallah, en Septembre 2008, lorsque le commandant le plus haut placé des services de sécurité palestiniens en Cisjordanie, a dit à ses collègues sionistes : « Nous sommes alliés contre le terrorisme » et que « nous avons un ennemi commun, et le nom de cet ennemi est le Hamas ».

Ces remarques ne sont pas simplement un lapsus de la part de l’équipe d’Abbas. Elles ont été traduites et sont encore aujourd’hui traduites en politiques dans chaque coin et chaque rue de Cisjordanie où les forces de sécurité palestiniennes appliquent une dure inquisition contre les partisans du Hamas.

Cette inquisition, qui se poursuit sans relâche, a vu l’emprisonnement et la torture de milliers d’innocents et la mort de nombreuses personnes.

La connivence entre l’Autorité palestinienne et Israël a conduit plus tôt cette année à l’assaut israélien contre Gaza, grâce auquel l’Autorité palestinienne espérait que la Wehrmacht juive en finisse avec le Hamas et ramène, à la junte de Ramallah, la bande de Gaza sur un plateau d’argent.

Les fautes d’Abbas ne se sont pas limitées à la période qui a suivi les élections de 2006, aux complots et machinations contre le Hamas, comme le fait d’encourager l’occident à maintenir et même à renforcer le blocus de Gaza, et à encourager les dirigeants égyptiens à fermer la frontière de Rafah dans le but d’étrangler l’enclave côtière où vivent 1,5 million de personnes, dans l’espoir que ces habitants se dresseraient contre le Hamas.

Sa gestion des pourparlers de paix avec Israël a été vaine et franchement scandaleuse. Se comportant souvent comme Alice au pays des merveilles, M. Abbas a donné à son peuple à de nombreuses occasions l’impression que la paix était au coin de la rue et qu’Ehud Olmert, le héros du quasi-génocide contre la bande de Gaza, était un partenaire sincère pour la paix.

Les embrassades entre Abbas et Olmert à Jérusalem-Ouest ont fait croire à de nombreuses personnes en Palestine ainsi que dans le reste du monde qu’Israël allait finalement reconnaître les droits légitimes des Palestiniens et que la création d’un Etat palestinien viable, avec Jérusalem-Est comme capitale, n’était plus qu’une question de quelques mois.

Inutile de dire que toute cette agitation si peu sincère, appelée à tort « négociations de paix » se déroulait pendant que les bulldozers israéliens pulvérisaient davantage de terres palestiniennes, de fermes et de vergers.

Au cours de ces conversations mondaines, Abbas n’a jamais vraiment insisté sur un arrêt complet et total de l’expansion des colonies juives, le terrible cancer qui dévore le reste de la Cisjordanie, pas plus qu’il n’a insisté pour que soient fixées la phase finale et la durée du processus.

Par conséquent, sa bêtise, sa naïveté et sa confiance mal placée dans les intentions israéliennes l’ont mené là où il est maintenant. Il n’a qu’à s’en prendre à lui-même.

Beaucoup de dirigeants palestiniens et arabes lui avaient conseillé de ne pas se laisser duper et tromper par les Israéliens en acceptant un processus vague et de longue haleine qui permettrait à Israël de créer davantage de faits accomplis en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Mais il a presque toujours refusé d’écouter, répétant que le processus de paix « était pour les Palestiniens la seule stratégie ».

Et quand un journaliste palestinien lui avait demandé il y a quelques mois ce qu’il ferait si le processus de paix échouait, il a déclaré sans honte que l’alternative au processus de paix était le processus de paix.

M. Abbas a affirmé dans son discours que la porte était toujours ouverte pour une « solution à deux États ». Mais un jour plus tôt, Saeb Ureikat, un conseiller politique clé d’Abbas, a été cité comme disant qu’il était maintenant trop tard pour un Etat palestinien et que la direction palestinienne devra être honnête et franche avec les masses palestiniennes à cet égard.

Il est difficile d’imaginer comment Abbas pourrait racheter et rectifier certaines de ses erreurs. Certaines de ses fautes, comme la coordination répressive [sécuritaire] avec Israël, ne pourront jamais être pardonnées.

Mais Abbas peut encore engager des mesures audacieuses pour limiter les dégâts avant qu’il ne soit trop tard. La première de ces mesures devrait être le démantèlement de l’Autorité palestinienne qui ne sert qu’à liquider la cause nationale palestinienne.

Ne pas prendre cette initiative, quels que soient les prétextes et les excuses, signifierait seulement la légitimation du régime colonial israélien et la capitulation devant le statut quo.

Arrêtons de nous mentir et faisons face à l’évidente réalité qui est que l’occupation sioniste colonialiste de notre pays n’a jamais vraiment reculé et que les accords d’Oslo ont été une déception de A jusqu’à Z. Nous devons dire à notre peuple que l’Autorité palestinienne n’est pas une étape vers la libération de la tyrannie sioniste, comme cela a été dit, mais plutôt un instrument pour la liquidation de la cause palestinienne.

Abbas est-il prêt à affronter la réalité ? Ou a-t-il besoin de nouvelles 15 années de tromperies et de mensonges pour comprendre ce que chaque enfant palestinien sait parfaitement ?

7 novembre 209 - The Palestine Telegraph - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.paltelegraph.com/opinion...
Traduction de l’anglais : Nazim