mardi 10 novembre 2009

Les larmes de crocodile des dirigeants occidentaux


 Les larmes de crocodile des dirigeants occidentaux

Après la décision de Mahmoud Abbas de ne pas se représenter

Mahmoud Abbas n’est plus, vive Mahmoud Abbas ! C’est à peu près comme cela qu’on pourrait résumer le sentiment de certains dirigeants occidentaux qui versent des larmes de crocodile sur le retrait de la présidence de l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

De Washington à Paris, en passant par Berlin, Londres et Madrid, Européens et Américains découvrent sur le tard l’importance d’un personnage aussi charismatique que Mahmoud Abbas dans le traitement de la question palestinienne et partant la paix dans tout le Proche-Orient. Quelle soit tactique ou réfléchie, la décision d’Abou Mazen a eu ce mérite de mettre à nu la grande hypocrisie de responsables occidentaux. Mine de rien, ils se découvrent quasi orphelins d’un homme capable de faire entendre raison aux irréductibles du Hamas. Et dire qu’ils ont participé, bon gré, malgré, à son discrédit auprès de ces concitoyens par leur soutien à toute épreuve du va-t-en guerre d’Israël. Dernière humiliation en date, sa caution au report de l’examen du rapport Goldstone par le conseil des droits de l’homme de l’ONU sur pression de Washington notamment.

C’est donc un homme terriblement affecté d’être désigné comme « traître de la cause » par une partie de son peuple à force de compromission avec le couple américano-israélien, qui a décidé de jeter l’éponge. Une réaction de dépit d’un homme qui se sent trompé par ceux- là mêmes qui l’obligeait à montrer patte de blanche devant Tel-Aviv sans pour autant tirer bénéfice, ni pour lui ni pour son peuple. Ces réactions faussement indignées des puissants de ce monde, regrette-t-il, dénotent plutôt d’une crainte de ne pas trouver un homme aussi « lisse » que Mahmoud Abbas. Pis encore, ils redoutent l’élection démocratique d’un président d’obédience Hamas. C’est pourquoi le bureau de Mahmoud Abbas est inondé ces derniers jours de messages émanant de plusieurs pays lui manifestant leur soutien et l’invite à revenir sur sa décision. Et à tout seigneur tout honneur, c’est la Maison-Blanche qui a ouvert le bal des lamentations en saluant jeudi M. Abbas comme un « vrai partenaire » de Washington. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, s’est contentée d’espérer travailler avec M. Abbas « quelles que soient ses fonctions ». Depuis Sarajevo, où il effectuait vendredi une visite officielle, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a affirmé que le président Abbas a joué un rôle « crucial » et aura à jouer « un rôle majeur » pour l’avenir du processus de paix au Proche-Orient.

Un doux leurre

Le président Abbas a joué un rôle absolument crucial, principal et consistant en soutenant un processus pacifique pour le peuple palestinien. Son homologue français, Bernard Kouchner, a abondé dans le même sens, en affirmant que M. Abbas doit « continuer sa démarche vers la paix ». « J’insisterai auprès de Mahmoud Abbas pour qu’il continue sa démarche vers la paix », a soutenu M. Kouchner. « C’est cette génération d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) qui peut faire la paix. » Le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, demande à Mahmoud Abbas de donner une chance à l’Europe pour « sauver » le processus de paix. « Vous êtes l’homme qui incarne l’espoir du peuple palestinien. Je vous demande d’accorder une chance à l’Europe pour sauver le processus de paix. » La chancelière allemande Angela Merkel est allé jusqu’à appeler le chef de l’Autorité palestinienne au téléphone le priant de « déposer sa candidature » pour la présidentielle de janvier 2010. Ironie du sort et de l’histoire, même l’ennemi juré de la paix au Proche- Orient pleure le retrait de Mahmoud Abbas.

En effet, le président israélien, Shimon Peres, qui a signé avec M. Abbas en 1993 les Accords d’Oslo en tant que chef de la diplomatie, a exprimé le souhait de voir le président palestinien se présenter au prochain scrutin présidentiel ! Un soutien encombrant de nature à donner du grain à moudre aux adversaires de Mahmoud Abbas. Mais à y voir de près, il est difficile d’imaginer le retour de ce dernier à de meilleurs sentiments compte tenu de la conclusion qu’il a lui-même tiré : « Nous nous sommes félicité et nous avons été optimistes lorsque le président Barack Obama a annoncé la nécessité d’un arrêt complet des colonies israéliennes. Mais nous avons été surpris par la suite par son soutien pour la position israélienne. » En clair, pensez que les Etats-Unis puissent altérer leur amitié presque légendaire avec Israël pour les beaux yeux de Abbas ne serait qu’un doux leurre.

Par Hassan Moali

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