mardi 10 novembre 2009

Israël : un ancien général élève la voix

publié le lundi 9 novembre 2009

Gilles Paris
Le jour de Shaul Mofaz est-il venu ? L’ancien chef d’état-major a présenté un nouveau plan de paix dimanche 8 novembre

Il est au troisième plan sur cette photo, qui remonte au passage au pouvoir du parti israélien Kadima.Depuis, l’ancien premier ministre Ehoud Olmert limite ses conversations à un aréopage de juges, et l’ancienne ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, remâche sa curieuse défaite face à Benyamin Nétanyahou, le 10 février. Arrivée en tête, elle n’avait pas été en mesure de former un gouvernement de coalition.

Le jour de Shaul Mofaz est-il venu ? L’ancien chef d’état-major a présenté un nouveau plan de paix dimanche 8 novembre (lire ici sur le site du Jerusalem Posthttp://www.jpost.com/servlet/Satell..., et là sur celui du Haaretzhttp://www.haaretz.com/hasen/spages...). Le journaliste du Haaretz Ari Shavit en avait donné la substance il y a peu [1].

Que propose M. Mofaz ? Rien de nouveau en apparence sur le fond (les deux Etats) mais un mécanisme qui mérite l’attention. Premier constat, l’ancien général estime que M. Nétanyahou ne peut au mieux que gérer le statu quo. Or, juge-t-il, ce statu quo pénalise Israël, parce que les Israéliens sont désormais perçus comme traînant délibérément les pieds, et parce qu’il menace à terme la solution des deux Etats, comme le pense également le négociateur palestinien Saeb Erekat [2].

Comme le passage immédiat à des négociations sur les questions les plus difficiles du dossier palestinien (Jérusalem, les frontières, les réfugiés) semble hautement improbable (c’est d’ailleurs l’analyse que fait Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, en renonçant à se représenter à la présidence), M. Mofaz présente une alternative : la création d’un Etat palestinien temporaire sur 60% de l’ensemble constitué par Gaza et la Cisjordanie, de manière à rendre possible une série de “convergences” à commencer par celle des colons israéliens vers Israël (moyennement compensations), où les colonies qui seront annexées via des échanges de territoires dont le principe n’est plus discuté. C’est dans ce cadre nouveau que pourraient alors s’ouvrir ces fameuses négociations finales, dans un climat que M. Mofaz estime plus propice à sortir de l’impasse.

Avantage de cette proposition : jeter aux orties les matrices des processus de paix anciens qui n’ont jamais fonctionné et dont les principaux acteurs sont désormais prisonniers (Oslo, “Feuille de route”, Annapolis, etc…) ; rompre ensuite le statu quo et réintroduire un peu de dynamique. M. Mofaz fait également une sorte d’ouverture du Hamas, invité à participer aux négociations…à condition qu’il change.

Principal inconvénient : les Palestiniens ont toujours refusé les solutions intérimaires de longue durée, de peur qu’elles ne stabilisent la situation au profit d’Israël [3].

Dans sa présentation des idées de M. Mofaz, Ari Shavit dresse un parallèle avec Ariel Sharon et assure que l’ancien chef d’état-major de ce dernier n’a cessé, à tort, d’être sous-estimé par l’establishment israélien. La comparaison n’est pas sans fondement puisqu’on se rappelle également combien la manière forte avait été privilégiée par M. Mofaz au début de la deuxième intifada, non sans contribuer à son embrasement.

Un général fait-il un bon artisan de la paix ? Depuis l’assassinat de Yitzhak Rabin, en 1995, les Israéliens ne cessent de se poser la question.

publié sur le blog du Monde "Guerre ou paix"

http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/