lundi 10 octobre 2011

Des consignes israéliennes aux écoles arabes pour interdire tout enseignement civique ou politique

Palestine 48 - 8 octobre 2011
Par Hassan Abdel-Halim
Le gouvernement israélien persiste à vouloir effacer toute trace de l’identité palestinienne et de son histoire (Etat et peuple) afin de la remplacer de force par l’identité et l’histoire israéliennes, avec tout ce que ça implique de déformations dans les manuels scolaires, et à poursuivre les rapports de force par une politique de recrutement qui vise des étudiants arabes qui seraient, selon la politique israélienne, sans aucune identité ou repère arabo-palestinien mais qui seraient prêts à s’intégrer et à obéir exclusivement à l’autorité israélienne.
Des consignes israéliennes aux écoles arabes pour interdire tout enseignement civique ou politique
Conférence dans le lycée d'Araba, en Palestine 48, sur le statut de Jérusalem et de la mosquée al-Aqsa
Suite à la manifestation organisée au lycée d'Araba au tour du thème « le souvenir de Jérusalem et de la mosquée al-Aqsa », et l'importante participation des jeunes pour faire vivre ce souvenir, le ministère israélien de l’Education nationale n’a pas apprécié l’initiative, et a décidé de convoquer le directeur de l’école Araba, et a diffusé largement une note à tous les inspecteurs d’académie et aux directeurs d’écoles pour les avertir de ne plus prendre ce genre d’initiative qui, pour le ministère, n’est ni plus ni moins qu’une provocation de l’école dirigée contre l’autorité israélienne.
Israël mélange le devoir de mémoire historique et l’action politique.
Ce type de procédé du ministère israélien de l’Education nationale dépasse le cadre de son intervention censée être pédagogique, et vise à terroriser et à effacer l’identité palestinienne même dans les écoles palestiniennes.
Avertissement et séance avec le directeur du lycée d'El-Araba
Selon le journal Fassl el-Makal, dimanche dernier, le directeur du lycée d'Araba, M. Samir Nessar, a subi un interrogatoire musclé sur son initiative dans les bureaux du ministère, rue Tensirt Alayit à Nazareth Illith.
Le directeur a eu droit à de menaces et à des avertissements de ne plus jamais prendre ce genre d’initiative et ces avertissements ont été versés à son dossier professionnel.
C’est le ministre israélien Gideon Saar en personne qui a ordonné la convocation du directeur palestinien, le ministère voulant envoyer un message fort aux autres directeurs et donner un exemple.
Un éducateur arabe de Jelil a mis en garde contre cette politique de la peur qu’essaye de faire régner Israël en tentant par tous les moyens d’effacer et de diluer l’identité palestinienne avec des effets d’annonce plus proche de la menace que de la pédagogie.
Il ne faut pas selon lui faire l’amalgame entre la conscience politique et le militantisme politique.
Selon lui encore, le ministère israélien interfère abusivement dans les actions internes des écoles palestiniennes, en oubliant de dénoncer ce que font les écoles juives hors programme, à savoir éduquer les enfants juifs à haïr les Arabes dés leur plus jeune âge.
Pour preuve l’article publié par le journal Haaretz au début de cette année au sujet du phénomène de xénophobie anti-arabe dans les écoles juives promu par le corps enseignant israélien et qui n’est pas du tout condamné par le ministère.
On apprend ainsi aux enfants juifs à l’école de dire haut et fort le slogan « morts aux Arabes », mais le ministère ne bouge pas.
Le ministère ne bouge pas quand un sondage dans les lycées juifs fait apparaitre que tous les étudiants juifs sont contre l’accès et l’octroi de leurs droits aux Palestiniens.
Le ministère ne bouge pas quand les écoles religieuses juives les plus extrémistes organisent des manifestations publiquement anti-arabes avec des slogans anti-arabes.
C’est donc une injustice flagrante contre les activités palestiniennes concernant l’histoire de la Palestine inculquée aux Palestiniens.
Un enseignant, qui a préféré garder l’anonymat, explique que ces politiques sont la preuve de la paranoïa israélienne et surtout de la rage d'Israël à appliquer s politique de transformation du peuple palestinien en peuple amnésique de sa propre identité au profit du projet israélien, à savoir la production d'un « bon Arabe », un Arabe sans repère historique, social ou religieux, mais un Arabe qui ne reconnaitrait que l’identité supérieure d’Israël.
Mais l’autorité israélienne pourra-t-elle faire oublier qu’à chaque manifestation des étudiants arabes, elle n’a pas hésité à utiliser des snipers pour tirer à balles réelles sur des jeunes désarmés(13 écoliers martyrs au cours de la seconde Intifada).
L’identité palestinienne dans les manuels est un sujet d’insomnie pour les autorités israéliennes qui veulent l’effacer complètement des manuels pour ne faire enseigner qu’une histoire qu’ils ont falsifié et déformé, et surtout de n’enseigner que l’histoire du peuple juif.
L'enseignant a aussi lancé un appel à tous les directeurs arabes pour demander un écrit officiel de l’académie israélienne où elle indiquera ce qui est toléré ou non dans l’enseignement, de manière à que ce document juridique l’engage et soit la preuve des véritables actions du ministère israélien contre les Arabes à l’école.
Et il a demandé que les convocations et les interrogatoires musclés ne fassent pas peur aux directeurs et qu’ils continuent à défendre l’identité palestinienne et à se tourner vers les tribunaux, si besoin est, pour se défendre.
Voici la lettre envoyée aux inspecteurs par le ministre israélien :
« Il est rappelé qu’il est strictement interdit d’organiser des activités politiques à caractère militant dans les écoles, comme des conférences ou des tables rondes qui auraient pour but d’éveiller chez les écoliers une quelconque conscience politique ou le choix d’une ligne politique.
Nous ne voulons pas que les écoles deviennent des terrains politiques pour des mouvements ou des partis politiques, même si la conférence est une initiative de l’autorité locale.
Bon nombre de directeurs ne respectent pas cette directive par manque de volonté ou par irresponsabilité, nous demandons aux inspecteurs de veiller au respect de la directive dans leurs zones d’intervention. »
Zoabi : les informations historiques ne sont pas de l’incitation politique, mais un devoir de mémoire
Dans une lettre urgente au procureur d’Israël, la député Hanan Zoabi réclame l’examen de la lettre du ministère qu’elle considère comme illégale juridiquement. Car respecter cette directive du ministère de l’Education empêchera toute action au sein des écoles arabes.
Photo
2 juin 2010, Hanan Zoabi, député arabe à la Knesset, agressée par la député israélienne Anastassia Michaeli pour sa participation à la flottille de la liberté.
Selon la député, cette lettre est une autre forme de marginalisation des Arabes et çà, c’est politique et non pédagogique et pire, c’est illégal.
La député a écrit au ministère israélien de l’Education pour lui rappeler qu’il a dépassé ses prérogatives en voulant interdire toute initiative dans les écoles arabes, car le fait d’interdire un travail historique ne va pas faire oublier que lors de la seconde intifada, 13 jeunes écoliers sont tombés sous les balles de l’armée israélienne, et y interdire les tables rondes ne va pas faire oublier ces morts. Sauf si Israël considère que l’histoire n'est incitative et provocatrice que pour les Arabes lorsqu'ils apprennent leur histoire, et non pour les Juifs quand ils apprennent la leur.
La député a rappelé que le but de l’école est d'encourager l’ouverture vers les autres et l’éveil de la conscience sociale et politique pour promouvoir la démocratie et le multipartisme.
Et elle pose la question : le ministère veut-il produire des élèves ignorants de leurs histoire quand il s’agit des Arabes, coupés de leurs repères identitaires, ignorant de leurs droits ? Est-ce que c'est la mission de l’académie d’envoyer des lettres de menaces aux directeurs d’écoles pour faire régner la politique de la peur et de la terreur ? Et les inspecteurs sont-ils les nouveaux bras armés de l’Etat d’Israël ?
La député finit sa lettre en demandant au ministère d’encourager les rencontres entre écoles juives et arabes pour partager et échanger sur leur histoire commune par le biais de conférences et de tables rondes communes.
Pour elle, c’est là le rôle d’une académie et d’un ministère qui se sentent investis d’une mission pédagogique et non le rôle de faire régner la terreur, de sortir de son rôle et de se dégager de sa responsabilité.
Source : Arabs48
Traduction : MM pour ISM
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