LeMonde.fr avec AFP
La
diffusion sur France 2 d’une émission sur les territoires palestiniens a
déclenché une polémique, obligeant la direction de la chaîne à
rencontrer prochainement l’ambassadeur d’Israël et les représentants de
la communauté juive en France, a indiqué samedi 8 octobre le groupe
public.
"Des rendez-vous ont été pris
entre l’ambassadeur d’Israël et le CRIF (le Conseil représentatif des
institutions juives de France, ndlr), et le président de France
Télévisions Rémy Pflimlin, avec Thierry Thuillier", le directeur de
l’information de France Télévisions, a indiqué la chaîne. A l’origine de
cette polémique, un numéro du magazine "Un oeil sur la planète" diffusé
lundi et intitulé "Un Etat palestinien est-il encore possible ?".
"INTENSE ÉMOTION ET UNE STUPÉFACTION ÉCOEURÉE"
Cette émission "a entraîné au sein de la communauté
juive une intense émotion et une stupéfaction écoeurée", a déclaré le
président du CRIF, Richard Prasquier, dans une lettre ouverte à Rémy
Pflimlin. Il a jugé que l’équipe qui l’a réalisée "a présenté, d’un
conflit complexe, une image caricaturale et unilatérale", "en distordant
les causalités, en ridiculisant l’adversaire, sans éviter les
insinuations à la limite des théories conspirationistes antisémites".
M. Prasquier a demandé de rencontrer Rémy Pflimlin.
Un groupe a parallèlement été créé sur Facebook,
"Boycott France Télévisions", demandant que la chaîne "revienne sur
cette émission et présente des excuses".
MENACES PHYSIQUES
Le rédacteur en chef de l’émission, Patrick Boitet,
s’est expliqué dans une interview au Parisien : "Nous avons fait notre
travail de journalistes avec rigueur (...) Pour le Proche-Orient, les
opinions s’enflamment facilement. Mais là, c’est exagéré". Il raconte
avoir reçu "800 mails" cette semaine, "où nous sommes traités de petits
nazillons". Le présentateur de l’émission, Etienne Leenhardt, aurait par
ailleurs été physiquement menacé.
Le correspondant à Jérusalem de France télévisions,
Charles Enderlin, s’est fendu d’un article sur son blog intitulé
"Bonjour les censeurs". Il estime notamment que "cela s’appelle de la
censure et c’est une atteinte intolérable au droit d’informer."