lundi 10 octobre 2011

Les actes anti-Arabes se multiplient en Israël

publié le lundi 10 octobre 2011
Marc Henry - Le Figaro
 
Les exactions non revendiquées sont attribuées par la police à l’extrême droite militante.
Les exactions anti-Arabes attribuées aux ultras de l’extrême droite se multiplient en Israël. Durant le week-end, la police a découvert plusieurs dizaines de tombes musulmanes et chrétiennes profanées à Jaffa, au sud de Tel-Aviv. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre, ainsi que le président, Shimon Pérès, ont aussitôt dénoncé ces « actes de vandalisme ». Certains commentateurs ont, pour leur part, agité le spectre d’un « djihad juif » (une guerre sainte) mené par des têtes brûlées qui « jouent avec le feu », comme le titrait dimanche le Yédiot Aharonot, le plus grand quotidien du pays.
Le ton adopté est d’autant plus alarmiste que cet incident est loin d’être isolé. La semaine dernière une mosquée a été incendiée dans une localité bédouine de Galilée, dans le nord du pays. Auparavant des inconnus avaient tenté de mettre le feu à plusieurs autres lieux de culte musulmans dans les localités palestiniennes de Cisjordanie. Des centaines d’oliviers appartenant à des Palestiniens ont été déracinés.
Ces agressions n’ont pas épargné Tsahal. Pour la première fois, le mois dernier, des inconnus se sont infiltrés dans une base militaire de Cisjordanie pour taillader les pneus de jeeps. Plusieurs officiers de l’armée et de la police, habitant dans les colonies de Cisjordanie, sont également la cible de harcèlement. Des menaces de mort ont été peintes sur les murs de la maison à Jérusalem d’une responsable de La Paix maintenant, une organisation israélienne hostile à la colonisation.
Renforts autour des mosquées
Ces agressions ne sont pas revendiquées par un groupe particulier. Leurs auteurs se contentent de signer avec un slogan : « Le prix à payer », qui fait allusion aux représailles que les éléments les plus durs de l’extrême droite exercent contre les Palestiniens, chaque fois que des attaques anti-israéliennes se produisent ou en réaction aux mesures prises par le gouvernement qui déplaisent aux colons. Le danger est tel que Ehoud Barak, le ministre de la Défense, a lui-même comparé ces actions clandestines à celles des « organisations terroristes » palestiniennes.
Mais il a admis que lutter contre « ce genre de phénomène n’est pas facile ». Les résultats enregistrés par la police et le Shin Beth ne sont pas très glorieux. Pratiquement aucun suspect n’a été traduit en justice jusqu’à présent. Ehoud Barak a attribué cet échec aux difficultés rencontrées pour infiltrer des informateurs parmi ces petits groupes d’activistes très méfiants, dont les exactions sont dénoncées par l’immense majorité des Israéliens vivant dans les colonies de Cisjordanie.
Pour tenter de relever le défi, la police a créé une unité spéciale chargée de lutter contre ces extrémistes et déployé des renforts autour des mosquées et autres institutions musulmanes. Les autorités redoutent en effet que de nouvelles provocations finissent par déclencher ce que certains médias présentent déjà comme une possible « troisième intifada », tant les esprits sont chauffés à blanc.
Publié par le Figaro
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