jeudi 30 juin 2011

Pnina Feiler, du kibboutz à la flottille

publié le mardi 28 juin 2011
Elise Barthet

 
C’est la doyenne de l’expédition, mais, à 88 ans, Pnina Feiler fait certainement partie des plus enthousiastes. Ce petit bout de femme, la "Maman de Dror" comme l’appellent les autres militants, est arrivée d’Israël il y a quelques jours.
Assise sur un scooter devant l’immeuble du centre d’Athènes où se tenait la conférence de presse, elle m’assure que "contrairement à l’année dernière où elle allait trop mal", cette fois elle est suffisamment en forme pour supporter les aléas du voyage en mer.
"Et puis j’en ai vu d’autres", sourit la vieille dame. Née à Lodz, en Pologne, Pnina a migré en Palestine en 1938, à l’époque du mandat anglais. Dix ans plus tard, infirmière pendant la guerre d’indépendance israélienne, elle soignait les jeunes soldats blessés transportés à l’hôpital de Tel-Aviv. Toute sa vie, elle a pansé, apaisé, réparé. Un engagement "contre la souffrance" qui l’a poussé en 2002 à rejoindre l’organisation israélienne Physicians for Human Rights, une ONG qui réunit des médecins juifs et arabes.
"Vous savez, j’habite à Yad Hana, un ancien kibboutz, juste à côté de la ville de Toulkarem en Cisjordanie, explique-t-elle. Jesais ce qui se passe côté palestinien, j’ai appris un peu l’arabe. Je ne peux pas rester sans rien faire". Activiste de longue date, elle a même tâté de la prison en Israël. "Je suis restée trois jours enfermée, dans les années 1960, après une petite manifestation pour la libération des prisonniers palestiniens en Israël." Pas vraiment un bon souvenir...
Ce qui l’inquiète aujourd’hui, c’est qu’on "la batte" si le navire sur lequel elle doit embarquer est arraisonné par l’armée. En 2010, son fils, le compositeur et musicien suédois né en Israël Dror Feiler, avait fait les frais de son engagement dans la première flottille. Pour beaucoup d’Israéliens, il était le "traitre", l’homme à punir. "J’espère que cette fois le gouvernement se fera pousser un cerveau et qu’ils nous laisseront passer, conclut Pnina. Si nous échouons, ce sera dommage pour le peuple palestinien, mais c’est l’image d’Israël dans le monde qui en pâtira le plus".
Elise Barthet
NB : Un documentaire a été consacré à "l’infirmière communiste" en 2010. Les références sont ici