05/02/2011
Israël se flatte d'être la seule démocratie du Proche-Orient et fustige le manque de règles démocratiques chez ses voisins arabes. Pourtant, l'État hébreu accueille sans sympathie la révolte populaire contre le régime égyptien de crainte qu'elle ne fasse le jeu des islamistes.
Dans le monde entier, de nombreux dirigeants, dont le président américain Barack Obama, ont exprimé leur soutien au soulèvement en Égypte, venant secouer le joug d'un pouvoir autoritaire en place depuis 30 ans. Mais pas en Israël. Dans un premier temps, les officiels ont gardé un silence prudent avant de tirer unanimement la sonnette d'alarme face aux risques « d'instabilité » régionale.
Dans le monde entier, de nombreux dirigeants, dont le président américain Barack Obama, ont exprimé leur soutien au soulèvement en Égypte, venant secouer le joug d'un pouvoir autoritaire en place depuis 30 ans. Mais pas en Israël. Dans un premier temps, les officiels ont gardé un silence prudent avant de tirer unanimement la sonnette d'alarme face aux risques « d'instabilité » régionale.
« Voyez ce qui s'est passé en Iran », où la révolution contre le chah a débouché sur le régime des ayatollahs, a averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Il y a « deux visions (...) Celle du monde libre et celle du monde radical. Laquelle l'emportera en Égypte ? La réponse est cruciale pour l'avenir de l'Égypte, de la région et pour nous ici en Israël », a souligné M. Netanyahu dans un discours au Parlement. « Voyez ce qui s'est passé à Gaza », où les élections de 2006 ont abouti à un gouvernement palestinien sous la férule des islamistes du Hamas, a mis en garde le président Shimon Peres. « Si, au lendemain des élections, on se retrouve avec une dictature religieuse extrémiste, à quoi bon ces élections démocratiques ? » s'est interrogé ce vétéran de la scène régionale, Prix Nobel de la paix, qui plaide pourtant depuis des années pour un « nouveau Proche-Orient ».
En dépit d'une couverture médiatique plutôt favorable aux manifestations anti-Moubarak, les juifs israéliens paraissent se méfier des perspectives de liberté dans le monde arabe. Selon un sondage publié jeudi, 59 % d'entre eux sont persuadés qu'un « régime islamiste » va succéder au président Moubarak, contre 21 % qui s'attendent à un « régime laïque démocratique ». Deux Israéliens sur trois estiment qu'une chute du régime Moubarak aura des conséquences négatives pour Israël.
Le maintien du statu quo en Égypte apparaît à une majorité d'Israéliens comme le meilleur moyen de préserver le traité de paix signé en 1979 par le prédécesseur de Moubarak, Anouar el-Sadate, qui devait le payer de sa vie, victime deux ans plus tard d'un attentat islamiste.
Ce traité, censé au départ aboutir à un règlement global au Proche-Orient, a été miné, aux yeux de l'opinion publique égyptienne, par la poursuite de l'occupation israélienne et de la colonisation dans les territoires palestiniens.
Mais si la paix est restée « froide », si elle est contestée par des forces islamistes en Égypte, elle n'en a pas moins résisté à deux guerres au Liban et à deux intifadas palestiniennes.
Face à l'Iran, bête noire d'Israël, le régime Moubarak constitue un véritable allié stratégique dont la perte serait d'autant plus ressentie qu'elle surviendrait après la dégradation spectaculaire des relations avec la Turquie.
Pour Israël, le scénario catastrophe serait le basculement de l'Égypte dans le camp ennemi, surtout s'il est suivi d'une évolution comparable en Jordanie, renvoyant l'État juif à la situation d'encerclement qui prévalait avant la guerre de juin 1967.
« C'est le pire cauchemar pour les hommes chargés de la défense d'Israël », a relevé le correspondant militaire de la TV publique Yoav Limor.
« Un retour à une situation de confrontation aurait le pire impact sur nos existences », écrit le quotidien Yediot Aharonot, concluant cependant que « si la démocratie est bonne pour nous, elle doit l'être aussi pour les Arabes. Et les retombées seront en fin de compte bonnes pour nous ».
Il y a « deux visions (...) Celle du monde libre et celle du monde radical. Laquelle l'emportera en Égypte ? La réponse est cruciale pour l'avenir de l'Égypte, de la région et pour nous ici en Israël », a souligné M. Netanyahu dans un discours au Parlement. « Voyez ce qui s'est passé à Gaza », où les élections de 2006 ont abouti à un gouvernement palestinien sous la férule des islamistes du Hamas, a mis en garde le président Shimon Peres. « Si, au lendemain des élections, on se retrouve avec une dictature religieuse extrémiste, à quoi bon ces élections démocratiques ? » s'est interrogé ce vétéran de la scène régionale, Prix Nobel de la paix, qui plaide pourtant depuis des années pour un « nouveau Proche-Orient ».
En dépit d'une couverture médiatique plutôt favorable aux manifestations anti-Moubarak, les juifs israéliens paraissent se méfier des perspectives de liberté dans le monde arabe. Selon un sondage publié jeudi, 59 % d'entre eux sont persuadés qu'un « régime islamiste » va succéder au président Moubarak, contre 21 % qui s'attendent à un « régime laïque démocratique ». Deux Israéliens sur trois estiment qu'une chute du régime Moubarak aura des conséquences négatives pour Israël.
Le maintien du statu quo en Égypte apparaît à une majorité d'Israéliens comme le meilleur moyen de préserver le traité de paix signé en 1979 par le prédécesseur de Moubarak, Anouar el-Sadate, qui devait le payer de sa vie, victime deux ans plus tard d'un attentat islamiste.
Ce traité, censé au départ aboutir à un règlement global au Proche-Orient, a été miné, aux yeux de l'opinion publique égyptienne, par la poursuite de l'occupation israélienne et de la colonisation dans les territoires palestiniens.
Mais si la paix est restée « froide », si elle est contestée par des forces islamistes en Égypte, elle n'en a pas moins résisté à deux guerres au Liban et à deux intifadas palestiniennes.
Face à l'Iran, bête noire d'Israël, le régime Moubarak constitue un véritable allié stratégique dont la perte serait d'autant plus ressentie qu'elle surviendrait après la dégradation spectaculaire des relations avec la Turquie.
Pour Israël, le scénario catastrophe serait le basculement de l'Égypte dans le camp ennemi, surtout s'il est suivi d'une évolution comparable en Jordanie, renvoyant l'État juif à la situation d'encerclement qui prévalait avant la guerre de juin 1967.
« C'est le pire cauchemar pour les hommes chargés de la défense d'Israël », a relevé le correspondant militaire de la TV publique Yoav Limor.
« Un retour à une situation de confrontation aurait le pire impact sur nos existences », écrit le quotidien Yediot Aharonot, concluant cependant que « si la démocratie est bonne pour nous, elle doit l'être aussi pour les Arabes. Et les retombées seront en fin de compte bonnes pour nous ».