jeudi 18 novembre 2010

Washington et Tel-Aviv piègent les Palestiniens

publié le mardi 16 novembre 2010
Pierre Barbancey

 
Netanyahou a présenté un plan, concocté avec les États-Unis, qui prévoit un gel de la colonisation de trois mois, sans Jérusalem.
Carton plein pour Benyamin Netanyahou  ! Le premier ministre israélien, de retour de New York, a présenté dimanche à son gouvernement un plan américain en cinq points, officiellement destiné à relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes. Un coup de maître pour le chef du gouvernement israélien qui peut constater que plus il provoque la communauté internationale – lors de son séjour aux États-Unis, il avait déclaré que la colonisation ne s’arrêterait pas et que personne ne dicterait sa politique à Israël –, plus il est récompensé. Qu’on en juge.
Ce plan, présenté devant le cabinet israélien et qui aurait reçu «  l’imprimatur  », préconise un gel de 90 jours des constructions dans les colonies de peuplement juives. Trois mois  ! Autant dire rien. Surtout, les États-Unis auraient donné leur accord pour ne pas chercher à prolonger cette phase de gel. Pis, ce nouveau moratoire ne concernerait pas Jérusalem-Est. Le plan stipule en outre que Washington prévoit pour Israël plusieurs garanties en matière de sécurité au cas où un accord de paix serait signé, et la fourniture d’avions de guerre. Enfin, les États-Unis s’engageraient à opposer leur veto, au Conseil de sécurité de l’ONU, à toute tentative ayant pour visée d’«  imposer un règlement politique à Israël  ». Dans ces conditions, Netanyahou pouvait dire avant de rencontrer ses ministres  : «  J’insisterai sur le fait que dans toute proposition, les besoins de sécurité d’Israël seront pris en compte, à la fois dans le très court terme et concernant les menaces qui nous attendent dans les dix ans à venir.  »
Si ce plan était confirmé – et on ne voit pas comment il ne le serait pas –, il s’agirait d’un véritable piège pour les Palestiniens camouflé sous le drapeau américain. En lieu et place de véritables négociations, une fois de plus, Washington s’entend avec Tel-Aviv, avant d’imposer des décisions unilatérales à l’OLP et à l’Autorité palestinienne qui exigent pourtant un gel total de la colonisation, revendication vraiment minimale. Laisser Israël construire à Jérusalem-Est, c’est refuser aux Palestiniens la possibilité d’en faire leur capitale. Ni plus ni moins. Envisager un moratoire aussi court et non renouvelable, c’est donner son accord à la colonisation comme politique d’expansion israélienne. Surtout, brandir le veto pour empêcher d’imposer un règlement politique à Israël, c’est déclarer son mépris à la face de la communauté internationale et plus particulièrement de l’ONU, et c’est dénier le droit aux Palestiniens de se tourner vers un auditoire autre que le couple israélo-américain. Au vu du plan annoncé, la seule solution réside maintenant dans une décision de l’ONU.
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