jeudi 18 novembre 2010

Le plan américain divise la coalition en Israël

publié le mercredi 17 novembre 2010
Douglas Hamilton, Reuters

 
Le plan américain destiné à relancer les discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens, rompues fin septembre, divise la coalition gouvernementale en Israël et même le Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Ce plan préconise un gel de 90 jours des constructions dans les colonies juives de Cisjordanie - mais pas à Jérusalem-Est - et comporte l’engagement de ne pas chercher à prolonger ce gel à l’issue des trois mois.
Washington offre à Israël plusieurs garanties en matière de sécurité pour le cas où un accord de paix serait signé, notamment en lui livrant des avions de combat.
"Je pense que nous sommes face à un véritable désaccord" au sein du gouvernement, a déclaré mardi Benny Begin, ministre sans portefeuille, membre du Likoud et fils du défunt Premier ministre Menachem Begin qui avait signé la paix avec l’Egypte en 1978.
Pour lui, l’offre des Etats-Unis de livrer à Israël vingt avions furtifs F-35, d’une valeur de trois milliards de dollars, "est l’appât destiné à nous entraîner dans un traquenard diplomatique".
Le vice-Premier ministre Dan Meridor a confirmé mardi que Benjamin Netanyahu attendait de recevoir une offre écrite de Washington avant de présenter le projet au vote du cabinet de sécurité, qui devrait se réunir mercredi.
Si cette lettre reflète bien les accords verbaux passés la semaine dernière à New York entre Netanyahu et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le cabinet se prononcera sur le plan, a-t-il ajouté.
Au sein de sa coalition, le Premier ministre doit faire face à l’opposition des ultranationalistes et des religieux partisans farouches de la colonisation dans ce qu’ils appellent la Judée-Samarie, mais aussi à la fronde de certains de ses collègues du Likoud hostiles à toute concession, comme Begin .
COLÈRE DES PALESTINIENS
"Nous ferons tout ce qui est notre pouvoir pour empêcher un gel (des constructions)", a aussi déclaré lundi le député du Likoud Zeev Elkin.
De source diplomatique israélienne, on précise que la lettre officielle présentant le plan américain tarde à être envoyée en raison des pressions des Palestiniens, furieux que Jérusalem-Est, la partie arabe de la Ville sainte, soit exclue du gel proposé.
Les Palestiniens jugent aussi inacceptable que le plan ne prévoie pas une possible reconduction du gel de trois mois et cherche à bloquer, avec l’assurance d’un veto américain, tout recours au Conseil de sécurité des Nations unies en vue d’imposer un règlement politique à Israël.
Nabil Abou Rdaïnah, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, a déclaré que l’Autorité palestinienne n’avait toujours pas été informée des détails de la proposition américaine.
Pour les Palestiniens, le président Barack Obama, qui vient de perdre les élections de mi-mandat, semble faire marche arrière à propos des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qu’il jugeait il y a peu illégales.
"On assiste à un véritable recul de la politique américaine qui cherche désespérément des accommodements face aux exigences des Israéliens, en leur offrant des garanties stratégiques en échange de quelques gains tactiques éphémères", a dit Hanan Achraoui, négociatrice palestinienne et membre de la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
La proposition de gel des constructions pour 90 jours en Cisjordanie uniquement signifie que "les Etats-Unis acceptent l’annexion de Jérusalem-Est" par Israël, a-t-elle ajouté.
Pour le ministre israélien de la Défense, le travailliste Ehud Barak, l’offre américaine prend suffisamment en compte les risques stratégiques que courrait Israël en cas de création d’un Etat palestinien, d’où les garanties proposées.
Mais Benny Begin accuse Ehud Barak de mal comprendre la situation. "Je pense qu’il a tort et qu’il sous-estime l’ambition des Américains, la nécessité pour eux de parvenir d’ici trois mois à un accord sur les frontières" entre Israël et un futur Etat palestinien, a-t-il dit à la radio de l’armée israélienne.
"Au 84e jour d’un nouveau gel", a ajouté Begin, "Washington dirait : ’Regardez, on progresse bien, pourquoi ne pas continuer encore un mois ?’"
relayé par Yahoo