jeudi 3 juin 2010

Netanyahu s’obstine : Gaza toujours sous blocus

03/06/2010
Sous très forte pression internationale, Israël a expulsé, hier, 
des centaines de militants étrangers propalestiniens qui, des bus 
affrétés pour leur évacuation, continuaient à appeler à la levée du 
blocus de Gaza.Alberto Denkberg/AFP
Sous très forte pression internationale, Israël a expulsé, hier, des centaines de militants étrangers propalestiniens qui, des bus affrétés pour leur évacuation, continuaient à appeler à la levée du blocus de Gaza.Alberto Denkberg/AFP
Estimant qu’« Israël est victime d’un assaut d’hypocrisie internationale » et qualifiant la flottille d’« opération terroriste », Benjamin Netanyahu a réaffirmé, hier soir, que le blocus serait maintenu afin d’« éviter que Gaza ne devienne un port iranien menaçant la Méditerranée ».

Le Premier ministre israélien, dans une allocution télévisée hier soir, a justifié l'intervention de la marine contre la flottille de militants propalestiniens qui tentait en début de semaine de briser le blocus de la bande de Gaza. « Une fois de plus, Israël doit faire face à l'hypocrisie, et à un jugement hâtif et partial », a dit Benjamin Netanyahu, assurant que les militaires israéliens avaient agi en état de légitime défense à bord du navire turc Mavi Marmara, où neuf militants ont été tués. « Notre devoir est d'inspecter tous les bateaux qui arrivent. Si nous ne le faisions pas, Gaza deviendrait un port iranien, ce qui constituerait une menace réelle pour la Méditerranée et l'Europe », a-t-il affirmé. « L'État d'Israël continuera à exercer son droit à l'autodéfense. La sécurité est au-dessus de tout », a-t-il ajouté.
Critiqué de toutes parts, Israël a expulsé hier des centaines de militants étrangers. « Plus un seul des détenus (étrangers) n'est actuellement en prison », a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'administration pénitentiaire israélienne, Yaron Zamir. Plusieurs centaines de passagers de la flottille attendaient le départ hier soir à l'aéroport international de Tel-Aviv pour être rapatriés à bord de trois avions de ligne et trois appareils médicalisés. Le processus d'expulsion a été accéléré après la décision du cabinet de sécurité israélien, présidé mardi soir par M. Netanyahu, de les faire partir tous en 48 heures. La plupart des gouvernements de pays ayant des ressortissants à bord des navires avaient appelé à leur « libération immédiate ».
Certains militants arabes expulsés vers la Jordanie ont accusé les commandos israéliens d'avoir tué des passagers de sang-froid et tiré sans sommation lors de leur assaut contre la flottille humanitaire. « Ce qui s'est passé est incroyable. La façon avec laquelle les soldats israéliens criminels nous ont frappés et ont tué des militants turcs de sang-froid ressemblait à un film d'horreur », a affirmé à l'AFP le député marocain Abdelqader Amara. Le député se trouvait à bord du Mavi Marmara. « Les Israéliens ont utilisé des balles réelles, et nous ont montré toute la cruauté et la barbarie du monde, bien que nous autres étions tous sans armes. Les Israéliens ont frappé certains passagers avec la crosse de leur fusil avant de les tuer par balles », a encore accusé le député marocain. « Les commandos israéliens ont commencé à tirer sans sommation. Ils ont tué plusieurs volontaires avant même de débarquer sur le bateau », a renchéri l'avocat Moubarak al-Moutawa, qui était à bord du bateau turc. L'armée israélienne a accusé les militants d'être armés de couteaux et de bâtons, et d'avoir déclenché les violences dès l'abordage des commandos.
Le Hamas empêche la livraison de l'aide ?
Par ailleurs, l'armée israélienne a accusé hier le Hamas de l'empêcher de transférer à Gaza la cargaison d'aide saisie sur la flottille humanitaire. Israël a chargé 20 camions de marchandises de la flottille, essentiellement du matériel médical, des vêtements, des couvertures et des jouets, a indiqué Avital Leibovitz, porte-parole de l'armée. « Malheureusement, en ce moment, les Palestiniens ne veulent pas accepter cette cargaison et les camions sont chargés mais ne peuvent entrer dans la bande de Gaza », a-t-elle expliqué. Sans répondre directement aux accusations israéliennes, le porte-parole du gouvernement Hamas, Taher al-Nounou, a annoncé que celui-ci n'avait pas reçu livraison de cette aide. « La priorité maintenant est de libérer ceux qui ont été enlevés et de les restituer à leur pays, ainsi que les martyrs et les blessés », a déclaré M. Nounou, en référence aux activistes capturés par Israël. Il a également estimé que la livraison de l'aide devait être coordonnée avec la Turquie, d'où provient une grande partie des 10 000 tonnes transportées par la flottille, selon les organisateurs de l'opération.
Parallèlement, l'Égypte, qui a rouvert mardi sa frontière à Rafah, a autorisé l'entrée dans la bande de Gaza de groupes électrogènes. C'est la première fois depuis l'attaque israélienne contre Gaza fin 2008-début 2009 que l'Égypte autorise l'entrée de produits autres que des vivres ou des médicaments. En outre, quelques centaines de Palestiniens ont franchi hier dans les deux sens le terminal de Rafah. L'Égypte, régulièrement accusée de complicité de fait avec le blocus israélien pour son refus de maintenir en permanence l'ouverture du terminal, n'a pas, cette fois, fixé de durée à cette mesure.
Enfin, en soirée, Philip Crowley, le porte-parole du département d'État, a réitéré le souhait de Washington qu'Israël mène lui-même l'enquête demandée par l'ONU sur le raid. « Israël peut-il conduire une enquête juste, transparente et crédible ? La réponse est oui », a-t-il ajouté, insistant sur la « démocratie vivante », et les « institutions efficaces et compétentes » du pays.