jeudi 3 juin 2010

L’avenir des relations avec Israël dépendra de l’attitude de l’État hébreu, affirme Davutoglu

03/06/2010

Des militants turcs libérés par Israël tiennent une conférence de 
presse à leur arrivée hier soir à Istanbul. Bulent Kilic/AFP
Des militants turcs libérés par Israël tiennent une conférence de presse à leur arrivée hier soir à Istanbul. Bulent Kilic/AFP
Le tourisme israélien en Turquie touché par la crise bilatérale.
La Turquie a menacé de revoir ses relations avec Israël, après le raid sanglant de lundi contre un convoi maritime d'aide à Gaza. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a indiqué hier avoir exprimé cette mise en garde à l'État hébreu lors d'une rencontre avec la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, la veille à Washington. « J'ai exprimé notre détermination absolue sur la question suivante : " Si nos citoyens ne sont pas relâchés en l'espace de 24 heures, autrement dit avant ce soir, nous allons revoir entièrement nos relations avec Israël " », a déclaré M. Davutoglu. « Il est temps que l'apaisement succède à la colère », a-t-il toutefois également ajouté, dans ce qui pourrait être une tentative de calmer le jeu. « L'avenir des relations avec Israël dépendra de l'attitude de l'État hébreu. Je ne vois pas de raison de ne pas normaliser les relations, mais une fois que le blocus de Gaza sera levé et que nos citoyens seront libérés », a encore insisté le chef de la diplomatie turque.
Le Parlement turc a, pour sa part, enjoint au gouvernement de « revoir nos liens politiques, militaires et économiques avec Israël et de prendre les mesures efficaces nécessaires ». « La Turquie doit utiliser les moyens légaux nationaux et internationaux à disposition contre Israël », a ajouté le Parlement dans une déclaration adoptée à l'unanimité. Le Parlement demande aussi la création d'une commission internationale indépendante pour enquêter sur le raid israélien. « Le gouvernement israélien doit s'excuser officiellement pour cette attaque, s'assurer que ceux qui l'ont perpétrée seront traduits en justice et punis, et payer des compensations aux victimes de cette attaque », poursuit la déclaration. Le Parlement turc demande aussi au Conseil de sécurité des Nations unies « d'adopter dans les plus brefs délais une résolution condamnant Israël et comprenant des sanctions ».
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui ne cesse d'attaquer l'État hébreu depuis lundi, a évoqué, mardi soir au téléphone, avec le président américain Barack Obama, cet incident qui a provoqué une crise inédite dans les relations turco-israéliennes. « Israël est menacé de perdre son seul ami dans la région », a-t-il dit au président américain.
Entre-temps à Istanbul, un millier de personnes étaient rassemblées hier soir sur la principale place de la ville pour célébrer en héros les militants turcs. Selon Ankara, un total de 18 blessés turcs doivent être rapatriés dans l'immédiat. Selon les médecins israéliens, trois Turcs blessés sont intransportables.
Parallèlement, le ministre turc de la Culture et du Tourisme, Ertugrul Günay, a déclaré, selon la presse nationale, que le tourisme israélien en Turquie souffre déjà de la grave crise entre Israël et la Turquie, avec de 10 000 à 20 000 annulations. « Nous n'avons pas de problèmes avec les gens d'Israël. (...) La Turquie est un pays où les Israéliens peuvent voyager et prendre des vacances en sécurité, au Moyen-Orient. Cela ne changera pas », a déclaré mardi M. Günay.