lundi 28 novembre 2011

Merci à Salah Hamouri !

lundi 28 novembre 2011
Salah Hamouri ne sera pas libéré aujourd’hui, date pourtant convenue après bientôt 7 ans de prison pour délit d’opinion. Le jeune franco-palestinien n’a commis aucun délit, mais il paye pour ses idées contre l’occupation et la colonisation. Il paye aussi le fait que le gouvernement français a choisi de soutenir cette occupation plutôt que ses victimes, même si elles ont la nationalité française. Nos dirigeants ont soutenu un soldat de l’armée d’occupation israélienne, dans laquelle ils autorisent tous les jours des Français à aller servir. Mais ils ont abandonné Salah, comme toutes les autres victimes de l’Etat criminel d’israël. Ils n’ont même pas pris de sanctions contre Israel, qui a blessé il y a quelques jours le consul adjoint de la France à Gaza, ainsi que sa fille et sa femme. Alors, pourquoi s’attendre à ce qu’ils défendent Salah ?

Les belles lettres implorant l’ambassadeur d’Israel en France, Sarkozy ou encore Delanoé —qui a choisi d’élire Gilad Shalit citoyen d’honneur de la ville de Paris— sont indécentes. Elles sous-entendent que ces personnages seraient animés par des principes de droit, de justice, alors qu’ils ont largement démontré à quel point ces valeurs n’avaient aucun sens pour eux.
Ceux qui prétendent soutenir Salah Hamouri et qui ont empêché qu’il soit jugé en France pendant sa "détention administrative" qui a duré plus de 3 ans, ceux qui lui ont conseillé de plaider coupable, alors qu’il n’a rien fait sinon partager des idées d’émancipation et de liberté, ceux qui ont été jusqu’à dénoncer auprès des autorités françaises des actions de dénonciation de leur collaboration avec l’occupant israélien, n’ont pas rendu service à Salah.
Salah Hamouri n’a jamais demandé la pitié, la compassion, et encore moins un traitement de faveur. Il fait partie de ces prisonniers politiques qui revendiquent le doit à la liberté. Il a participé à la grève de la faim initiée en septembre dernier dans les prisons israéliennes et il a été puni pour cela par un mois d’isolement.
Et à chaque moment, il a été solidaire des milliers de Palestiniens, hommes, femmes et enfants, détenus en israël, sans reconnaissance de leur statut de prisonnier politique.
En juillet 2010, de sa prison de Guilboa, il écrivait à ceux qui lui demandaient d’exprimer des "regrets" pour avoir une chance d’être libéré :
"Comme citoyen franco-palestinien, je pensais que les autorités françaises se devaient de me protéger (comme elles le font pour tous nos compatriotes français injustement en difficulté dans le monde) alors que je vis dans un pays sous occupation militaire décidée par un gouvernement qui refuse obstinément de reconnaître et d’appliquer le droit international.
Il semblerait que ce gouvernement, le gouvernement israélien, vous ait convaincu que le seul moyen pour moi de retrouver la liberté n’était pas que, lui, fasse, ce qu’il devrait faire pour cela mais qu’en plus de l’injustice que je subis que, moi, je fasse un acte d’humiliation supplémentaire : que je présente des « regrets » devant un tribunal militaire d’occupation.
Je voudrais vous poser une seule question : aurait-il été acceptable pour vous que les résistants français, pendant la seconde guerre mondiale, « regrettent » leurs actes devant des tribunaux d’occupation ou de collaboration ?
Si on ne peut comparer terme à terme les deux situations, il n’en reste pas moins que la Palestine vit aussi sous occupation étrangère depuis maintenant 62 ans. Une occupation brutale qui multiplie les meurtres, qui construit des murs, qui assiège et colonise, qui expulse le plus possible de Palestiniens de leur terre ou de leurs maisons, surtout à Jérusalem-Est où je vis avec ma famille.
Devant cette occupation que vit mon peuple, je ne peux rester ni indifférent ni me taire. Je suis né et j’ai grandi dans un pays occupé et, parce que je ne peux pas me taire, je suis depuis plus de 5 ans en prison. Comment pourrais-je accepter cette occupation que vous-même avez condamnée ? C’est mon droit que de la refuser.
Dans ces conditions il n’est pas pensable une seule minute, qu’en plus de tout cela que je subis, j’en vienne à « regretter » ou à « m’excuser » de quoi que ce soit devant un tribunal militaire d’occupation.
Je soutiens la résistance légitime de mon peuple qui bénéficie de la solidarité des gens libres à travers le monde.
Bien à vous,
Salah Hamouri
Prison de Guilboa
Section 4
Le 14 juillet 2010 "
Qu’il s’agisse de militants politiques, d’éducateurs, d’animateurs culturels, de personnes qui se sont opposées à l’annexion de leurs terres, à la construction du Mur, les prisonniers palestiniens sont, de par leur simple existence, le symbole d’une résistance inacceptable pour un Etat qui poursuit le nettoyage ethnique de tout un peuple.
Salah Hamouri est l’un de ces prisonniers. C’est l’un des symboles de la jeunesse à laquelle Israël interdit de poursuivre des études, d’envisager un avenir "normal". Mais il est aussi le symbole de la veulerie de nos dirigeants, de leur hypocrisie insoutenable face au respect des droits de l’homme, du constant deux poids, deux mesures quant à leurs "indignations".
Toute notre admiration et notre soutien à Salah et à ses co-détenus.

CAPJPO-EuroPalestine
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