lundi 21 novembre 2011

Fatah-Hamas : un accord politique la semaine prochaine ?

publié le lundi 21 novembre 2011
René Backmann - blog Israël Palestine

 
L’accord de réconciliation qui avait été conclu en avril dernier au Caire entre le Hamas – qui contrôle la bande de Gaza – et le Fatah, au pouvoir en Cisjordanie à travers l’Autorité palestinienne – et qui n’avait pas été appliqué, pourrait déboucher, dans une semaine, sur un contrat politique actualisé. Et sur la constitution à court terme d’un gouvernement intérimaire d’indépendants chargé de préparer des élections législatives et présidentielle prévues pour le mois de mai. Au printemps dernier les discussions pour la formation d’un gouvernement avaient achoppé sur l’attribution des ministères et, surtout,sur le choix du premier ministre.
Le président de l’Autorité palestinienne entendait conserver dans ses fonctions son actuel premier ministre, Salam Fayyad, ancien haut-fonctionnaire du FMI et de la Banque mondiale, artisan du redressement ou de la création des institutions étatiques palestiniennes, qui a la confiance de la communauté internationale. Les dirigeants du Hamas, qui reprochent à Salam Fayyad sa coopération – notamment sécuritaire – avec Israël, et qui le dénoncent comme un « collaborateur » ne voulaient de lui à aucun prix. Ce conflit et des divergences de vues sur d’autres personnalités, citées comme membres possibles du gouvernement d’union avaient fait capoter l’accord demeuré lettre morte depuis six mois.
« Les Erdogans contre les Talibans »
Résolu à reprendre l’initiative sur le terrain politique après le blocage de la candidature palestinienne à l’ONU – voir mon blog précédent – Mahmoud Abbas juge aujourd’hui qu’aucune action d’envergure ne peut être entreprise tant que la question du contentieux entre le Hamas et le Fatah – et son corollaire la séparation entre la bande de Gaza et la Cisjordanie – n’est pas réglée. C’est la raison pour laquelle des émissaires du Fatah et du Hamas viennent de se rencontrer longuement au Caire pour mettre au point un projet de protocole.
Selon un cadre du Fatah familier du dossier, les Frères musulmans égyptiens ont joué un rôle important dans cette négociation en s’efforçant de convaincre leurs « frères » palestiniens que le moment était venu de mettre fin à la division. Un autre responsable du Fatah fait observer qu’au sein du Hamas, les « Erdogan ont triomphé des Taliban ». En d’autres termes, les modérés auraient triomphé des radicaux, ce qui aurait permis d’avancer sur des dossiers clés : la liste des ministres, la constitution de la Commission chargée d’organiser et superviser les élections, les priorités budgétaires, la coordination, puis la fusion des forces dé sécurité des deux entités.
Une rencontre Abbas-Mechaal au Caire
Reste la personnalité du premier ministre. Lundi dernier, Salam Fayyad a déclaré qu’il avait toujours été favorable à la réconciliation et qu’il ne voulait pas être l’obstacle à la constitution d’un gouvernement d’union. Il proposait donc de se retirer pour faciliter la conclusion d’un accord. Le lendemain, un député du Fatah, Faiçal Abou Shahla précisait que Salam Fayyad était toujours le candidat de Mahmoud Abbas.
En fait, le choix du premier ministre et le règlement des points encore en discussion seront à l’ordre du jour de la rencontre entre Mahmoud Abbas et le chef en exil du Bureau politique eu Hamas, Khaled Mechaal, prévue pour vendredi prochain au Caire. Le président palestinien qui devrait arriver dès le 23 dans la capitale égyptienne pourrait participer aux discussions finales sur la Commission électorale centrale, la constitution du tribunal électoral et la refonte des services de sécurité.
Pendant que les discussions sur la réconciliation entre Palestiniens reprenaient, les efforts du Quartette pour relancer les négociations de paix, interrompues depuis un an, se soldaient, une nouvelle fois par un échec. Aux émissaires en visite au début de cette semaine dans la région, les Palestiniens ont rappelé leur position : les négociations reprendront dès que les Israéliens mettront un terme à la colonisation et accepteront le principe d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Israël a répondu en annonçant, mardi, le lancement d’un appel d’offres pour la construction de 800 nouveaux logements dans deux colonies de Jerusalem-Est, Har Homa et Pisgat Zev.
Publié sur le blog Israël Palestine, hébergé par le Nouvel Observateur.
Lien