samedi 1 octobre 2011

Une phase critique se profile

Avec la baisse des aides et des dons, la croissance va fortement diminuer dans les mois à venir, plongeant la population dans d’importantes difficultés financières.

Après son recours à l’Organbtenir la reconnaissance d’un Etat, l’Autorité palestinienne affrontera une réalité économique jalonnée de défis majeurs. C’est ce qu’a révélé le Fonds Monétaire International (FMI) dans son dernier rapport. « L’économie palestinienne est entrée dans une phase très difficile depuis le lancement du programme de réforme économique en 2007 », note le rapport. Il s’agit notamment d’une crise de manque de liquidités qui a obligé le gouvernement à ne pas verser les salaires des employés pour la première fois depuis 4 ans. C’est le cas notamment de Abdallah Amar, un employé à la bande de Gaza, qui déclare : « Comme de nombreux employés, je m’attendais à ce que le gouvernement nous paye la moitié restant du salaire de juin en plus du salaire de juillet. Or, selon les déclarations, il est probable que nous n’obtenions que la moitié du salaire de ce mois aussi. Que peut faire une moitié de salaire alors que l’année scolaire est sur le point de commencer ? La situation est encore plus désastreuse pour ceux qui ont des prêts bancaires à rembourser ». Abdallah est un exemple parmi des milliers d’employés à Gaza et en Cisjordanie qui traversent de graves difficultés financières. Ils sont incapables de rembourser leurs dettes et de subvenir aux besoins familiaux. Et cela car 70 % des employés de l’Autorité palestinienne sont liés à des prêts bancaires dont les crédits dépassent parfois la moitié de leur salaire. Cette situation a entraîné aussi le ralentissement de l’activité commerciale suite à la chute du pouvoir d’achat au sein des territoires palestiniens, comme l’a révélé Fahd Ebeid, propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter à Ramallah, qui critique la situation économique du pays. « J’ai acheté beaucoup de marchandises à l’occasion de l’Aïd et de la rentrée scolaire. Mais je n’ai presque rien vendu, les ventes ne dépassent pas 20 % de celles de l’année passée. Je vais être obligé de vendre les marchandises à des prix inférieurs aux prix d’achat pour éviter des pertes encore plus grandes », se plaint-il.
Cette crise de liquidités est due tout d’abord au recul des aides et des dons provenant des pays donateurs. « L’Autorité palestinienne a besoin de 300 millions de dollars d’ici la fin de cette année pour financer ses ressources. C’est vrai que certains pays arabes ont versé leurs dons, mais d’autres se sont abstenus », souligne Ossama Kanaan, directeur dans la bande de Gaza du FMI. Il ajoute que le gouvernement palestinien est devenu incapable de financer ses dépenses. De sa part, le ministre palestinien de l’Economie, Hassan Abou-Lida, prévoit le prolongement de cette crise de liquidité.
Humeur de la droite extrémiste
« Cette situation sera plus grave au cas où les Etats-Unis décideraient de punir le peuple palestinien qui les a affrontés aux Nations-Unies. Par conséquent, ils vont suspendre le financement des projets de développement, ce qui aura de mauvaises répercussions sur l’économie », note-t-il. Les aides et les dons, représentant plus de la moitié du PIB de l’économie palestinienne, sont également liés à l’humeur de la droite extrémiste en Israël et qui est évidemment soutenue par le lobby juif aux Etats-Unis. C’est ainsi que les décisions américaines sont liées à Israël, notamment aux décisions de ses groupes de pression. Il en est de même pour l’Union européenne qui n’octroie que le minimum à l’Autorité et tient à ce qu’il n’y ait pas de surplus dans sa trésorerie, pour garantir qu’elle ne prendra aucune décision politique sans prendre en considération la probabilité de l’interruption des dons.
Ainsi, le recul de ces dons va entraîner la baisse du taux de croissance du PIB de l’économie palestinienne. La Banque mondiale a baissé ses estimations de la croissance du PIB de 9 à 7 % cette année. Selon le rapport de l’organisation pour le commerce et le développement auprès de l’Onu (CNUCED), l’économie palestinienne s’est développée à un taux de 7,4 % en 2009 et 9,3 % en 2010. Cependant, le taux de chômage reste très élevé. Il a atteint 30 % pendant cette même période. « La croissance a eu lieu après une décennie de recul économique. Les craintes concernant sa continuité sont dues au recul technologique et au fait que la croissance de 2010 est basée sur les aides », souligne le rapport, notant que la croissance économique en Palestine dépend des aides et non de la main-d’œuvre. Vu que la croissance ne progresse pas, elle ne mènera pas à une augmentation des opportunités de travail alors que le taux de croissance à Gaza a atteint 15 %, et 7,6 % en Cisjordanie.
Selon le rapport, les difficultés que traverse l’économie palestinienne persistent avec, entre autres, la poursuite de la perte des territoires et des ressources naturelles, ainsi que l’isolement par rapport aux marchés mondiaux.
Selon le rapport de la CNUCED, la circulation des Palestiniens et de leurs marchandises en Cisjordanie a été entravée par l’existence de plus de 500 barrières et points de contrôle israéliens. Ainsi, les exportations palestiniennes vers Israël, qui atteignaient 90 % du total des exportations, ont connu une baisse de 30 %. D’ailleurs, les revenus gouvernementaux provenant des activités commerciales seront menacés à l’avenir.
« Israël va suspendre ses transferts financiers mensuels des impôts et des douanes évalués à 100 millions de dollars », souligne aussi le ministre palestinien. L’impasse économique de l’Autorité palestinienne réside dans le fait qu’Israël, en tant que colonisateur, est responsable de l’entrée des marchandises en Cisjordanie et à Gaza, et dans la collecte des taxes imposées et leur remise à l’Autorité palestinienne avec des taux déterminés selon l’accord d’Oslo. Ceci constitue 25 % de l’économie palestinienne. A n’importe quelle crise politique, Israël suspend les revenus des impôts, ce qui provoque une paralysie pour l’Autorité palestinienne face à ces engagements. C’est ce qui s’est passé en 2005, quand le Hamas a remporté les élections législatives, et au cours de 2011 lors de la signature de la conciliation entre le Fatah et le Hamas. De même, 90 % des exportations palestiniennes, qui sont composées d’huile d’olives, de productions en cuir et en bois et certaines petites industries sont suspendues à chaque fois que surgit un problème politique ou un différend au cours des négociations, voire à la suite de déclarations faites par des responsables palestiniens et considérées par Israël comme provocatrices. Quant aux 10 % restants, ils concernent les fleurs cultivées dans la bande de Gaza. Israël, qui en est responsable, peut suspendre leur exportation vers l’étranger.
Khaled El-Asmaay
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