samedi 1 octobre 2011

Un retour des non-alignés ?

Au-delà des résultats du débat à l’Onu sur la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de juin 1967, un fait important est à relever :  l’appui latino-américain à cette reconnaissance. De quoi rappeler le temps des non-alignés qui défendaient les droits des pays, notamment ceux du Sud subissant les injustices des  superpuissances, celles des Etats-Unis en l’occurrence. Ainsi, face à l’incapacité des Etats-Unis d’exiger d’Israël le gel des nouvelles constructions en Cisjordanie comme condition de poursuite des négociations, l’Autorité palestinienne s’est tournée vers un nouvel allié : l’Amérique du Sud. Ces deux poids lourds latino-américains sont l’Argentine et le Brésil.
Certes, c’est essentiellement un appui « symbolique », comme le note Henry Habib, professeur émérite à l’Université Concordia (Montréal). Mais ils sont 14 pays d’Amérique latine sur près d’une centaine de pays reconnaissant l’Etat de Palestine, pour la plupart des pays d’Afrique, du Proche-Orient, d’Europe de l’Est et d’Asie. Les pays européens, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie, lui reconnaissent un statut diplomatique particulier. Les frontières de 1967 comprennent la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, sous domination israélienne depuis la guerre des Six Jours en 1967. « Plus de 60 % des territoires occupés sont sous le contrôle direct d’Israël », les grandes villes, comme Jéricho et Naplouse, sont contrôlées par l’Autorité palestinienne. Cette réaction en chaîne du bloc antilibéral sud-américain souligne bien ce désir d’opposition à l’Empire atlanto-sioniste sur tous les fronts. La reconnaissance de l’Etat Palestinien dans ses frontières de 1949 à 1967 va dans le sens des réclamations de Mahmoud Abbass dans les pourparlers avec Israël, et ajoute un poids certain à la balance palestinienne. « Les Palestiniens vont chercher tous les appuis qu’ils peuvent. Ils sont dans une situation de désespoir. Ils accueillent quiconque leur manifeste de la sympathie », croit-il.
Parce que le blocage des pourparlers directs persiste, l’Autorité palestinienne a donc sollicité une reconnaissance américaine de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967. En dernier recours, l’Autorité palestinienne pourrait même se saborder et sommer Israël d’assumer ses obligations de puissance occupante — les Palestiniens formeraient alors 40 % de la population du pays, une force appelée à s’imposer avec l’augmentation de leur poids démographique.
Quant à l’attitude des pays de l’Amérique latine, Jean-François Mayer, spécialiste de l’Amérique latine à l’Université Concordia, affirme : « Il ne faut jamais oublier que Lula a toujours cherché à se dissocier du gouvernement américain, notamment en politique étrangère. C’est pour lui un moyen très clair de mettre de la pression sur les parties pour relancer les négociations ». Le Brésil a donc ouvert le bal, suivi par l’Argentine. Entre les Etats-Unis et la Russie, le Brésil essaie de s’inscrire dans une troisième voie. Et il ne cache pas ses ambitions d’obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’Onu. D’ailleurs, comme le souligne le chercheur et blogueur Chris Lefebvre, la réaction en chaîne du bloc antilibéral sud-américain souligne bien ce désir d’opposition à l’Empire atlanto-sioniste sur tous les fronts. La reconnaissance de l’Etat Palestinien dans ses frontières de 1949 à 1967 va dans le sens des réclamations de Mahmoud Abbass dans les pourparlers avec Israël, et ajoute un poids certain dans la balance palestinienne. Aujourd’hui, 94 pays ont déjà reconnu l’Etat de Palestine après sa proclamation par la réunion du Conseil National Palestinien (CNP) d’Alger de novembre 1988.
Israël reste donc l’agent pro-occidental comme il l’a été du temps de la guerre froide. Comme souvent en politique, les jours se suivent et se ressemblent .
Ahmed Loutfi
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