Les pays arabes ont exprimé leur soutien à la demande pour
la reconnaissance d’un Etat palestinien. Mais ils sont
critiqués pour le manque de pression exercée sur les
Etats-Unis.
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D’une certaine manière, la
grande majorité des pays arabes ont toujours laissé à
l’Egypte le soin de s’occuper du dossier palestinien pour ne
manifester à cet égard que beaucoup de passivité. En dépit
des relations très solides et des intérêts communs entre les
pays du Golfe, ces Etats pétroliers ont évité de faire
pression sur Washington pour obliger Israël à respecter les
résolutions internationales sur la Palestine portant sur la
création d’un Etat palestinien. Avec l’initiative
d’Abou-Mazen de faire cavalier seul, les Etats arabes se
sont alors engagés à soutenir son initiative.
Ainsi, les pays arabes ont
convenu d’œuvrer en faveur de l’adhésion à part entière d’un
Etat palestinien à l’Onu, comme l’a annoncé le premier
ministre et ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh
Hamad bin Jassim Al-Thani, président de la commission de
soutien à la candidature palestinienne. « Les pays arabes
ont décidé de présenter aux Nations-Unies une demande de
reconnaissance d’un Etat palestinien de plein droit avec
comme capitale Jérusalem-Est », a déclaré cheikh Hamad bin
Jassim Al-Thani lors d’une réunion des chefs de diplomatie
des pays membres de la Ligue arabe au Caire au début du mois
de septembre. Toujours en ce qui concerne le Qatar, son
ambassadeur à l’Onu est le président de l’Assemblée générale.
Or, son élection est intervenue justement en raison de la
demande palestinienne.
C’est le Népal qui devait
au départ être élu mais des pays africains, du Moyen-Orient
et certains d’Asie mineure ont décidé de choisir le Qatari
afin de soutenir l’Etat palestinien. A rappeler que le Qatar
compte parmi les pays ayant des échanges commerciaux
importants avec Israël, représenté par un bureau commercial
à Doha. De plus, ce petit pays du Golfe ouvre son territoire
aux bases militaires américaines. Ce qui lui aurait permis
de jouer un rôle plus efficace avec ses partenaires en
faveur de la cause palestinienne.
L’autre pays au poids
diplomatique important est l’Arabie saoudite. Tout comme le
Qatar, ce royaume maintient des relations très étroites avec
les Américains et pouvait mieux faire concernant les droits
palestiniens en allant au-delà des déclarations verbales.
Cependant, les Palestiniens se félicitent tout de même de
leur soutien au processus à l’Onu. « L’Arabie saoudite a mis
ses moyens politiques et diplomatiques à la disposition des
Palestiniens dans cette affaire », a déclaré Gamal Al-Choubaki,
ambassadeur palestinien à Riyad. Il a relevé notamment
l’article du prince saoudien Tork Al-Fayçal publié dans le
New York Times où il a mis en garde l’administration
américaine contre l’usage de son veto pour bloquer une
éventuelle acceptation de la demande palestinienne. Il a
relevé à cet égard qu’une telle mesure aurait des
répercussions négatives sur les relations entre les
Américains et l’Arabie saoudite ainsi que le monde arabe et
islamique. D’autre part, les Etats-Unis ont dépêché William
Pers, assistant de la secrétaire d’Etat, à Riyad pour
convaincre l’Arabie saoudite de ne pas appuyer la demande
palestinienne.
En plus des pays du Golfe,
la Jordanie, très impliquée dans la cause palestinienne de
manière historique et géographique, et qui maintient des
relations diplomatiques avec Israël. Officiellement, Amman a
souligné son soutien à la démarche palestinienne à l’Onu. «
La Jordanie est le principal allié stratégique des
Palestiniens et le soutien fondamental des réfugiés
palestiniens. Elle les appuie pour la récupération de leurs
droits légitimes », a déclaré Abdallah Abou-Ramane, porte-parole
du gouvernement jordanien. Il a aussi précisé l’importance
du rôle égyptien dans ce même contexte, soulignant que
l’Egypte contribue de manière fondamentale aux négociations
de paix et pour le règlement de problèmes régionaux.
Au-delà, reste à savoir si
les pays arabes, en général, soutiennent réellement
l’initiative palestinienne ou s’ils ont été pris de court
par cette dernière. Un diplomate nigérian à l’Onu qui a
requis l’anonymat a estimé qu’il n’existait pas de soutien
et d’unité assez forts de la part des pays arabes à l’égard
de la demande palestinienne. Pour lui, il faudrait que ces
pays coopèrent davantage. Il a même cité la nécessité que
les pays arabes fassent pression sur les forces dominantes à
l’Onu s’ils veulent vraiment que la demande palestinienne
soit acceptée.
Ahmed
Loutfi
Chérine Abdel-Azim
Chérine Abdel-Azim