samedi 1 octobre 2011

Un appui de pure forme ?

Les pays arabes ont exprimé leur soutien à la demande pour la reconnaissance d’un Etat palestinien. Mais ils sont critiqués pour le manque de pression exercée sur les Etats-Unis.

Les pays arabes, une fois de plus, tentent de soutenir la création d’un Etat palestinien qui se heurte à l’opposition américaine. Déjà en 2003, le monde arabe avait proposé, lors du sommet de Beyrouth, son initiative de paix : une reconnaissance d’Israël contre la création d’un Etat palestinien dans les frontières du juin 1967. Ce qui représentait une première approche réaliste de cette question.
D’une certaine manière, la grande majorité des pays arabes ont toujours laissé à l’Egypte le soin de s’occuper du dossier palestinien pour ne manifester à cet égard que beaucoup de passivité. En dépit des relations très solides et des intérêts communs entre les pays du Golfe, ces Etats pétroliers ont évité de faire pression sur Washington pour obliger Israël à respecter les résolutions internationales sur la Palestine portant sur la création d’un Etat palestinien. Avec l’initiative d’Abou-Mazen de faire cavalier seul, les Etats arabes se sont alors engagés à soutenir son initiative.
Ainsi, les pays arabes ont convenu d’œuvrer en faveur de l’adhésion à part entière d’un Etat palestinien à l’Onu, comme l’a annoncé le premier ministre et ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Hamad bin Jassim Al-Thani, président de la commission de soutien à la candidature palestinienne. « Les pays arabes ont décidé de présenter aux Nations-Unies une demande de reconnaissance d’un Etat palestinien de plein droit avec comme capitale Jérusalem-Est », a déclaré cheikh Hamad bin Jassim Al-Thani lors d’une réunion des chefs de diplomatie des pays membres de la Ligue arabe au Caire au début du mois de septembre. Toujours en ce qui concerne le Qatar, son ambassadeur à l’Onu est le président de l’Assemblée générale. Or, son élection est intervenue justement en raison de la demande palestinienne.
C’est le Népal qui devait au départ être élu mais des pays africains, du Moyen-Orient et certains d’Asie mineure ont décidé de choisir le Qatari afin de soutenir l’Etat palestinien. A rappeler que le Qatar compte parmi les pays ayant des échanges commerciaux importants avec Israël, représenté par un bureau commercial à Doha. De plus, ce petit pays du Golfe ouvre son territoire aux bases militaires américaines. Ce qui lui aurait permis de jouer un rôle plus efficace avec ses partenaires en faveur de la cause palestinienne.
L’autre pays au poids diplomatique important est l’Arabie saoudite. Tout comme le Qatar, ce royaume maintient des relations très étroites avec les Américains et pouvait mieux faire concernant les droits palestiniens en allant au-delà des déclarations verbales. Cependant, les Palestiniens se félicitent tout de même de leur soutien au processus à l’Onu. « L’Arabie saoudite a mis ses moyens politiques et diplomatiques à la disposition des Palestiniens dans cette affaire », a déclaré Gamal Al-Choubaki, ambassadeur palestinien à Riyad. Il a relevé notamment l’article du prince saoudien Tork Al-Fayçal publié dans le New York Times où il a mis en garde l’administration américaine contre l’usage de son veto pour bloquer une éventuelle acceptation de la demande palestinienne. Il a relevé à cet égard qu’une telle mesure aurait des répercussions négatives sur les relations entre les Américains et l’Arabie saoudite ainsi que le monde arabe et islamique. D’autre part, les Etats-Unis ont dépêché William Pers, assistant de la secrétaire d’Etat, à Riyad pour convaincre l’Arabie saoudite de ne pas appuyer la demande palestinienne.
En plus des pays du Golfe, la Jordanie, très impliquée dans la cause palestinienne de manière historique et géographique, et qui maintient des relations diplomatiques avec Israël. Officiellement, Amman a souligné son soutien à la démarche palestinienne à l’Onu. « La Jordanie est le principal allié stratégique des Palestiniens et le soutien fondamental des réfugiés palestiniens. Elle les appuie pour la récupération de leurs droits légitimes », a déclaré Abdallah Abou-Ramane, porte-parole du gouvernement jordanien. Il a aussi précisé l’importance du rôle égyptien dans ce même contexte, soulignant que l’Egypte contribue de manière fondamentale aux négociations de paix et pour le règlement de problèmes régionaux.
Au-delà, reste à savoir si les pays arabes, en général, soutiennent réellement l’initiative palestinienne ou s’ils ont été pris de court par cette dernière. Un diplomate nigérian à l’Onu qui a requis l’anonymat a estimé qu’il n’existait pas de soutien et d’unité assez forts de la part des pays arabes à l’égard de la demande palestinienne. Pour lui, il faudrait que ces pays coopèrent davantage. Il a même cité la nécessité que les pays arabes fassent pression sur les forces dominantes à l’Onu s’ils veulent vraiment que la demande palestinienne soit acceptée.
Ahmed Loutfi
Chérine Abdel-Azim
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