Pascal Boniface - blog Affaires stratégiques
On
ne peut que se réjouir de la libération de Gilad Shalit qui va pouvoir
retrouver les siens, cinq ans après avoir été fait prisonnier et soumis à
l’isolement. Cela provoque nécessairement émotion et empathie. Tout
parent ne peut que se mettre à la place des parents de Gilad Shalit.
Au-delà de la satisfaction, plusieurs questions restent cependant sans réponse :
Comment expliquer que le gouvernement de Netanyahou accepte maintenant cet échange de prisonniers qu’il refusait auparavant ?
N’y a-t-il pas la volonté de conforter le Hamas par
rapport à l’Autorité palestinienne après le succès diplomatique que
Mahmoud Abbas a remporté à l’ONU ? En refusant de céder aux pressions
américaines, il a renforcé sa crédibilité sur le plan intérieur
palestinien. Avec l’obtention de la libération de 1027 prisonniers,
c’est le Hamas qui signe une victoire auprès de l’opinion palestinienne.
Ceci prouve en tous les cas que le gouvernement
israélien est capable de négocier, y compris avec le Hamas. Le
gouvernement israélien affirmait jusqu’ici qu’il se refusait de négocier
avec ce qu’il désignait comme une « organisation terroriste ». Il
exigeait le même comportement des gouvernements occidentaux, qui s’y
sont conformés. Cela a d’ailleurs conduit à un boycott du gouvernement
palestinien issu des urnes en 2006. Cet échange montre que si on veut
obtenir un résultat, il ne faut pas refuser par principe de ne pas
négocier avec tel interlocuteur, fut-il déplaisant. On ne choisit pas
ses interlocuteurs ou ses partenaires, ils sont imposés par la
situation.
Rien ne devrait donc s’opposer à une négociation globale
avec les Palestiniens pour aller vers un accord de paix, si celui-ci
est effectivement recherché.
Les médias français célèbrent la libération de Gilad
Shalit et la joie annoncée des retrouvailles familiales. Il ne faudrait
pas oublier que les prisonniers Palestiniens ont également des familles
et que les 1027 qui vont être libérés vont eux aussi retrouver les
leurs. Dans les prisons israéliennes, ils avaient certes des droits de
visite, mais on peut penser que la plupart d’entre eux étaient
emprisonnés injustement, selon les lois de l’occupation.
Espérons également qu’il y ait du progrès du côté du
franco-palestinien, Salah Hamouri, condamné sur la base d’intentions qui
lui ont été prêtées et d’aveux que ses défenseurs considèrent comme
extorqués. Certes celui-ci a, contrairement à Gilad Shalit, droit aux
visites de sa famille. Mais celle-ci semble moins émouvoir la presse et
la classe politique française.