mercredi 12 octobre 2011

Accord surprise entre Israël et le Hamas pour la libération de Shalit

12/10/2011
Marwan Barghouthi et Ahmad Saadat ne feront pas partie des 1 027 prisonniers concernés par l’échange avec le soldat franco-israélien.
Israël et le Hamas ont révélé hier avoir conclu un accord sous médiation égyptienne pour échanger le soldat franco-israélien Gilad Shalit, détenu à Gaza depuis 2006, contre un millier de prisonniers palestiniens. « Je présente au gouvernement un accord qui ramènera Gilad Shalit sain et sauf à ses parents et à tout le peuple d’Israël dans quelques jours », a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. M. Netanyahu a fait état de « négociations difficiles » et indiqué avoir voulu profiter d’ « une opportunité », remerciant notamment l’Égypte pour ses efforts de médiation. Cet accord devait être encore approuvé lors d’un vote par le gouvernement convoqué pour une réunion d’urgence hier soir. Pour sa part, la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine el-Qassam, qui avait participé à l’enlèvement du soldat, a confirmé sur son site Internet que « l’accord d’échange sera appliqué dans quelques jours ».
Dans une conférence de presse hier soir à Damas, le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal a affirmé que l’accord prévoit la libération de 1 027 détenus palestiniens au total, dont 300 condamnés à de lourdes peines, ainsi que toutes les femmes et les mineurs détenus par Israël, et des prisonniers de Jérusalem-Est et des Arabes israéliens. M. Mechaal, qui a salué l’Égypte pour son rôle dans cet accord qu’il a qualifié de « grande réalisation », a précisé que 450 détenus seraient libérés « dans une semaine » et 550 autres « dans deux mois ». Le dirigeant palestinien a estimé que « c’est une grande réalisation, c’est un succès qualitatif », ajoutant qu’ « en vertu de l’accord il ne reste plus aucune femme dans les geôles de l’ennemi ». Cependant, Marwan Barghouthi, un des animateurs de l’intifada des années 2000, et le chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche radicale) Ahmad Saadat, condamnés respectivement à perpétuité et à 30 ans d’emprisonnement par Israël, ne retrouveront pas la liberté aux termes de cet accord. En effet, le chef du service de la Sécurité intérieure Shin Beth, Yoram Cohen, a démenti leur libération.
Gilad Shalit, qui a également la nationalité française, a été enlevé en juin 2006 par un commando de trois groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007. Il est depuis détenu au secret. Le Hamas a souvent indiqué vouloir l’échanger contre un millier de Palestiniens, mais les négociations achoppaient jusqu’à présent sur l’identité des détenus concernés et le lieu de leur libération, le gouvernement israélien se refusant à relâcher en Cisjordanie des Palestiniens impliqués dans des attentats.
À l’annonce de l’accord, des dizaines de milliers de Palestiniens se sont rassemblés hier soir dans le nord de la bande de Gaza pour célébrer, d’après le Hamas. Pour sa part, Noam Shalit, le père du soldat, a déclaré : « Je me réjouirai quand il y aura une raison de le faire », précisant que le président Nicolas Sarkozy l’avait appelé dans la soirée. Ce dernier a d’ailleurs déclaré qu’il « se réjouit très vivement » de l’accord, et a également félicité Benjamin Netanyahu pour « ce succès majeur ». De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas s’est vivement félicité hier de l’accord conclu, comme l’a indiqué le négociateur Saëb Erakat par téléphone de Caracas, où il accompagne le dirigeant palestinien en tournée en Amérique latine. M. Abbas a également remercié l’Égypte pour sa médiation. Quant à François Hollande, candidat à la primaire PS pour la présidentielle française, il s’est aussi félicité hier soir de l’accord pour la libération de Gilad Shalit.
Rappelons que des centaines de Palestiniens détenus par Israël participent depuis le 27 septembre à une grève de la faim pour protester contre l’isolement carcéral. Lundi, le gouvernement palestinien avait indiqué que « plus de 6 000 Palestiniens sont toujours en détention dans les prisons israéliennes, dont 38 femmes, 280 enfants, 270 en détention administrative et 22 membres du CLP (Conseil législatif palestinien) ».
(Source : AFP)