mercredi 12 octobre 2011

Israël s'interroge sur le "prix à payer" pour la libération de Shalit

OLJ/Agences | 12/10/2011
Au lendemain de l'accord historique conclu par Israël avec le Hamas pour la libération de Gilad Shalit, et alors que les proches du soldat ont célébré l'accord une bonne partie de la nuit, certains commentateurs israéliens exprimaient ce  matin leurs réserves sur "le prix à payer" pour le retour de ce tankiste de 25 ans enlevé il y a plus de cinq ans.
Israël et le Hamas ont révélé hier avoir conclu un accord sous médiation égyptienne pour échanger le sergent franco-israélien contre 1.027 détenus palestiniens, dont 27 femmes. Le gouvernement israélien, réuni en séance d'urgence, a entériné cet accord par 26 voix contre trois. Selon le chef du Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaal, l'échange doit se dérouler en deux phases : 450 détenus seront libérés "dans une semaine" et 550 autres "dans deux mois". Le chef du service de sécurité intérieure israélien, le Shin Beth, a précisé que sur les 450, 163 détenus de Cisjordanie seraient expulsés vers la bande de Gaza et 40 vers des pays étrangers, alors que le Hamas refusait toute mesure de bannissement.
Pour le journal national-religieux Makor Rishon, l’équation se résumait ainsi : "Une bonne nouvelle pour la famille, une mauvaise pour l'Etat". "Le prix est excessif. Les risques sont grands et c’est un précédent déplaisant mais un Etat qui pendant cinq ans est incapable de sauver un de ses soldats de la captivité par d’autres moyens n’a pas d’autre choix que de payer le prix", estimait, pour sa part, Nahum Barnéa, un des éditorialistes israéliens les plus influents, dans le tabloïd à grand tirage Yediot Aharonot. "Le Hamas a montré aux Palestiniens que la voie du terrorisme est la meilleure. Chaque jeune Palestinien saura qu’on peut tuer des juifs et se retrouver libre en vertu d'un marchandage. Et tout cela avant même de faire le décompte des futures victimes", regrettait aussi le Maariv, alors qu'un éditorialiste du même journal dénonçait carrément une "capitulation".
Les faucons nationalistes du cabient Netanyahu, Avigdor Lieberman (Affaires étrangères), Ouzi Landau (Infrastructures) et Moshé Yaalon (Affaires stratégiques), se sont opposés à l'accord d'échange.
D'autres médias estimaient néanmoins que, sur le plan politique, Benjamin Netanyah sort grandi de l'épreuve. Même le Haaretz (gauche), quotidien d'opposition, a salué "la décision la plus difficile de sa vie". "Depuis 30 mois qu’il est au pouvoir, il n’a pas lancé de guerre, il n’a pas fait la paix, il n’a pas trouvé de solutions pour apaiser le mouvement de contestation sociale, mais il restera dans l’Histoire comme le Premier ministre qui a ramené Gilad Shalit à la maison", écrit Yossi Verter, un des plus virulents critiques de la politique de Netanyahu.
Gilad Shalit, qui a aussi la nationalité française, a été enlevé en juin 2006 par un commando de trois groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas. Il est depuis détenu au secret. Le Hamas voulait l'échanger contre un millier de Palestiniens, mais les négociations achoppaient sur l'identité des détenus concernés et le lieu de leur libération, le gouvernement israélien se refusant à relâcher en Cisjordanie des Palestiniens impliqués dans des attentats. Des centaines de Palestiniens détenus par Israël -sur un total de plus de 6.000- participent depuis le 27 septembre à une grève de la faim pour protester contre l'isolement carcéral.
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