lundi 7 février 2011

Le quartette juge « impérative » la relance des pourparlers de paix

07/02/2011
L'Autorité palestinienne fait part de sa déception face à une déclaration qui « n'est pas à la hauteur » des événements qui bouleversent la région.
Le quartette pour le Proche-Orient, réuni samedi en Allemagne, a jugé « impérative » une reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes bloquées depuis septembre, au vu du vent contestataire qui ébranle l'Égypte et la région. Ces discussions en marge de la 47e conférence sur la sécurité à Munich entre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et les chefs de la diplomatie américaine Hillary Clinton, russe Sergueï Lavrov et de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton se déroulaient a priori dans un climat peu favorable.
Un changement éventuel de régime en Égypte où, après 30 ans de pouvoir, le président Hosni Moubarak est vivement contesté, fait planer de grandes incertitudes, ce pays ayant signé un traité de paix avec Israël en 1979 critiqué dans le reste du monde arabe. Mais la conclusion du quartette est que les manifestations pour la démocratisation en Tunisie et surtout en Égypte, pays voisin d'Israël et des territoires palestiniens, ne doivent pas distraire de la nécessité de relancer les pourparlers israélo-palestiniens, bien au contraire.
Ayant « pris note des événements dramatiques en Égypte et ailleurs dans la région ces jours derniers », les membres du quartette « ont examiné les implications de ces événements pour une paix israélo-arabe et sont convenus d'en rediscuter en toute priorité » lors de leurs prochaines réunions, la première étant prévue à la mi-mars, selon le texte de leur déclaration. Au vu des événements au Moyen-Orient, le quartette a exprimé sa « conviction que tout retard supplémentaire dans la reprise des négociations serait préjudiciable aux perspectives de paix dans la région ». « Il est important que nous montrions que le processus est en mouvement, de montrer qu'il faut que cela avance », a résumé la haute représentante de l'UE Catherine Ashton à l'issue de la réunion dans la capitale bavaroise. Il est « urgent », a poursuivi le quartette dans son document « d'entreprendre des efforts pour accélérer la paix entre Israéliens et Palestiniens ainsi qu'entre Israël et le monde arabe en général, ce qui est impératif si l'on veut éviter des événements fâcheux pour la région ». Le quartette a pressé les parties au conflit israélo-palestinien de surmonter les obstacles empêchant le processus de paix d'avancer.
D'ici à sa prochaine séance, le quartette prévoit que ses représentants « rencontrent à Bruxelles séparément des négociateurs israéliens et palestiniens, ainsi que des délégués du Comité de suivi de l'initiative de paix » de la Ligue arabe. L'envoyé spécial des États-Unis pour la paix au Proche-Orient, George Mitchell, et le représentant spécial du quartette, Tony Blair, étaient présents à la réunion de Munich.
Félicitant l'Autorité palestinienne pour l'amélioration du fonctionnement des institutions, le quartette a salué le train de mesures économiques annoncé vendredi par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en faveur des Territoires et souhaité des mesures supplémentaires du même ordre. Le quartette a réitéré qu'il « regrettait » qu'Israël n'ait pas prolongé fin septembre son moratoire sur les colonies dans les territoires occupés, décision qui a motivé le boycott des pourparlers par les Palestiniens.
Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a aussitôt critiqué cette déclaration. « Le communiqué du quartette n'est pas à la hauteur de nos attentes. Il ne s'est pas hissé au niveau que nous attendions de lui, ni au niveau des événements que traverse la région et qui exigent de prendre des décisions », a déclaré M. Erakat à l'AFP. « Nous espérions que, compte tenu des événements auxquels assiste la région, le quartette prendrait des décisions historiques pour contraindre Israël et le gouvernement Netanyahu à arrêter la colonisation et annoncerait son engagement sur les frontières de l'État palestinien à naître avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il affirmé. M. Erakat avait appelé cette semaine le quartette pour le Proche-Orient à prendre la « décision historique » de reconnaître la Palestine sur les lignes de 1967, affirmant que la stabilité et les droits de l'homme dans la région commençaient par là.