lundi 20 décembre 2010

Mais comment ont-ils pu arriver sur les hauteurs du Barouk et de Sannine ?

Par Khalil FLEYHANE | 20/12/2010
Quel camp politique pourrait-il nier le professionnalisme de ceux qui ont mis à jour le réseau d'espions mobilisés par Israël afin de tirer le maximum d'informations à propos des positions de l'armée et des objectifs des responsables du Hezbollah et les stocker dans une banque de données prête à l'emploi au cours de n'importe quelle nouvelle guerre que lancerait l'État hébreu contre le Liban sous le prétexte d'en finir avec son arsenal.
Pour des diplomates étrangers en poste à Beyrouth, la récente découverte de deux réseaux d'espionnage sur les hauteurs de Sannine et du Barouk s'inscrit nettement dans le cadre de cette lutte anti-espionnage basée sur une coordination minutieuse entre les services concernés de l'armée et du Hezb. Sauf qu'il ne faudrait pas, assurent-ils, se contenter de cet exploit. Il faut, disent-ils, initier une enquête qui déterminera comment les Israéliens sont arrivés sur les cimes de Sannine et du Barouk : cela demande une présence physique et un transport de matériel.
Comment cela a-t-il pu se passer ? Y a-t-il eu des traîtres libanais ? Il est à noter que l'utilisation de matériels tels que ceux planqués dans les deux montagnes nécessite une technicité pour le moins élevée et l'on se demande alors si, parmi ces traîtres éventuels, figurent des experts capables de manipuler ce genre d'appareils. À moins que des Israéliens n'aient réussi à s'infiltrer dans les deux zones... Dans ce cas, qui doit assumer la responsabilité de cette immense lacune ? Où en est la surveillance ? Et est-ce que les responsables militaires se souviennent seulement que l'aviation libanaise patrouillait jour et nuit pour empêcher les violations de la souveraineté aérienne du pays ; se souviennent-ils des héros comme Samir Harb, célèbre lors de l'incident de Temnine dans la Békaa ? Ne devrait-on pas remettre tout cela à l'ordre du jour et assurer des patrouilles avec les avions disponibles ? Et ne faudrait-il pas aussi assurer des casernes pour l'armée dans les hauteurs des deux montagnes violées ?
Des milieux partisans de tous bords jugent désormais inadmissibles ces exactions israéliennes tous azimuts, qui maintiennent le pays sous une surveillance militaire constante. Ils estiment qu'il est temps pour les services concernés de passer du stade de la découverte de réseaux et de collabos à celui de l'adoption de mesures radicales contre l'État hébreu.
En ce qui concerne la plainte déposée par le Liban contre Israël auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, les milieux précités la qualifient de nécessaire (il faut rapporter chaque violation de la 1701), mais jugent qu'elle reste insuffisante. La lettre du Liban ira rejoindre les tonnes de papiers similaires gardés dans les dépôts du Palais de Verre, et Ban Ki-moon se contentera, une fois tous les quatre mois, de demander à Israël de ne pas réitérer sa violation...
Ce qu'il faut, martèlent ces milieux, c'est carrément convoquer le Conseil de sécurité pour essayer de mettre un terme à la guerre d'espionnage lancée par Israël contre le Liban. Tout le monde sait que Washington se jettera sur son droit de veto pour dynamiter la requête libanaise, mais malgré cela, Beyrouth réussirait à expliquer dans les détails à tous les membres du Conseil les exactions israéliennes et chacun des pays concernés pourrait alors réagir publiquement tel qu'il l'entend.