jeudi 30 décembre 2010

La Grande-Bretagne craignait qu'Israël n'utilise l'arme atomique

29 décembre 2010 à 19h25
Agence France-Presse
Londres
Les diplomates britanniques craignaient en 1980, sous le gouvernement de Margaret Thatcher, qu'Israël n'utilise la bombe atomique en cas de conflit avec ses voisins arabes, selon des télégrammes diplomatiques rendus publics jeudi, après la levée du secret défense.
Ces documents, qui comprennent des télégrammes de l'ambassade britannique à Tel Aviv, montrent qu'en dépit de la paix signée avec l'Egypte l'année précédente, les diplomates britanniques étaient inquiets d'un usage éventuel de l'arme atomique par Israël.
«La situation se dégrade dans la région, et s'accompagne d'un sentiment croissant d'isolation et de méfiance d'Israël», mettait en garde le 4 mai un télégramme de l'ambassade britannique.
«S'ils (Israël) risquent d'être détruits, ils contre-attaqueront cette fois. Ils seront prêts à utiliser leur arme atomique. Parce qu'ils ne peuvent pas mener une guerre longue, il devraient l'utiliser au début», poursuit le télégramme.
Israël n'a jamais confirmé ou démenti avoir des têtes nucléaires.
Les documents publiés jeudi montrent aussi que Margaret Thatcher, devenue Premier ministre l'année précédente, trouvait la diplomatie au Proche Orient exaspérante. Elle a confié au Président français Valéry Giscard d'Estaing qu'elle «n'avait jamais eu d'interlocuteur plus difficile» que le Premier ministre israélien Menahem Begin.
Elle a aussi tenté de convaincre Begin que sa politique de colonisation dans les territoires occupés était «irréaliste» et «absurde».
«Sa réponse était que la Judée et la Samarie étaient juives dans les temps bibliques, et qu'elles devraient l'être aujourd'hui», a-t-elle confié à Giscard.
Mais la Dame de fer était aussi sourde aux arguments de ses conseillers selon lesquels l'OLP ne devait pas être perçue «purement comme une organisation terroriste», mais aussi comme un mouvement politique.
«Cette analyse ne tient pas debout. Elle est pleine de contradictions», avait-elle gribouillé en marge d'une note diplomatique.