samedi 16 octobre 2010

Notre homme en Palestine

vendredi 15 octobre 2010 - 07h:19
Nathan Thrall
Note du traducteur. Cet article est une traduction fidèle de l’article de Nathan Thrall. En particulier rien n’a été fait pour altérer ou ridiculiser la terminologie employée par l’auteur, pourtant très éloignée de celle admissible par la CCIPPP comme de tous les autres militants de la cause palestinienne. Ce choix résulte du fait que dans l’ensemble, l’article apparaît solidement documenté et mérite d’être porté à la connaissance de tous en langue française.
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Keith Dayton (à d.) en compagnie de Munir al-Zoubi, chef des milices de l’autorité de Ramallah - Photo : Rina Castelnuovo/The New York Times/Redux
Le 31 août, la nuit précédant le dîner du président Obama inaugurant les discussions directes entre dirigeants Israéliens et Palestiniens, des combattants de Hamas ont tué quatre colons juifs à Hébron, le gouvernorat le plus vaste et le plus peuplé de Cisjordanie. L’attaque — la plus meurtrière contre des citoyens Israéliens en plus de deux ans — fut condamnée par les officiels Palestiniens et Israéliens, qui dirent qu’elle était destinée à contrarier les négociations à venir. D’après un porte-parole de Hamas, cependant, le tir avec un but plus précis : prouver la futilité de la coopération récente entre forces de sécurités israéliennes et palestiniennes. Cette coopération a atteint un niveau sans précédent sous la tranquille direction du général trois étoiles de l’armée US Keith Dayton, qui a commandé une mission américaine discrète pour construire les forces de sécurité palestiniennes en Cisjordanie (1).
Qualifiés par Hamas de « forces Dayton », les services de sécurité palestiniens sont formellement sous l’autorité de Mahmoud Abbas, président Palestinien et dirigeant du rival de Hamas, le Fatah ; mais ils sont, en fait, contrôlés par Salam Fayyad, le premier ministre non élu, un petit technocrate affable. Abbas a nommé Fayyad après la terrible prise de pouvoir de Hamas à Gaza en juin 2007 - qui eut lieu 17 mois après que le parti islamiste ait gagné les élections parlementaires de janvier 2006 — et l’a chargé d’empêcher Hamas de s’emparer aussi de la Cisjordanie.
Fayyad a reçu un doctorat d’économie à l’université du Texas à Austin et détenu des postes à la Federal Reserve Bank de St. Louis (Missouri), à la banque mondiale et au FMI avant de devenir ministre des finances sous le président Yasser Arafat. Sa réputation de gestionnaire fiscalement responsable et fiable assure la fourniture régulière de l’aide internationale dont dépend l’économie palestinienne. Malgré qu’il n’ait ni popularité ni soutien d’un grand parti politique (sa liste Troisième Voie reçut un maigre 2,4 % des voix aux élections législatives de 2006), il est maintenant responsable de presque tous les aspects de la gouvernance palestinienne. Cependant il ne participe pas aux négociations sur un règlement avec Israël, qui sont le domaine de l’OLP (dont Fayyad n’est pas membre de la direction) et sont gérées par son président, Abbâs, 75 ans.
Fayyad est critiqué chez lui pour beaucoup des mêmes raisons pour lesquelles il est loué à l’étranger. Il a condamné la violence contre Israël comme antithétique aux aspirations nationales de son peuple, a déclaré que les réfugiés Palestiniens pouvaient être rétablis, non en Israël, mais dans un futur État palestinien, et suggéré que cet État pourrait offrir la citoyenneté aux juifs (2). Il est glorifié dans les pages d’opinion du Washington Post, du Wall Street Journal, et du New York Times, et a de bonnes relations avec les dirigeants étrangers impopulaires en Palestine : lors de la première visite de Fayyad au bureau ovale, en 2003, Georges W. Bush l’accueillit en étendant l’index et auriculaire pour montrer le signe de l’université d’Austin “Hook ‘em Horns”. Quand la fille du chef d’état-major du premier ministre d’Israël Ariel Sharon se maria il y a plusieurs années, Fayyad s’assit à côté de Sharon au mariage et lui parla longuement (3).
En février, Fayyad a parlé devant l’establishment sécuritaire d’Israël à la conférence annuelle Herzliya, où il a comparé le président Israélien Shimon Peres à David Ben Gourion (4). Une grande part du discours de Fayyad concernait son plan ambitieux, rendu public fin août 2009, d’établir unilatéralement un État palestinien de facto avant août 2011. À cette date, d’après Fayyad, « la réalité d’un État [palestinien] s’imposera au monde »(5). Le plan de Fayyad de « construire » un État — il ne dit pas qu’il en déclarera un — a été approuvé par le quartette (USA, EU, ONU et fédération de Russie) et soutenu avidement par les donateurs internationaux.
Certains Palestiniens l’ont rejeté car ça ressemblait trop à la notion du premier ministre Israélien Benjamin Netanyahou de « paix économique », qui propose que le développement précède l’indépendance. Et des Israéliens ont exprimé le soupçon que la Palestine visera à la reconnaissance de sa souveraineté par l’ONU quand le plan sera complété. Avigdor Lieberman, le ministre Israélien des affaires étrangères, a averti que tout pas unilatéral pris par Fayyad vers un Etat pourrait décider Israël à annuler les accords passés et à annexer des parties de la Cisjordanie (6). Fayyad a dit que son plan de construire un nouvel État « est destiné à générer une pression » sur les négociations israélo-palestiniennes, et les pourparlers directs débutés récemment par les deux parties ont une échéance à la fin de l’été 2011 qui coïncide avec celle de Fayyad (7). Mike Herzog, ancien chef d’état-major du ministre de la défense Israélien Ehud Barak m’a dit : « En dernier lieu, je pense que Fayyad calcule que les négociations politiques échoueront et que son plan [d’établir un État] sera la seule et unique solution ». Le danger, pour Israël autant que pour l’Autorité Palestinienne, est ce qui se passera si les négociations échouent et que le plan de Fayyad ne produit aucune concession significative d’Israël. « Nous n’allons pas nous retirer de certaines zones rien que pour une déclaration ou une résolution de l’ONU », dit Herzog. Dans ce cas, Hamas pourra présenter un argument persuasif que la violence est le seul moyen de parvenir à la libération nationale. « Fayyad fixe une date arbitraire et dit, ’OK, maintenant cassez-vous la tête si vous voulez éviter une catastrophe’ » dit Herzog. « Ce qu’il a fait est très risqué mais aussi très habile ».
A ce jour, la stratégie de Fayyad réussit. Son administration a débuté plus d’un millier de projets de développement, dont des revêtements routiers, des plantations d’arbres, creusements de puits et constructions de nouveaux immeubles, principalement dans les villes jumelles de Ramallah et d’al-Bireh (8). Il a réduit la dépendance de l’aide étrangère et commencé à réaliser des plans pour construire de nouveaux hôpitaux, écoles, tribunaux, parcs industriels, logements, et même une nouvelle ville, Rawabi, entre Ramallah et Naplouse. Mais « la réforme des forces de sécurité », m’a dit Ghassan Khatib, un porte-parole de l’Autorité Palestinienne « est la partie principale et intégrale du plan Fayyad. Beaucoup des autres succès du gouvernement, tels que la croissance économique, en ont résulté ».
À ses citoyens, le gouvernement Fayyad a présenté la réforme de la police et des autres forces de sécurité comme une question de loi et d’ordre principalement — d’appréhender les gangs criminels, de consolider les services de sécurité concurrents, d’interdire l’utilisation publique des armes, et de localiser les voitures volées. Mais son programme de « contre-terrorisme » — dirigé principalement contre Hamas et considéré par beaucoup de Palestiniens comme une collaboration avec Israël — est son plus important élément : viser les membres de Hamas et ses sympathisants supposés vise à réduire le risque d’une prise de contrôle de la Cisjordanie et - importance égale - aide Fayyad à convaincre qu’il contrôle et qu’Israël peut se retirer sans danger du territoire.
En 2009, les forces palestiniennes et israéliennes ont participé à 1297 actions coordonnées, beaucoup d’entre elles contre des groupes militants Palestiniens, une augmentation de 72 % sur l’année précédente (9). Ensemble elles ont largement démantelé les brigades des martyrs al-Aqsa, une milice principale du Fatah ; attaqué les cellules du Jihad islamique ; et presque éliminé les institutions sociales, les réseaux financiers et les activités militaires de Hamas en Cisjordanie.
D’après le dernier rapport annuel du Shin Bet, le FBI israélien, « les activités continues [de contre-terrorisme] conduites par Israël et les appareils sécuritaires palestiniens » ont réduit les attaques palestiniennes contre les Israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem est à leur nombre le plus bas depuis 2000 (10). Le niveau actuel de coopération, dit Herzog, « est même meilleur qu’avant la seconde intifada — il est excellent ». Mouna Mansour, une législatrice Hamas du parlement palestinien, veuve d’un haut dirigeant assassiné du mouvement, m’a dit : « l’AP a mieux réussi que les Israéliens à écraser Hamas en Cisjordanie ».
Au centre des réformes sécuritaires du gouvernement palestinien se trouvent plusieurs « bataillons spéciaux » des Forces Nationales de Sécurité (NSF), une gendarmerie de 8000 membres constituant la plus grande unité des 25 000 membres des forces armées palestiniennes en Cisjordanie (11). L’officier en charge de contrôler, d’entraîner, d’équiper et de diriger stratégiquement ces bataillons spéciaux est le Lieutenant général Keith Dayton, coordinateur sécuritaire des Etats-Unis (USSC) pour Israël et l’Autorité Palestinienne.
Dans une ville du désert à 25 km au sud-est d’Amman, plus de 3000 Palestiniens ont complété des entraînements militaires de 19 semaines sous la supervision de Dayton au centre international d’entraînement de la police jordanienne, construite avec des fonds américains en 2003 pour l’instruction de la police irakienne. À Hébron, Jénine, Jéricho et Ramallah, la mission Dayton organise la construction et la rénovation de garnisons, de centres d’entraînement, d’équipements pour le ministère de l’intérieur et de QG sécuritaires — dont certains, comme celui que j’ai visité sur une colline au centre d’Hébron, furent détruits par Israël pendant la seconde intifada. Le bureau de l’USSC prévoit de construire de nouveaux camps à Bethléem, Ramallah, Toubas et Tulkarem. Il offre des formations à la direction de deux mois à des hauts officiers de l’AP, et à créé et nommé des conseillers à un directoire de planification stratégique du ministère de l’intérieur (12). Au cours des trois dernières années, le département d’État a alloué 392 millions de dollars à la mission Dayton, 150 autres millions sont demandés pour 2011 (13).
À son QG dans une construction en pierre du XIXe siècle au consulat US de Jérusalem Ouest, l’USSC a un personnel permanent de 45 personnes composées en premier lieu d’officiers militaires Etasuniens et Canadiens, mais aussi de Britanniques et de Turcs. De plus, il emploie 28 entrepreneurs privés de Dyn Corp International (basé en Virginie) (14). Les règlements du département d’État exigent que le personnel de la mission du gouvernement US voyage seulement dans des grands convois lourdement armés, mais ces restrictions ne s’appliquent pas aux entreprises de sécurité privées et aux officiers militaires étrangers, dont certains sont basés à Ramallah. Pour fin 2011 — une date qui concorde avec l’échéance de Fayyad - l’USSC prévoit d’avoir supervisé l’entraînement de 10 bataillons NSF, un pour chaque gouvernorat de Cisjordanie, excepté Jérusalem (15).
Le général Dayton fait son rapport à la secrétaire d’État Hillary Clinton et à l’amiral Mike Mullen, président du Comité des chefs d’États-majors interarmées. Il conseille George Mitchell, envoyé spécial pour la paix au Moyen-Orient, et a été loué par des sénateurs, des congressistes et des analystes du Moyen-Orient influents, qui trouvent le travail de l’USSC remarquable (16). Israël a accordé plus de responsabilités aux forces de sécurité palestiniennes, élargissant leurs zones d’opération, partageant plus de renseignements de qualité avec elles, et levant leur couvre-feu de minuit à cinq heures dans plusieurs grandes villes de Cisjordanie (17). D’après le bureau des coordinations des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), Israël a aussi réduit le temps de parcours entre la plupart des centres urbains de Cisjordanie en ouvrant des routes, en relâchant les contrôles au check-points, en levant les exigences de permis de véhicules, en retirant des obstacles physiques, qu’on s’attend à voir réduits dans un futur proche au nombre le plus bas depuis 2005 (18).
Le colonel Philip J. Dermer, un ancien membre de l’USSC, a écrit en mars 2010 un rapport distribué parmi les hauts dirigeants militaires et de la Maison-Blanche selon lequel « la mission USSC a manifestement réalisé plus de progrès sur le terrain que tout autre effort de paix israélo-palestinien » (19). Michael Oren, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, a dit : « Vous pourrez envoyer George Mitchell au Moyen-Orient aller et retour autant que vous voulez, mais amplifier ce que [le général] Dayton fait dans le domaine de la sécurité dans d’autres secteurs de la gouvernance et de la société palestiniennes, c’est vraiment le seul modèle viable pour un progrès » (20).
Le premier coordinateur sécuritaire étasunien, le lieutenant général William « Kip » Ward, est arrivé à Jérusalem en mars 2005. Elliott Abrams, précédemment vice-conseiller à la sécurité nationale du président George W. Bush, m’a dit que la mission de Ward fut organisée en réponse à trois événements coïncidents : en novembre 2004, la réélection de Bush qui voulait reconstruire les forces de sécurité palestiniennes dans le cadre de sa feuille de route de 2003 pour la paix au Moyen-Orient ; la mort, neuf jours plus tard, de Yasser Arafat, qui avait résisté aux tentatives américaines de réformer les services de sécurité palestiniens ; et la victoire du candidat favori de l’Amérique, Mahmoud Abbâs, aux élections présidentielles de janvier 2005.
La mission de Ward se concentra initialement sur des réformes sécuritaires mais fut rapidement limitée à la préparation du désengagement de Gaza et de quatre colonies au nord de la Cisjordanie en août et septembre 2005 par le premier ministre Israélien Sharon (21). Le retrait se fit assez doucement pour Israël, mais Ward échoua à empêcher la violence du côté palestinien. Des serres des colons furent pillées, des synagogues vides brûlées, et les Palestiniens commencèrent à se combattre entre eux pour le contrôle de Gaza (22).
Des semaines après que Dayton ait remplacé Ward fin 2005, Hamas défit le Fatah aux élections parlementaires de janvier 2006. D’un jour à l’autre, la tâche de Dayton changea, de réformer des forces de sécurité à empêcher un gouvernement à direction Hamas de les contrôler. Des juristes du Département d’Etat cherchèrent des moyens de continuer à assister les forces de sécurité de l’AP dominées par le Fatah, qui seraient bientôt dirigées par Hamas, groupe qualifié de terroriste par les USA. La solution fut d’envoyer l’aide directement au président Abbas, qui était élu séparément et pouvait être considéré comme séparé de la législature et du gouvernement Hamas en formation. Inversant sa politique de longue date de pression sur le président Palestinien pour donner du pouvoir au cabinet, les USA conseillèrent à Abbas de publier des décrets et de faire des nominations limitant le pouvoir du nouveau gouvernement, en particulier sur les forces de sécurité (23). Hamas réagit en établissant son propre service de sécurité. Abbas bannit la force Hamas dans un décret que le cabinet déclara illégal. Dans l’année qui suivit, Hamas et Fatah s’engagèrent dans une série de clashs violents dans lesquels des leaders des deux côtés furent assassinés (24).
Entre temps, Dayton supervisait le recrutement, l’entraînement et l’équipement des forces sécuritaires en expansion rapide d’Abbas (25). Khaled Meshaal, chef de la direction politique de Hamas, délivra un discours enflammé dénonçant « le coup sécuritaire » comme une « conspiration » soutenue par « les Sionistes et les Américains » — charge que le Fatah nia (26). En février 2007, au bord de la guerre civile, les leaders du Fatah et de Hamas se rendirent à la Mecque, où ils se mirent d’accord pour former un gouvernement d’unité nationale, un accord auquel les USA s’opposèrent parce qu’ils préféraient que le Fatah continue d’isoler Hamas. Fayyad devint ministre des finances du nouveau gouvernement malgré, a-t-il dit, une pression américaine pour ne pas le rejoindre (27). Le diplomate péruvien Alvaro de Soto, ancien émissaire de l’ONU au quartette, écrivit dans un « rapport de fin de mission » confidentiel que la violence entre Hamas et Fatah aurait pu être évité si les USA ne s’étaient pas opposés puissamment à la réconciliation palestinienne. « Les USA » écrit-il, « ont clairement poussé à une confrontation entre Fatah et Hamas » (28).
Un mois avant la chute de Gaza aux mains de Hamas en juin 2007, ses forces attaquèrent les troupes entraînées par l’USSC dans leur base près de la frontière de Gaza avec Israël, en tuant sept et en ne se retirant que lorsque trois tanks israéliens s’approchèrent (29). Témoignant devant le Congrès la semaine suivante, Dayton déclara que l’attaque avait été repoussée et nia l’ascension de Hamas, une prédiction non confirmée les semaines suivantes (30). « Il a suffi [à Hamas] de quelques jours », dit Raji Sourani, le directeur du Centre Palestinien des Droits de l’Homme, « pour chasser un appareil sécuritaire de l’AP de 53 000 hommes, un investissement occidental de 14 ans » (31).
Quoique plusieurs membres de l’administration Bush aient dit plus tard que la stratégie entière avait été erronée, la défaite des forces du Fatah soutenues par les Américains constitua une leçon assez différente pour le petit cercle influençant l’USSC (32). « Nous ne vîmes pas ceci comme une preuve que le projet ne fonctionnait pas », dit Abrams, « mais plutôt que le projet était nécessaire ».
Gaza était perdu, mais avec la nomination par Abbâs d’un cabinet d’urgence dirigée par Salam Fayyad, les USA sentirent qu’ils avaient « le meilleur gouvernement de l’Autorité Palestinienne de l’histoire ». C’est ce que m’a dit David Welch, un ancien assistant secrétaire d’État pour le Proche-Orient qui a aidé à superviser la mission de Dayton jusqu’en décembre 2008. L’administration Bush termina son embargo de 14 mois de l’Autorité Palestinienne, Israël rendit 500 millions de dollars de taxes confisquées, les forces de sécurités palestiniennes et israéliennes accrurent leur coordination et l’USSC développa rapidement ses opérations. Dans les premiers trois mois et demi comme premier ministre, de mi-juin à octobre 2007, l’Autorité Palestinienne monta une campagne en Cisjordanie contre les associations caritatives, les entreprises, les prédicateurs et les fonctionnaires affiliés à Hamas, arrêtant quelques 1500 membres et sympathisants supposés du mouvement (33). « Une fois qu’il fut clair que Hamas avait gagné à Gaza », dit Welch, « alors tout ce qui était à faire en Cisjordanie fut bien plus net ».
Fin octobre 2007, le gouvernement faisait un effort intense pour maintenir l’ordre à Naplouse, une des villes les plus violentes de Cisjordanie ; à Jénine en mai suivant, un bataillon spécial entraîné par l’USSC conduisit la plus vaste opération sécuritaire jamais montée par l’AP (34). Les deux efforts reçurent l’approbation des habitants locaux, reconnaissants pour la sécurité améliorée. Mais ces projets furent largement dépendants non seulement de la retenue de Hamas et du Jihad islamique, mais aussi du soutien d’Israël, y compris de l’amnistie offerte aux combattants du Fatah (35).
De nombreux Palestiniens voient dans les campagnes actuelles des forces de sécurité un effort pour supprimer Hamas — les gagnants d’élections libres et honnêtes — et aussi pour empêcher les attaques contre Israël. « Le défi pour Fayyad et Abbâs, » m’a dit Ghaith al-Omari, un ancien conseiller de politique étrangère d’Abbâs, « est que pour de nombreux Palestiniens, la violence contre Israël est un effort nationaliste et respectable ». Cette vision est confirmée par les réactions à l’attentat suicide le plus récent en Israël — dans un centre commercial de Dimona en février 2008 — et le tir sur huit étudiants d’une yeshiva de Jérusalem Ouest le mois suivant. Plus des trois quarts des Palestiniens sondés soutinrent les attaques, qui furent glorifiées par Hamas et condamnées par l’AP (36).
Au cours de l’année suivante, l’AP s’aliéna le public encore plus et avec peu d’aide de Hamas. Dans une base israélienne au nord de Ramallah, en septembre 2008, le journaliste Israélien Nahum Barnéa assista à une rencontre entre officiers Palestiniens et Israéliens. Dans un article traduit ensuite dans la presse palestinienne, Barnéa rapporta dans Yedioth Ahronoth, quotidien numéro un d’Israël, que le chef des forces nationales de sécurité palestiniennes avait dit aux Israéliens « Nous avons un ennemi commun » et que le chef du renseignement palestinien avait dit « Nous nous occupons de chaque institution Hamas selon vos instructions » (37).
Un autre coup à la popularité de l’AP est venu un mois et demi plus tard. Après que les forces israéliennes aient chassé quelque 200 juifs d’un immeuble contesté à Hébron, des colons Israéliens de la zone ont vandalisé des ambulances et des mosquées, mis le feu à des voitures et des maisons, tiré sur et blessé des habitants Palestiniens. Le premier ministre Ehud Olmert dit qu’il avait « honte des scènes de juifs ouvrant le feu sur des Arabes innocents », un événement qui qualifia de « pogrom » (38). Quand les émeutes se répandirent dans la partie de la ville sous contrôle palestinien, les habitants d’Hébron observèrent la disparition rapide de leurs forces de sécurité (39). Tant l’ancien gouverneur, maintenant chef d’état-major d’Abbâs, que le commandant NSF d’Hébron, une place forte de Hamas, m’ont dit que les soldats Israéliens font des incursions régulières dans les zones contrôlées par l’AP, forçant, dit le gouverneur, les troupes palestiniennes « humiliées et insultées » à se retirer dans leurs casernes. L’idée de collaboration est accentuée, ajoutent t-ils, par la pratique fréquente d’Israël d’arrêter les gens qui viennent juste d’être libérés des prisons palestiniennes.
Le plus grand dommage à la réputation des forces de sécurité palestiniennes a eu lieu pendant la guerre israélienne à Gaza commencée en décembre 2008. Les agents de l’AP de Cisjordanie en civil et en uniforme encerclèrent les mosquées, empêchèrent les jeunes gens de s’approcher des check-points israéliens, arrêtèrent les protestataires qui lançaient des slogans de Hamas, et dispersèrent les manifestants à coups de bâtons, d’irritants au piment et de gaz lacrymogènes (40). La confiance entre forces israéliennes et palestiniennes fut si grande, dit Dayton, « qu’une bonne part de l’armée israélienne est allée à Gaza » (41). Barak Ben-Zur, un ancien chef du contre-terrorisme du renseignement militaire israélien devenu assistant spécial du directeur du Shin Bet, m’a dit que « dans les villes arabes israéliennes, il y eut plus de protestations contre la guerre qu’en Cisjordanie », grâce au « calme total maintenu par les services de sécurité palestiniens ». Le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman a dit ensuite : « Mahmoud Abbâs lui-même a appelé et nous a demandé, nous a pressé de continuer la campagne militaire et de renverser Hamas » (42).
Plusieurs mois après la guerre à Gaza, Dayton parla devant un groupe influent de politiciens et d’analystes au Washington Institute for Near East Policy (WINEP), où il se vanta des réalisations de sa mission : la construction d’une force qui agit contre Hamas et coopéra avec Israël pendant la guerre, et la création de « nouveaux hommes » via l’entraînement des troupes palestiniennes par l’USSC. Les commandants Israéliens, a-t-il dit, lui demandèrent à quelle vitesse il pourrait en produire plus (43). Ses commentaires ne furent pas bien reçus en Palestine, où ils renforcèrent l’image de marionnettistes des USA et d’Israël. Dans les mois qui suivirent le discours, l’AP envoya une protestation formelle aux USA sur les « déclarations inacceptables » de Dayton ; des hauts dirigeants Palestiniens, dont Fayyad, refusèrent d’assister à des rencontres avec lui ; et d’après Jane’s Defence Weekly, « à cause des tensions dans les relations entre [le général] Dayton et la direction civile palestinienne, son rôle [fut] amenuisé » (44).
Pour Fayyad, le discours de Dayton n’aurait pas pu être plus mal choisi ; il suivait la publication d’un sondage très commenté qui trouvait que la légitimité de l’AP parmi les habitants de Cisjordanie était au plus bas, et quelques semaines après que les Palestiniens aient fait de grandes manifestations pour protester contre une tentative supposée des forces de sécurité de l’AP pour assassiner Sheikh Hamed al-Beitawi, un haut dirigeant de Hamas en Cisjordanie (45). Beitawi, un membre du Parlement, président de l’association palestinienne des docteurs de droit islamique, et imam bien connu pour ses sermons à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, avait échappé à une autre attaque par des assaillants non identifiés à l’automne de 2008 (46). L’AP lui a interdit de prêcher cet été et deux de ses fils ont été arrêtés depuis juillet. Pourtant Beitawi a dit qu’il avait confiance que le gouvernement Fayyad ne durerait pas (47). « Le Fatah et l’AP s’enfoncent pour deux raisons, la corruption et la coordination avec les Israéliens » m’a-t-il dit à Naplouse.
En décembre dernier, quand les forces israéliennes à Naplouse, qui auraient agi sur renseignements des services de sécurité de l’AP, ont tué trois militants Palestiniens suspects d’avoir assassiné un rabbin de Cisjordanie, plus de 20.000 Palestiniens assistèrent aux funérailles, qui se transformèrent en une énorme protestation contre la coopération sécuritaire de l’AP avec Israël (48). Plusieurs jours plus tard, al-Aqsa TV de Hamas montra un dessin animé avec un cœur qui chantait « Nous jurons que nous ne serons pas terrorisés par Dayton » (49). Son personnage central, Balool, est un commandant de la Force de sécurité nationale palestinienne qui baise les bottes des soldats Israéliens, porte un béret avec l’insigne « Dayton », et déclare ne représenter aucune fraction politique juste avant que son pantalon tombe, révélant un sous-vêtement à la couleur jaune du Fatah.
Le jour où le dessin animé fut montré à la télévision, Abbâs, qui est décrit dedans comme une marionnette des soldats Israéliens, a dit à un intervieweur « Nous ne sommes pas les gardes de sécurité d’Israël » (50). Une semaine plus tard, Yusuf al-Qaradawi, le prédicateur télé de Doha regardé par des dizaines de millions de gens, a dit dans un sermon sur Qatar TV que « s’il est prouvé que [Abbâs] a incité Israël a frappé Gaza, il mérite non seulement d’être exécuté, mais d’être lapidé à mort » (51).
Les islamistes n’ont guère été les seules critiques de Dayton et des forces de sécurité. L’an dernier, dans un éditorial intitulé « La Stasi de Jéricho », Bassem Eid, chef du Palestinian Human Rights Monitoring Group, a écrit : « J’aimerais suggérer au général Dayton de ne pas entraîner seulement les agents à l’usage des armes, aux passages à tabac et à la torture... mais aussi à leur apprendre comment se comporter parmi leur propre peuple » (52). Les forces nationales de sécurité entraînée par Dayton n’ont pas le droit de faire des arrestations, mais elles mènent régulièrement des opérations conjointes avec les services de sécurité palestiniens dont les hauts responsables ont été entraînés par l’USSC et qui ont, d’après Human Rights Watch et les groupes de droits humains palestiniens, pratiqué la torture (53). Un an après la nomination de Fayyad, Mamdouh al-Aker, alors président de la Commission palestinienne indépendante pour les droits humains (PICCR) de l’AP, a parlé de la « militarisation » du gouvernement et avancé qu’ « on est passé d’un état d’anarchie à une sorte d’Etat sécuritaire, un État policier » (54).
Les accusations d’autoritarisme se sont intensifiées depuis. Abbâs, dont le terme expirait au cours de la guerre à Gaza, gouverne depuis par décret présidentiel. Il n’y a pas eu de législature depuis juin 2007, et les décisions judiciaires sont fréquemment ignorées par les services de sécurité. Fayyad, malgré tout son engagement pour la responsabilité et la transparence, a été trouvé sondage après sondage avoir moins de légitimité que le Premier ministre Hamas à Gaza, Ismail Haniyeh, et il préside un gouvernement qu’un récent Global Integrity Index a associé avec l’Irak comme le sixième plus corrompu du monde (55).
Les pratiques de l’AP ont été aussi sévèrement critiquées à d’autres égards. D’après Sha’wan Jabarin, directeur du groupe palestinien des droits de l’homme al-Haq, la torture est devenue une routine ces derniers mois. Dans les sondages effectués depuis la nomination de Fayyad, les habitants de Cisjordanie ont régulièrement rapporté se sentir moins en sécurité que les Gazaouis, dont les vies sous le pouvoir de Hamas sont pires à bien des égards. Le ministre des affaires religieuses a dicté les sermons du vendredi devant être lu par les imams. Des journalistes Palestiniens, d’après Amnesty International, ont été détenus et menacés pendant la guerre de Gaza pour avoir rapporté sur la répression du gouvernement. L’Autorité Palestinienne, depuis que Fayyad est devenu premier ministre, a été classée à deux reprises plus bas que tout autre gouvernement arabe dans l’indice de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Et Freedom House donne maintenant à l’AP la même note pour les droits politiques que pour les libertés civiles — « pas libre » (56).
Fayyad a cherché à renforcer sa crédibilité avec les Palestiniens en participant à des actes de « résistance pacifique » — manifestations contre le mur de sécurité israélien et incinération de produits faits dans les colonies israéliennes. Mais Sam Bahour, un entrepreneur Palestinien défenseur des droits civils m’a dit que la décision récente du gouvernement « d’adopter un petit élément » d’un boycott existant plus vaste n’est qu’une simple « mesure de façade » destinée à cacher « un État sécuritaire à la main lourde dont les premiers objectifs sont de garder sous contrôle Hamas et la critique du gouvernement ». Le 25 août, quand des partis de gauche et indépendants ont tenu un rassemblement contre les pourparlers directs avec Israël qui débutaient une semaine après, il fut violemment dispersé par les forces de sécurité de l’AP (57). L’hiver et le printemps derniers, l’AP a préparé les élections municipales de juillet, que Hamas, indiquant la répression politique, décida de boycotter (58). Khalil Shikaki, le premier sondeur Palestinien, m’a dit que le but des élections était « d’affaiblir encore plus Hamas et de renforcer la légitimité du gouvernement ». Quand les divisions internes du Fatah l’empêchèrent de se mettre d’accord sur les listes de candidats, l’AP annula les élections, démentant qu’il l’avait fait parce que le Fatah craignait de perdre (59). Mais Sha’wan Jabarin m’a dit que le démenti du gouvernement n’était pas crédible :
En mai et juin, nous avons eu connaissance de dizaines ou des centaines de cas où des sympathisants de Hamas furent interrogés par les forces de sécurité sur les élections municipales et questionnées sur leur candidature ou non, s’ils voulaient voter ou non, à qui ils voulaient donner leur vote.
À son bureau à Ramallah, Shikaki a dit que puisque les gens à Gaza se sentent plus libres d’exprimer leurs opinions politiques à ses collaborateurs, « Nous avons des rapports plus justes sur la façon dont les gens ont voté aux dernières élections à Gaza que nous n’en avons ici » (60).
Dans son rapport qui a circulé parmi les cadres militaires et de la Maison-Blanche cette année, le colonel Dermer a écrit : « Tandis que les Israéliens et les officiels [US] ont vu les récents succès de la paix sur le terrain, avec une certaine myopie, comme une victoire contre le terrorisme, les Palestiniens défiants les considèrent comme un nouveau régime de protection [de l’AP] ». Une faiblesse des efforts US, croit-il, « c’est la nature indéfinie de la mission de l’USSC et de l’échéance souhaitée. Le but de l’AP est-elle de l’emporter et d’écraser Hamas militairement ? De chercher vengeance pour la perte de Gaza ? De maintenir l’ordre aux services d’Israël ? Ou bien est-ce qu’établir les fondations sécuritaires pour un État palestinien démocratique libre et indépendant » ? Ghandi Amin, un directeur à la Commission indépendante des droits humains, un médiateur de l’AP, m’a dit : « Je n’ai pas d’espoir pour le plan Fayyad. Je regarde sur le terrain et je ne vois qu’un rôle accru des agences de sécurité ».
En octobre, Dayton prendra sa retraite et sera remplacé par un général d’aviation trois étoiles, Michael Moeller. Au cours de l’an prochain, il est prévu que Moeller reçoive le plus fort financement jamais reçu par l’USSC (61). Sa tâche, alors que les échéances à la fois du plan Fayyad et de la fin des négociations israélo-palestiniennes approchent, sera de mettre en avant deux objectifs inconciliables : construire une force palestinienne qui peut garantir la sécurité israélienne tout en amoindrissant la perception que les USA soutiennent fermement ce que beaucoup d’habitants de la Cisjordanie, tel le politicien indépendant Moustafa Barghouti, en sont venus à décrire non pas comme une, mais comme deux occupations (62).
Notes :
1. Pour un excellent rapport sur la réforme sécuritaire palestinienne, voir "Squaring the Circle : Palestinian Security Reform Under Occupation," International Crisis Group, 7 septembre 2010.
2. "Fayyad : Jews Can Be Equal Citizens in a Palestinian State," Haaretz, 5 juillet 2009.
3. Pour un exemple récent de l’approbation reçue par Fayyad, voir les colonnes récentes par Roger Cohen, qui a appelé Fayyad "le plus important phénomène du Moyen-Orient" et Thomas Friedman, qui a inventé un terme pour la variété d’ “administration et de services transparents et responsables » du Premier ministre, le « Fayyadisme » qui, pense t-il, est « la nouvelle idée de gouvernance arabe la plus excitante depuis toujours ». Roger Cohen, "Beating the Mideast’s Black Hole," The International Herald Tribune, 27 avril 2010 ; Thomas Friedman, "Green Shoots in Palestine," The New York Times, 4 août 2009.
4. Akiva Eldar, "A Day in the Life of the Palestinian Ben-Gurion," Haaretz, 11 février 2010.
5. Fadi Elsalameen, "Fayyad : ‘Build, Build Despite the Occupation,’" The Palestine Note, 30 juillet 2010.
6. Merav Michaeli, "Lieberman : Israel’s Gestures to Palestinians Met with ‘Slaps in the Face,’" Haaretz, 13 mai 2010.
7. Fadi Elsalameen, "Fayyad : ‘Build, Build Despite the Occupation.’"
8. Beaucoup a été dit du rapport du FMI disant que le PNB a augmenté de 9,5% en 2009 en Cisjordanie. Pour une source argumentant que le rapport du FMI sur la croissance économique en Cisjordanie est très exagéré, voir Bassim S. Khoury, "Putting the Palestinian ‘Carriage Behind the Horse,’" ForeignPolicy.com, 1er juillet 2010.
9. "Measures Taken by Israel in Support of Developing the Palestinian Economy, the Socio-Economic Structure, and the Security Reforms," Rapport du gouvernement d’Israël au comité de liaison ad-hoc, 13 avril 2010.
10. "2009 Annual Summary-Data and Trends in Palestinian Terrorism," Israeli Security Agency, 2009. Voir aussi les rapports précédents de l’Israeli Security Agency et "Four Years of Conflict : Israel’s War Against Terrorism," Ministère israélien des Affaires étrangères, 3 octobre 2004.
11. Sur la taille de la NSF, voir les estimations faites dans "Palestinian Authority : US Assistance Is Training and Equipping Security Forces, but the Program Needs to Measure Progress and Faces Logistical Constraints," Government Accountability Office, mai 2010 ; et "Squaring the Circle : Palestinian Security Reform Under Occupation." Le nombre utilisé dans cet article est entre ceux de ces deux rapports et constitue un ajustement léger qui m’a été proposé par un porte-parole d’EUPOL COPPS (Mission de police européenne pour les Territoires occupés palestiniens) en avril 2010 d’une estimation précédente faite précédemment par des officiels US. Voir "West Bank : Palestinian Security Forces," US Security Coordination Road Warrior Team, Juin 2008.
12. Ces cours sont ouverts aux membres de chacun des 7 services de sécurité : les Forces nationales de sécurité, la garde présidentielle, la police civile, la défense civile, et trois services de renseignement - le renseignement militaire, les renseignements généraux et la sécurité préventive.
13. "Palestinian Authority : US Assistance Is Training and Equipping Security Forces, but the Program Needs to Measure Progress and Faces Logistical Constraints."
14. "Palestinian Authority : US Assistance Is Training and Equipping Security Forces, but the Program Needs to Measure Progress and Faces Logistical Constraints."
15. Le Département d’Etat, cependant, prévoit le déploiement des forces dans neuf gouvernorats seulement, avec un bataillon en force de réserve (le secteur sécurité de L’AP traite les gouvernorats de Jénine et de Toubas comme un seul). Voir "US Security Assistance to the Palestinian Authority," Congressional Research Service, 8 janvier 2010 ; et "Squaring the Circle," International Crisis Group, 7 septembre 2010, p. 11.
16. Dayton a servi de concert avec le Conseiller national à la sécurité, le général James Jones, qui fut envoyé spécial pour la sécurité au Moyen-Orient en 2007-2008 ; a écrit un éloge promotionnel pour un livre récent co-écrit par Dennis Ross, haut dirigeant au National Security Council et conseiller spécial pour le Président ; et a donné des présentations à des sénateurs, congressistes et groupes d’intérêts visitant Israël.
17. "Squaring the Circle : Palestinian Security Reform Under Occupation."
18. "West Bank Movement and Access Update," Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires, Territoires palestiniens occupés, juin 2010.
19. Colonel Philip J. Dermer, "Trip Notes on a Return to Israel and the West Bank : Reflections on US Peacemaking, the Security Mission, and What Should Be Done," Journal of Palestine Studies, Vol. 39, No. 3 (printemps 2010).
20. James Kitfield, "United They Fall ; Divided They Stand," National Journal, 28 mars 2009.
21. Peu après l’arrivée de Ward, le Ministre palestinien de l’intérieur se pleignit au parlement que ses efforts de réforme et ceux de Ward étaient “torpillés” par les forces sécuritaires et les services de renseignements étrangers qui les payaient. Jarat Chopra, un ancien conseiller de l’OLP qui dirigea un groupe servant de bras opérationnel à l’USSC, m’a dit : “Le challenge principal de Ward est venu d’Israel et de la CIA, qui tous deux, en cultivant leurs relations avec les chefs de la sécurité palestinienne, ont empêché les réformes et encouragé la mentalité de fiefs qu’Arafat avait cultivé parmi la douzaine ou plus de services sécuritaires rivaux ». Voir Pinhas Inbari et Dan Diker, "The Murder of Musa Arafat and the Battle for the Spoils of Gaza," Jerusalem Center for Public Affairs, 10 octobre 2005. Voir aussi Khaled Abu Toameh, "PA-Sponsored Gunmen Abet Anarchy," The Jerusalem Post, 14 juin 2005.
22. Le cousin d’Arafat, de 65 ans, Musa Arafat, ancien chef du renseignement militaire, a été trainé en pyjamas de chez lui et abattu de 15 tirs au dehors des bureaux d’Organisation de Sécurité Préventive, la principale bénéficiaire de l’aide de la CIA, longtemps dirigée par son rival, Mohammed Dahlan.
23. "Palestinians, Israel, and the Quartet : Pulling Back from the Brink," International Crisis Group, Middle East Report No. 54, 13 juin 2006, p. 7. "Pourriez vous délivrer un décret disant ‘Je déclare par la présente que cette force - la Force 17 - ne dépend plus du Ministère de l’intérieur’ » ? m’a dit Eliott Abrams. « Mais la question a toujours été plus légale et formelle. Dans le monde réel, nous - Abbas, Fatah, l’AP, l’OLP - avons sans cesse eu le contrôle”.
24. Les déploiements furent contrés par des contre-déploiements, suivis par des clashs, des assassinats, plus d’un doublement du prix des M16, et un couvre-feu auto-imposé à Gaza. Voir Adam Entous et Haitham Tamimi, "Hamas, Abbas Rivalry Spurs Palestinian Arms Race," Reuters, 8 juin 2006 ; Khaled Abu Toameh, "‘This Must End Before It’s Like Iraq,’" The Jerusalem Post, 20 décembre 2006.
25. Adam Entous, "Abbas Builds Up Forces Amid Palestinian Crisis," Reuters, 5 octobre 2006. David Welch, un ancien assistant Secrétaire d’Etat pour les questions du Moyen-Orient, qui aida à superviser la mission Dayton jusqu’en décembre 2008, m’a dit : "Essentiellement, on se frayait un chemin intermédiaire difficile entre nettoyer les forces sécuritaires et défaire l’ennemi ». Des documents fuités - publiés par un journal jordanien et élaborés, d’après Welch, par Dayton - indiquent qu’entre le 7 décembre 2006 et le 28 février 2007, un entrainement de base avait débuté pour 3700 personnels de sécurité à Gaza et 1400 en Cisjordanie. De plus, d’après le document, sélection et recrutement avaient commencé pour 15.000 personnels de sécurité nationale à Gaza et 5000 en Cisjordanie.
Voir David Rose, "The Proof Is in the Paper Trail," Vanity Fair, 5 mars 2008. Le général Mohammad Araj, commandant NSF d’Hébron entraîné par Dayton, m’a dit que son bataillon a commencé à s’entraîner en 2006. Un haut responsable de l’administration Bush m’a dit « Les Egyptiens et les Jordaniens ont fourni le soutien matériel, tandis que les plus gros soutiens financiers étaient les Emirats. Pendant un moment, les Saoudiens ont aussi financé."
26. "Political Office Leader Khalid Mashal Speech : No Way We Will Bend to US, Israeli & Fateh Pressure to Be Subservient to the Zionists-Fateh Leaders in an Uproar," Palestine News Network, 22 avril 2006. A l’automne 2006, le quotidien Haaretz avait rapporté que Dayton prévoyait de pousser Abbas à se confronter au Hamas à Gaza : Welch et Abrams, en visite en Israel début novembre, étaient “arrivés avec un plan ambitieux formulé par le Lieutenant Général Keith Dayton.... Les USA veulent pousser Abu Mazen à une confrontation militaire à Gaza, qui renversera le gouvernement Hamas". Aluf Benn, "Words, Words, Words," Haaretz, 2 novembre 2006.
27. "A Palestinian State in Two Years : Interview with Salam Fayyad," Journal of Palestine Studies, automne 2009.
28. Alvaro de Soto, "End of Mission Report," Mai 2007. Une semaine avant La Mecque, de Soto écrivit : "L’envoyé US a déclaré deux fois à un debriefing à Washington combien ‘J’aime cette violence’”. “J’ai dit ça”, m’a dit Welch. “Mais j’ai dit aussi ‘S’il n’y avait pas de violence, les gentils auraient déjà capitulé’”. Le lendemain de la formation du gouvernement d’unité nationale, Abbas nomma comme conseiller à la sécurité nationale l’ennemi juré de Hamas, Mohammed Dahlan. "Nous n’oublierons jamais que c’était l’homme qui brûlait nos barbes et qui nous a torturait”, a dit le leader de Hamas Mahmoud Zahar. La citation de Zahar peut être trouvée dans : Beverley Milton-Edwards and Stephen Farrell, Hamas (Polity, 2010), p. 280.
Fin avril 2007, un journal jordanien publia des documents US fuités - voir note 25 - donnant les grandes lignes d’une stratégie pour abattre le gouvernement d’unité nationale, renforcer le Fatah et éliminer la nouvelle force de sécurité de Hamas. Les officiels de Hamas dirent plus tard que ces plans, ainsi que l’arrivée d’Egypte de troupes entrainées sous Dayton, les incitèrent à passer à l’offensive à Gaza à la fin du printemps. Publié originellement en arabe par al-Majd, avril 2007 et publié peu après en anglais par un blog, Missing Links.
Voir Rose, "The Proof Is in the Paper Trail." Voir aussi "After Gaza," International Crisis Group, Middle East Report No. 68, 2 août 2007, p. 11 ; et les commentaries de Mahmoud Zahar et Fawzi Barhoum dans David Rose, "The Gaza Bombshell," Vanity Fair, Avril 2008. [en français : “Choc à Gaza” ; ndt]
29. Ibrahim Barzak, "Hamas Kills 7 in Gaza Border Clash," Associated Press, 15 mai 2007.
30. "US Assistance to the Palestinians". Audition devant le sous-comité sur le Moyen-Orient et l’Asie du Sud du Comité des affaires étrangères, Chambre des représentants, 11eme législature, 23 mai 2007.
31. Paul McGeough, Kill Khalid (New Press, 2009), p. 381.
32. David Wurmser, un conseiller pour le Moyen-Orient du Vice Président Cheney, est allé jusqu’à dire que "ce qui a eu lieu n’a pas tant été un coup d’Etat par Hamas qu’une tentative de coup d’Etat par le Fatah qui a été dévancé avant qu’il puisse avoir lieu ». Voir Rose, "The Gaza Bombshell." Voir aussi les citations de John Bolton, l’ancien ambassadeur US à l’ONU, dans le même article : " Ayant été inattentifs aux avertissements de ne pas tenir les élections, ils ont tenté d’éviter leurs résultats par l’intermédiaire de Dayton »." Plusieurs responsables de l’administration Bush m’ont dit, cependant, que Wurmser et Bolton n’avaient pas beaucoup d’influence sur la politique qu’ils critiquaient.
33. "Ruling Palestine II : The West Bank Model ?," International Crisis Group, Middle East Report No. 79, 17 juillet 2008, p. 4.
34. Mohammed Najib, "Palestinian Officers Graduate from Jordanian Special Ops Training Course," Jane’s Defence Weekly, 2 mai 2008.
35. Les opérations anti-terroristes conduites par l’armée israélienne furent aussi responsables de la sécurité améliorée. En février 2008, le Major-général Gadi Shamni, alors chef du Commandement central israélien, a dit au président Shimon Peres, "Sans la présence massive de l’IDF en Cisjordanie, Hamas se serait emparé des institutions et des appareils de l’AP en quelques jours ».
36. L’attaque de Dimona fut soutenue par 77% des Palestiniens et celle de Jérusalem par 84%. "Palestinian Public Opinion Poll No. 27," Palestinian Center for Policy and Survey Research, 24 mars 2008.
37. Nahum Barnea, "Last Chance," Yedioth Ahronoth, 19 septembre 2008 ; "Shocking Details of PA-Israeli security meetings," Palestine Times, 29 septembre 2008 ; Jon Elmer, "A Prescription for Civil War," Al-Jazeera, 8 février 2010.
38. "Hebron : Willful Abandonment by Security Forces," B’Tselem, 10 décembre 2008. Ethan Bronner, "Israeli Troops Evict Settlers in the West Bank," The New York Times, 4 décembre 2008. "Olmert condemns settler ‘pogrom,’" BBC, 7 décembre 2008.
39. Jared Malsin, "Witnesses : Israeli Police, Soldiers ‘Deeply Involved’ in Settler Attacks," Ma’an News Agency, 7 décembre 2008. Tony Karon et Aaron J. Klein, "Israeli Settler Youth on the Rampage in Hebron," Time, 5 décembre 2008.
40. Robert Blecher, "Operation Cast Lead in the West Bank," Journal of Palestine Studies, Vol. 38, no. 3 (printemps 2009). Un rapport récent de l’International Crisis Group indique : "A Hébron [pendant la guerre à Gaza], un passant a vidéographié un commandant d’une brigade palestinienne du NSF battant un membre non armé de Hamas avec une canne. Voir "Squaring the Circle : Palestinian Security Reform Under Occupation."
41. Lieutenant Général Keith Dayton, "Peace through Security : America’s Role in the Development of the Palestinian Authority Security Services," Programme du Symposium Soref, Michael Stein Address on US Middle East Policy, Washington Institute for Near East Policy, 7 mai 2009.
43. Dayton, "Peace through Security : America’s Role in the Development of the Palestinian Authority Security Services."
44. Mohammed Najib, "Palestinian Authority Seeks Changes in Security Training," Jane’s Defence Weekly, 5 août 2009 ; et "Palestinian Authority to Opt Out of US Training Programme," Jane’s Defence Weekly, 17 mars 2010.
45. "Palestinian Public Opinion Poll No. 31," Palestinian Center for Policy and Survey Research, 21 décembre 2008. "Massive Hamas Demonstrations Denounce Beitawi Shooting as ‘Assassination Attempt,’" Ma’an News Agency, 19 avril 2009.
46. Pour le mitraillage de la voiture de Beitawi, voir "Car of PLC Member Fired upon by Unknown Persons in Nablus," Palestinian Centre for Human Rights, 4 septembre 2008. Pour la présidence de l’association palestinienne des docteurs de droit islamique par Beitawi, voir Matthew Levitt, Hamas : Politics, Charity, and Terrorism in the Service of Jihad (Yale University Press, 2006), p. 102.
47. "Hamas Sheikh Banned from Delivering Sermons," Ma’an News Agency, 16 aout 2010. Un fils fut arrêté en juillet et un autre en septembre. Voir "PA Night Raids Target 2 Leaders," Ma’an News Agency, 12 septembre 2010 ; et "Source : 20 Hamas leaders detained, funds seized," Ma’an News Agency, 31 juillet 2010.
48. "20,000 attend funeral for slain Nablus Fatah men," Ma’an, 26 décembre 2009. "Squaring the Circle : Palestinian Security Reform Under Occupation."
49. A mi-parcours du dessin animé, Ballol offre une colombe blanche à un colon juif Orthodoxe qui a tué et bu le sang d’enfants Palestiniens. Voir "New AntiSemitic Animated Film Vilifies the Palestinian Authority-PA Security Forces Help Stereotypical Blood-Drinking Jews," Middle East Media Research Institute, January 1, 2010. Vidéo ; transcription.
50. Pour la déclaration d’Abbas, voir "Transcript of Interview with Mahmoud Abbas," WAFA (Ramallah), 1er janvier 2010, Open Source Document GMP20100102061003 (Traduction anglaise de l’arabe), cité dans "US Security Assistance to the Palestinian Authority," Congressional Research Service, 8 janvier 2010, p. 30.
52. Bassem Eid, "Jericho’s Stasi," The Jerusalem Post, 24 juin 2009.
53. Cependant, Jari Kinnunen, le premier conseiller de la police d’EUPOL COPPS, mission de police européenne pour les Territoires palestiniens, m’a dit “Tous les services de sécurité palestiniens font des arrestations. Mais toutes n’ont pas l’autorité pour le faire”. Une autre raison pour laquelle le NSF a une certaine responsabilité pour les pratiques des autres services de sécurité est qu’un de ses officiers est toujours le “commandant de zone” local dans chaque gouvernorat, avec une responsabilité globale sur la sécurité. Human Rights Watch a condamné les donateurs étrangers pour ne pas “critiquer les violations sérieuses des droits humains par les forces qu’ils soutiennent”, et le vice-commandant du renseignement militaire palestinien a dit « Les mauvaises pratiques du gouvernement palestinien et de ses appareils sécuritaires se réfléchissent négativement sur la réputation du Fatah dans la rue palestinienne ». "Internal Fight," Human Rights Watch, 29 juillet 2008. "Hamas and Fatah Split Their Differences," Jane’s Foreign Report, 12 mars 2009.
55. Sur les légitimités relatives des deux gouvernements, voir "Palestinian Public Opinion Poll #27," Palestinian Center for Policy and Survey Research, 24 mars 2008, et "Palestinian Public Opinion Poll #31," Palestinian Center for Policy and Survey Research, 5-7 mars 2009. Sur le classement de la corruption, voir "Global Integrity Report 2008, West Bank," Global Integrity, 2008.
56. Les civils sont fréquemment jugés dans des tribunaux militaires, et l’AP a dissous les conseils municipaux contrôlés par Hamas. Voir "Palestinian Authority, Amnesty International Report 2010" ; et "The Detention of Civilians by Palestinian Security Agencies With a Stamp of Approval by the Military Judicial Commission," Palestinian Independent Commission for Human Rights, décembre 2008.
Sur le sentiment de sécurité à Gaza et en Cisjordanie, voir "Palestinian Public Opinion Poll No. 31" et les autres sondages récents par le Palestinian Center for Policy and Survey Research.
Sur le Ministre des affaires religieuses dictant les sermons, voir, par exemple, "Qaradawi slams Abbas," Al-Ahram, 21-27 janvier 2010. Sur la liberté de la presse, voir Reporters sans Frontières, "Press Freedom Index 2007" and "Press Freedom Index 2008." Sur le classement par Freedom House, voir "Palestinian Authority-Administered Territories, Freedom in the World 2010."
57. "PA Forces Assault Press and Rights Workers at Anti-talks Protest," Ma’an News Agency, 28 août 2010.
58. Khaled Abu Toameh, "Hamas to boycott W. Bank elections," The Jerusalem Post, 24 mai 2010.
59. "Controversy over elections decision continues," Ma’an News Agency, 11 juin 2010. Au QG du Fatah en avril, Mohammed Madani, un membbre du Comité central du Fatah, m’a dit que les élections n’avaient pas pour but d’aider le Fatah, dont les ennuis, il soulignait, étaient du passé.
60. La répression gouvernementale, avec ses formes les plus violentes, est un problème croissant, d’après Jabarin. Il dit qu’il a reçu la promesse en septembre 2009 que les services de sécurité - sur lesquels le Premier ministre à « pleine autorité » - mettraient fin à la torture. Mais après une accalmie l’hiver dernier, “la torture est à nouveau une tendance, c’est devenu une routine”, dit Jabarin. Plusieurs prisonniers sont morts en détention, dont un religieux populaire de Hamas, Sheikh Majd Barghouti.
61. Le Département d’Etat a demandé que l’USSC reçoive son attribution la plus élevée -$150 million-en 2011. A ce jour, le Congrès n’a pas passé le budget de l’année fiscale 2011. Voir "Fiscal Year 2011 Executive Budget Summary-Function 150 & Other International Programs," US Department of State, 1er février 2010. Pour une comparaison de la demande d’attribution 2011 avec les budgets de l’USSC des années précédentes, voir "Palestinian Authority : US Assistance Is Training and Equipping Security Forces, but the Program Needs to Meassure Progress and Faces Logistical Constraints."
62. En janvier 2009, Moustafa Barghouti, qui arriva second aux élections présidentielles de 2005, déclara "C’est une honte. Le peuple ne peut pas vivre avec deux occupations à la fois ». Andrew Lee Butters, "Casualties of War : Palestinian Moderates," Time, 10 janvier 2009.
14 octobre 2010 - New York Review of Books - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.nybooks.com/articles/arc...
Traduction pour la CCIPPP : Jean-Pierre Bouché
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