jeudi 5 août 2010

Pressions américaines et européennes pour le dialogue avec Israël : Abbas tente de faire de la résistance

Edition du 5 août 2010
Devant les lourdes pressions des Etats-Unis et de certains pays européens qui exigent une reprise des négociations directes avec Israël, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne et chef du Fatah, tente de faire de la résistance.
De notre correspondant. Farès Shahine
Selon certaines sources médiatiques américaines, les Etats-Unis en sont arrivés aux menaces, ne laissant presque pas de choix au président palestinien. « Soit vous entamez des négociations directes, soit cela portera atteinte aux relations avec les Etats-Unis », aurait dit le président Obama, dans une lettre adressée à Abbas, au cours de la semaine dernière. Les Etats-Unis ne confirment pas cette position, mais appellent avec insistance à des négociations directes, comme l’a déclaré Philip Crowley, le porte-parole du département d’Etat américain. « Nous croyons fermement que c’est le moment pour les parties de passer des négociations de proximité aux pourparlers directs. Nous pensons qu’adopter une telle démarche maintenant sera forcément bénéfique », a indiqué Philip Crowley. « Sans négociation directe, le conflit sera sans fin, il n’y aura pas d’accord de paix et il n’y aura pas d’Etat palestinien. C’est la réalité », a ajouté le porte-parole du département d’Etat américain.
Le président palestinien dit ne pas refuser le principe des négociations directes, à condition qu’elles se fassent selon des critères clairs en ce qui concerne les frontières du futur Etat palestinien, et un arrêt total de la colonisation dans les territoires palestiniens. Conditions refusées par Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien qui exige des négociations directes sans préalables. Le président palestinien a réitéré cette position, lundi 2 août, devant David Hale, adjoint de l’émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, lors d’une visite à Ramallah. « Le Président a répondu à Hale que nous ne nous opposions pas en principe à des négociations directes », a rapporté Saleh Rafaât, membre du comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). « Mais les Israéliens doivent nous signifier les critères retenus pour les négociations et un arrêt des activités de colonisation », a-t-il dit. Devant des membres du comité exécutif, réunis lundi à Ramallah, le président Mahmoud Abbas a estimé que les chances de réussite de négociations directes avec Israël sans références claires, un arrêt de la colonisation, et la mise en place d’un calendrier précis pour ces négociations, sont quasiment nulles.
Dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion, le comité exécutif de l’OLP souligne que les exigences palestiniennes étaient une garantie de succès des futurs pourparlers directs. « Sans elles, ces pourparlers seront stériles et voués à l’échec avant de commencer », a déclaré Yasser Abd Rabo, le porte-parole de l’OLP. Pourtant, jeudi dernier, l’Autorité palestinienne avait reçu le feu vert de la commission de suivi de la Ligue arabe pour une entame de ces discussions qu’Israël utilisera pour plus de colonisation et plus de judaïsation des territoires palestiniens, comme cela s’est fait durant 18 longues années de négociations stériles. Combien de temps pourra résister le président Abbas aux pressions et aux menaces ? S’il reste seul comme c’est le cas aujourd’hui, il ne faut pas s’attendre à des miracles, même s’il est conscient qu’un retour aux négociations sans conditions préalables et sans garanties sera un véritable suicide politique
Par F. S.