jeudi 6 mai 2010

Processus de paix : Une rencontre Mitchell-Netanyahu sans illusion

06/05/2010
Abbas a déclaré que le Comité exécutif de l'OLP déciderait samedi prochain d'accepter ou non la reprise du dialogue indirect.
L'émissaire américain George Mitchell a rencontré hier soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en vue du lancement de pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens, bien que personne ne semble croire à leur succès. « Ils ont convenu de se retrouver jeudi », a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre sans plus de détails.
À Washington, le porte-parole du département d'État Philip Crowley a qualifié l'entretien de « bon et productif », tout en affirmant que M. Mitchell espérait voir le début des discussions avant son départ dimanche de la région. L'émissaire américain sera reçu demain par le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah (Cisjordanie).
Mais Israël n'a pas caché son scepticisme alors que, sur le fond, des divergences fondamentales persistent sur les dossiers-clefs : tracé des frontières du futur État palestinien, statut de Jérusalem, avenir des colonies juives de Cisjordanie et droit au retour des réfugiés palestiniens. La chaîne de télévision privée 10 a pour sa part estimé que la nouvelle tournée de M. Mitchell « tourne à la farce ». « Le plus important pour Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas ce n'est pas d'avancer, mais de s'accuser mutuellement du futur échec des discussions et surtout de ne pas apparaître comme le coupable aux yeux de l'administration américaine ».
Auparavant, le vice-Premier ministre Dan Meridor, considéré comme un modéré parmi les dirigeants du parti Likoud (droite) de M. Netanyahu, avait lui aussi estimé que les négociations indirectes, dites de « proximité », étaient d'ores et déjà vouées à l'échec. « Elles ne mèneront à rien », a-t-il dit dans une interview publiée par le quotidien anglophone Jerusalem Post. « Certes, j'espère qu'elles aboutissent, mais je ne le pense pas. Chacun des camps va vouloir attirer les Américains sur son propre terrain, ce qui aura l'effet contraire et va en fait éloigner les parties », a ajouté le ministre chargé du dossier des Renseignements et du Nucléaire. Selon M. Meridor, seules des négociations directes, au cours desquelles Israël et les Palestiniens devront faire des « choix difficiles », ont des chances d'aboutir.
« Les négociations de proximité sont une perte d'argent et surtout de temps », a renchéri le commentateur politique Eitan Haber. Un responsable des renseignements militaires israéliens, le général Yossi Baidatz, avait estimé mardi que le président Abbas « préparait déjà le terrain de manière à blâmer Israël pour l'échec des discussions, si en effet elles échouent ».
Côté palestinien, l'humeur est aussi au pessimisme. « S'agira-t-il d'une autre expérience ratée, ou les Américains offrent-ils des garanties réelles que les solutions seront trouvées sur toutes les questions de fond comme les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les ressources d'eau », s'est interrogé l'ex-négociateur Ahmad Qorei, un dirigeant de l'OLP et ex-Premier ministre, dans un entretien au quotidien palestinien al-Quds.
La reprise du dialogue israélo-palestinien est attendue après une réunion du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) samedi à Ramallah qui doit entériner le processus. « La direction palestinienne se réunira samedi pour donner son dernier mot. Après, nous ferons savoir à M. Mitchell si nous sommes prêts à démarrer les négociations », a indiqué hier le président Abbas dans un communiqué après avoir consulté le roi Abdallah de Jordanie à Amman et le président égyptien Hosni Moubarak.
Ces pourparlers indirects, qui prendront la forme de navettes de M. Mitchell entre Jérusalem, Ramallah et Washington, sont censés durer quatre mois.